Question de Mme PRÉVILLE Angèle (Lot - SOCR) publiée le 18/06/2020

Question posée en séance publique le 17/06/2020

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Mme Angèle Préville. Longtemps, l'école de la République fut notre fierté, un levier puissant d'ascension sociale. Mais les classements de l'OCDE font l'effet d'une douche froide, année après année, en nous amenant à constater que le niveau des élèves n'est pas à la hauteur de nos espérances, notamment en termes d'autonomie, et que les inégalités scolaires sont fortement liées aux origines sociales.

La crise sanitaire n'a rien arrangé : nous avons perdu beaucoup trop d'élèves. Certes, monsieur le ministre, la communication sur les vacances apprenantes va bon train, laissant croire que tout est sous contrôle, mais quelle sera l'ampleur de ce dispositif ? Touchera-t-il tous les élèves qu'il faudrait, alors que, dans le même temps, la mesure exceptionnelle du 22 mars dernier, consistant à accorder un crédit d'impôt de 50 % pour les cours privés à distance, permettait déjà aux familles aisées d'assurer un accompagnement de leurs enfants pendant le confinement ?

L'école est gratuite et obligatoire, et elle doit le rester. Elle doit être la même pour tous et permettre à tout enfant de France de devenir ce qu'il peut devenir, c'est-à-dire de déployer tous ses talents. C'est votre devoir et votre responsabilité qu'il en soit ainsi, monsieur le ministre.

Le confinement, s'il a été difficile pour tout le monde, l'a été encore plus pour certains. Je pense aux mères au foyer n'ayant d'autre équipement numérique qu'un simple téléphone portable. S'ajoute à cela l'illectronisme, qui concerne 13 millions de Français. La fracture sociale est en train de devenir un gouffre béant.

Gouverner, c'est anticiper et prévoir. Ma question, que je pose au nom du groupe socialiste et républicain, porte sur la rentrée scolaire de septembre, cruciale comme jamais. Quelle est votre stratégie face à l'urgence absolue ? Quelles dispositions spécifiques seront prises concrètement afin de remédier au creusement des inégalités scolaires et numériques intervenu durant la crise et de permettre à tous les jeunes en âge scolaire de reprendre le chemin de l'école sans souffrir de retards irrécupérables ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 18/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 17/06/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Préville, je fais un rêve, celui d'une unité nationale autour de l'école de la République, de façon à tracer ensemble, sans noircir le tableau, des chemins qui peuvent être communs, puisque nous voulons tous la même chose, à savoir la hausse du niveau général et la justice sociale.

Il est exact que, telles que mesurées par les classements de l'OCDE, les performances de la France n'ont pas été extraordinaires ces dernières années. Toutefois, il est important de souligner aussi les facteurs d'espoir. Ainsi, les récentes évaluations de CP et de CE1 montrent que nos élèves sont sur une voie de progrès, en particulier dans les territoires les plus en difficulté, où 300 000 enfants bénéficient du dispositif de dédoublement des classes de CP et de CE1. Ces mêmes 300 000 enfants ont pu retourner en classe prioritairement depuis le 11 mai dernier, puisque leurs classes comptent douze élèves. Au début, ils étaient peu nombreux, car ce sont les enfants des milieux sociaux les plus défavorisés que l'on a eu le plus de mal à faire revenir à l'école, mais près de 60 % d'entre eux sont aujourd'hui présents en classe, contre 30 % le 11 mai ; j'espère que ce taux dépassera 80 % d'ici à la fin du mois.

Des efforts sont donc accomplis pour la justice sociale. Je pourrais vous citer mille actions que nous avons entreprises à ce titre. Par exemple, pendant le confinement, 150 000 élèves ont bénéficié d'une aide personnalisée au cours des vacances de printemps. Attendons les résultats des comparaisons européennes en matière éducative, sur l'enseignement à distance ou l'accueil des enfants de personnels soignants : nous n'aurons pas à en rougir.

Oui, le confinement a provoqué des dégâts sociaux. C'est bien pourquoi j'ai été l'avocat, le militant d'un déconfinement scolaire pour lequel le Président de la République et moi-même avons été tant critiqués il y a à peine plus d'un mois, alors que tout le monde voit bien maintenant que c'était ce qu'il fallait faire, au point que l'on nous demande aujourd'hui d'aller plus vite et plus loin.

Nous préparons en ce moment même la rentrée scolaire dans la concertation avec toutes les organisations syndicales. Dans dix jours, la circulaire de rentrée sera publiée. Elle ira dans le sens que vous souhaitez, celui de la justice sociale et du rattrapage pour les élèves qui ont le plus de difficultés. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour la réplique.

Mme Angèle Préville. Monsieur le ministre, merci de votre réponse. Vous pouvez compter sur l'engagement de toute la communauté éducative, en particulier les professeurs. Il faudra peut-être mettre l'accent sur l'autonomie, la confiance en soi et le développement cognitif des enfants, de façon qu'ils s'épanouissent le mieux possible.

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