Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 02/07/2020

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la faible production de soja en France.
La production mondiale du soja a décuplé en quelques décennies, pour atteindre environ 330 millions de tonnes en 2018. Les trois principaux pays producteurs sont les États-Unis, le Brésil et l'Argentine. Chaque Européen consommant une moyenne de 61 kg de soja par an, principalement sous forme indirecte (viande, œufs, produits laitiers et poisson d'élevage), l'Union européenne importe chaque année 17 millions de tonnes de graines de soja, dont l'essentiel est génétiquement modifié. En 2017, la France a ainsi importé 3,5 millions de tonnes de soja (dont 61 % issu du Brésil), alors qu'elle n'en produisait que 412.000 tonnes sur son territoire.
Malheureusement, l'augmentation de la demande suppose une extension des surfaces de production, qui se fait trop souvent au détriment des écosystèmes naturels. La déforestation et l'accaparement des terres menacent gravement non seulement la faune et la flore, mais également les populations locales.
Alors que le président de la République a appelé, le 26 août 2019, à « recréer la souveraineté protéinique de l'Europe », il lui demande ce qu'il envisage afin d'opérer une transition vertueuse vers davantage de production locale de soja et de protéines alternatives (tournesol, colza, légumineuses, pois, féverolles).

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de l'alimentation


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 06/08/2020

En cohérence avec la volonté exprimée par le Président de la République, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a mené dans le courant de l'année 2019 une large concertation visant à élaborer une stratégie nationale sur les protéines végétales. Cette concertation s'est articulée autour de plusieurs chantiers : - un chantier filières, piloté par Terres Univia, interprofession des huiles et protéines végétales, en concertation avec les différentes interprofessions concernées, qui a permis de faire émerger une vision commune entre les filières animales et végétales et d'identifier des leviers ; - un chantier recherche, piloté par l'institut national de la recherche agronomique en lien avec les instituts techniques, qui a montré le lien étroit entre la question des protéines et la performance environnementale de l'agriculture, et a posé les bases d'une future feuille de route de la recherche sur les protéines végétales ; - des concertations régionales pilotées par les directions régionales de l'agriculture et de la forêt et impliquant près de 300 acteurs de terrain, qui ont révélé la richesse des initiatives locales sur ces sujets et ont permis d'identifier des propositions innovantes tout en montrant l'importance de la coordination des différentes dynamiques territoriales. Les défis auxquels devra répondre cette stratégie ont été identifiés dans le cadre de cette concertation : - le défi de la souveraineté alimentaire européenne, et de la nécessité de réduire la double dépendance aux importations de soja et d'engrais minéraux ; - le défi économique, avec les opportunités qu'offrent les évolutions de la demande pour la montée en gamme des filières d'élevage et l'émergence de nouvelles filières ; - le défi environnemental et climatique, qui repose largement sur la capacité à engager la transition en matière de protéines ; - le défi nutritionnel enfin, les légumineuses faisant désormais partie des nouvelles recommandations nutritionnelles du programme national nutrition santé. Pour ce faire, la stratégie devra viser une introduction massive de légumineuses dans les rotations et un développement de l'autonomie protéique des exploitations d'élevage. L'ambition portera également sur l'alimentation humaine, en visant l'augmentation de la production et de la consommation des légumes secs ainsi que le développement d'un secteur de pointe sur les protéines végétales. Cela devra conduire à un meilleur bouclage des cycles permettant de réduire les émissions de la ferme France. Une telle stratégie devra s'inscrire dans une action menée à l'échelle européenne. Le ministère chargé de l'agriculture s'attache en particulier à défendre une politique agricole commune qui facilite davantage l'émergence de nouvelles filières de légumineuses. La crise covid-19 n'a fait que confirmer l'importance d'apporter une réponse cohérente à ces défis. C'est désormais dans le cadre du plan de relance que cette stratégie sera lancée.

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