Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 30/04/2020

Question posée en séance publique le 29/04/2020

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Piednoir. Monsieur le Premier ministre, hier, lors de votre déclaration devant l'Assemblée nationale, vous avez esquissé les conditions du déconfinement scolaire, question qui est évidemment au cœur des préoccupations des familles.

Après une communication quelque peu cacophonique de la part de l'exécutif sur ce sujet – il faut bien le reconnaître –, vous avez en quelque sorte relativisé l'importance du 11 mai, date que d'autres avaient fixée comme un objectif.

Jamais, même en temps de guerre, les écoles n'avaient été fermées sur l'ensemble de notre territoire national. Par conséquent, je mesure bien l'ampleur de votre tâche durant la période si délicate que nous connaissons.

Je ne vous ferai donc pas l'affront, ni d'ailleurs le plaisir, de me ranger dans le camp de ceux qui prétendent connaître d'emblée toutes les solutions. Tout au plus me permettrai-je d'attirer votre attention sur certaines questions qui restent en suspens et méritent, à mon sens, des éclaircissements.

D'abord, comment concilier l'urgence pédagogique vis-à-vis des décrocheurs avec un retour en classe basé sur le volontariat ?

Ensuite, alors que nos professeurs sont très largement mobilisés, comment assurer à la fois leur présence en cours et le prolongement d'un enseignement à distance pour ceux qui n'auront pas repris le chemin de l'école sur la base du volontariat ?

Par ailleurs, il demeure des questions qui concernent directement les compétences des collectivités locales ; elles méritent d'être éclaircies, car beaucoup d'élus nous interrogent.

Quelles sont les préconisations du Gouvernement concernant la restauration et les transports scolaires, ainsi que les activités périscolaires ? Qui fournira les masques et qui les paiera ?

Toutes ces questions sont importantes. Il ne faudrait pas faire peser sur les épaules des seuls maires la charge de la gestion de cette crise. Je suis convaincu, comme nombre de mes collègues, que les maires mettront tout en œuvre pour réussir ce déconfinement, mais ils ne peuvent pas être tenus responsables d'éventuelles contaminations qui auraient lieu au sein des établissements scolaires. Sur ce dernier point en particulier, monsieur le Premier ministre, pouvez-vous leur apporter une garantie ?


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 30/04/2020

Réponse apportée en séance publique le 29/04/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur, il sera compliqué de répondre en deux minutes à autant de questions, mais je vais m'y employer.

Tout d'abord, rappelons que, dès le début de la crise, le Gouvernement a affiché une méthode : poser des hypothèses, recueillir des réactions – notamment celles du Parlement –, en tenir compte pour de nouvelles hypothèses, revenir devant la représentation nationale, et continuer ainsi à préciser les choses. C'est exactement ce qui se passe tout au long de ce mois d'avril.

Un élément clé a été le discours qu'a tenu hier le Premier ministre. Nous avons encore du travail à mener pour apporter certaines précisions : c'est ce que nous avons fait, ce matin, avec les associations d'élus ; c'est ce que nous faisons en écoutant vos propos, les solutions que vous pouvez nous proposer sur certains points.

Néanmoins, à présent, le degré de précision est déjà assez fort dans les trois domaines que j'ai déjà évoqués.

Premièrement, concernant le protocole sanitaire du déconfinement scolaire, nous avons apporté une réponse à chacun des problèmes que vous avez mentionnés : cantine, internat, cour de récréation, abords des établissements. Tous ces points sont réglés et le protocole constituera une référence nationale ; cela me semble très clair.

Deuxièmement, quant à la lutte contre le décrochage, votre parti a rappelé, si je ne m'abuse, le principe de l'obligation scolaire. J'en déduis que vous prônez l'idée d'aller chercher les enfants dans les familles pour les amener à l'école même si les parents ne le veulent pas ! Ce ne serait tout simplement pas applicable. Soyons raisonnables !

J'ai entendu parler à ce propos de cacophonie ; le Président de la République aurait tenu des propos différents des miens. C'est faux : le Président a dit exactement ce que j'avais commencé à annoncer, précédemment, à l'Assemblée nationale. Il a dit la seule chose possible dans de telles circonstances : comme l'instruction est obligatoire, soit l'élève ira physiquement à l'école, ce que nous souhaitons, soit un enseignement à distance lui sera garanti. Oui, notre priorité sera bien d'aller chercher, autant que possible, les élèves qui ont décroché pendant le confinement ; leur proportion est de 4 %, ce qui est d'ailleurs l'un des meilleurs chiffres d'Europe, même s'il est encore trop élevé.

Troisièmement, vous demandez enfin comment la communication avec les familles sera organisée. Nous allons y être très attentifs. Il faut une personnalisation des parcours. Nous voulons qu'il y ait une sorte de feuille de route, niveau par niveau, élève par élève, pour les mois de mai et juin. Oui, ces mois seront très différents de tout ce que nous avons connu ; nous sommes, en ce moment, en train de construire l'organisation avec tous les acteurs, non seulement de l'éducation, mais de la société française dans son ensemble.

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