Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 05/03/2020

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la nécessité d'interdire les nitrites ajoutés dans notre alimentation.
À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février 2020, la ligue contre le cancer, l'organisation non gouvernementale (ONG) Foodwatch et l'application nutritionnelle Yuka ont rappelé combien il était urgent d'interdire les nitrites présents dans les viandes transformées, notamment la charcuterie, afin de les conserver plus longtemps et de leur donner une belle teinte rosée. En effet, en France, les additifs E249 (nitrite de potassium), E250 (nitrite de sodium), E251 (nitrate de sodium) et E252 (nitrate de potassium) sont présents dans plus de 12 000 produits en vente, alors qu'on peut leur attribuer chaque année plus de 4 000 nouveaux cas de cancer de l'estomac ou du colon.
Face à cet enjeu de santé publique, il lui demande donc quand il compte faire interdire l'ajout de nitrites dans nos denrées alimentaires.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 16/04/2020

Les sels de nitrite et de nitrate (E249, nitrite de potassium, E250, nitrite de sodium, E251, nitrate de sodium, et E252, nitrate de potassium) sont couramment utilisés pour préserver la viande et d'autres produits périssables. Les nitrites et nitrates de potassium et de sodium sont des additifs alimentaires autorisés dans l'Union européenne. Dans le cadre de la réévaluation des additifs, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis en juin 2017 et conclut que les nitrites et les nitrates ajoutés aux aliments aux niveaux autorisés sont sans danger pour les consommateurs en Europe. Il a été estimé que ces additifs contribuaient à moins de 5% de l'exposition totale aux nitrates. En effet, les nitrates sont également présents dans l'environnement et, de façon naturelle, dans certains aliments. Suite à l'avis de l'EFSA, des travaux sont en cours à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) afin de caractériser les expositions aux nitrates par voie alimentaire propres à la France afin d'apprécier au plan national la situation d'exposition de la population et d'identifier les situations méritant une attention particulière. Les incertitudes autour des nitrates et des nitrites concernent aujourd'hui leur conversion dans l'organisme en nitrosamine, substance classée cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (groupe 2A). En particulier, l'association Fer-héminique et nitrites a été envisagée comme une explication du risque accru observé avec la consommation de viandes transformées et de charcuteries chez l'animal. Aussi, le ministère en charge de la santé a souhaité que des études complémentaires soient menées à ce sujet. D'ores et déjà, le 4ème Programme national nutrition santé (PNNS) vise à encourager l'amélioration des pratiques industrielles en s'appuyant sur les résultats de la recherche sur aliments transformés et ultra-transformés : caractériser les aliments ultra-transformés, dresser un état des lieux de l'utilisation des additifs dans les denrées et leur impact sur la santé et diminuer leur utilisation. Par ailleurs, vis-à-vis des consommateurs, les nouvelles recommandations alimentaires du PNNS, publiées par Santé publique France en janvier 2019, incitent à réduire les aliments ultra-transformés, et à limiter la consommation de viande à 500g par semaine, dont 150g de charcuterie au maximum. 

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