Question de Mme TAILLÉ-POLIAN Sophie (Val-de-Marne - SOCR-A) publiée le 16/04/2020

Question posée en séance publique le 15/04/2020

M. le président. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour le groupe socialiste et républicain.

Mme Sophie Taillé-Polian. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

L'inquiétude est forte ; mes collègues s'en sont fait l'écho à travers leurs questions. Le sentiment qui domine aujourd'hui est encore celui de l'impréparation du Gouvernement.

Vous renvoyez la définition des conditions précises requises pour préserver la santé des enfants et des personnels à la concertation. Dont acte, monsieur le ministre ! Mais vous avez déjà fait un certain nombre d'annonces, notamment sur le respect de la distanciation. Vous avez également dit que le déconfinement commencerait par les écoles primaires et maternelles. Peut-on demander à des enfants de maternelle de respecter les gestes barrières ? Peut-on demander à un enseignant d'apprendre à écrire à un enfant en restant à un mètre de lui ? Pourquoi envisagez-vous de rouvrir les écoles primaires avant les collèges et les lycées ?

Vous évoquiez également, voilà quelques instants, la concertation à venir et le plan national que le Premier ministre annoncera. Dont acte ! Mais vous avez aussi évoqué la progressivité. Or, si l'ouverture est progressive, comment comptez-vous améliorer l'école à la maison d'ici au 11 mai, puis après cette date pour les élèves qui ne retourneront pas dans leur établissement scolaire, ou pas tout de suite ?

Enfin, qu'avez-vous prévu pour rétablir l'égalité à la rentrée entre ceux qui auront repris le chemin de l'école et ceux qui n'auront pu le faire ?

Monsieur le ministre, le véritable enjeu, c'est la rentrée scolaire. Or les cartes scolaires laissent toujours envisager des fermetures. Nous sommes en attente d'un véritable plan global, général, très ambitieux à la rentrée scolaire pour lutter véritablement contre les inégalités sur le long terme. Ce n'est pas à quelques semaines du mois de juillet que l'on résoudra les problèmes posés par le confinement.


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/04/2020

Réponse apportée en séance publique le 15/04/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. En vous écoutant, madame la sénatrice, je pensais au vieil adage : « la critique est aisée, mais l'art est difficile ». Mais après tout, vous êtes dans votre rôle et je suis dans le mien.

Il est essentiel de voir la vision à long terme derrière celle de court terme. C'est la raison pour laquelle je répondrai d'abord à la dernière partie de votre question.

Nous sommes en train de préparer ce qui va se passer pendant les vacances puis à la rentrée prochaine. Bien évidemment, il ne peut en aller comme d'habitude.

Je rejette le terme « impréparation ». C'est tout le contraire : depuis le début de cette crise, nous menons un travail en profondeur. Simplement, nous nous adaptons au fur et à mesure, comme la situation l'exige. Les scénarios sont toujours travaillés. C'est ce que nous avons fait pour le baccalauréat. Si notre solution a recueilli un certain assentiment, c'est parce que nous avons mené une concertation, mais aussi parce que nous avions travaillé ce scénario en amont.

Nous suivons la même méthode aujourd'hui. Jugez de son efficacité dans quinze jours plutôt que maintenant. J'espère que vous pourrez aussi en juger à la rentrée prochaine, quand vous verrez mises en œuvre certaines des choses que nous sommes en train de préparer.

Vous avez parlé, à juste titre, des vacances. Elles doivent être utiles pour lutter contre les inégalités sociales. C'est la raison pour laquelle nous développons, avec d'autres ministères, dont celui de Julien Denormandie, des colonies de vacances avec une dimension éducative encore plus accrue. Il s'agit d'offrir à nos élèves une possibilité d'épanouissement.

Je renforcerai également le dispositif « École ouverte » qui permet de garder les bâtiments ouverts en juillet et en août pour offrir des activités aux enfants. Tout cela, madame la sénatrice, s'inscrit dans une certaine continuité.

Vous avez évoqué la carte scolaire. Après avoir écouté les sénateurs, nous avons pris, voilà deux semaines, grâce à l'arbitrage du Premier ministre, une mesure qu'aucun gouvernement n'avait adoptée avant nous, pas même un gouvernement que vous auriez pu soutenir, à savoir la création de plus de 1 200 postes pour ne pas avoir à fermer de classes en milieu rural et pour améliorer le taux d'encadrement dans chaque commune de France. C'est un engagement que j'ai pris.

Alors oui, madame la sénatrice, notre inspiration est profondément sociale. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour la réplique.

Mme Sophie Taillé-Polian. Notre inquiétude reste vive dans nombre de territoires, notamment urbains, sur les questions de carte scolaire auxquelles les réponses n'ont pas été apportées. L'inquiétude demeure dans le milieu enseignant et dans celui des parents d'élèves.

J'attire également votre attention sur la question des colonies de vacances, bien souvent organisées par les mairies. Faute de places disponibles, ces dernières sont obligées de procéder à des tirages au sort.

Ce plan ambitieux, nous l'attendons donc avec une grande impatience. Nous aussi, nous sommes animés par un souci d'égalité sociale et de justice sociale.

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