Question de M. CORBISEZ Jean-Pierre (Pas-de-Calais - RDSE) publiée le 22/10/2020

M. Jean-Pierre Corbisez attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation concernant le développement des protéines végétales et la publication d'une stratégie dédiée par le ministère de l'agriculture.
Cette stratégie, dont la sortie initiale était prévue en juin 2019, tarde toujours, alors même qu'elle s'avère cruciale pour rendre notre agriculture plus autonome, résiliente et écologique, particulièrement en limitant nos importations de soja. Des importations qui viennent majoritairement d'Amérique du sud et contribuent donc à la déforestation qui frappe des zones essentielles pour la préservation de la biodiversité ou la lutte contre le dérèglement climatique que sont la forêt amazonienne ou la région du Cerrado.
Il est aujourd'hui fondamental que notre pays s'engage dans un objectif de renforcement de son autonomie protéique, tant dans l'alimentation humaine qu'animale. Une stratégie qui devra s'articuler avec une réduction de nos consommations, et donc de nos productions, de viande, œufs et produits laitiers, en accord avec l'engagement des pouvoirs publics de lutter contre l'élevage intensif et d'améliorer les conditions de vie des animaux concernés.
Pour être pleinement efficace, cette stratégie de développement de notre production de protéines végétales doit s'accompagner de mesures complémentaires comme la création de véritables filières protéagineuses, variées et adaptées à la disponibilité de la ressource en eau, ou encore la mise en place d'une politique incitative du recours à une alimentation plus végétale (dans les cantines scolaires et universitaires en particulier), appuyée notamment sur la production de légumes secs.
Il souhaite donc savoir à quelle échéance cette stratégie sera publiée et quelles mesures complémentaires le Gouvernement entend mettre en place afin de l'intégrer dans un plan plus global de transformation de nos modes de production et de consommation.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 03/12/2020

La France importe chaque année l'équivalent de 1,3 million de tonnes de protéines végétales essentiellement sous forme de tourteaux de soja en provenance de pays tiers et à destination de l'élevage. La spécialisation des territoires et la chute des surfaces en légumineuses a par ailleurs conduit à progressivement compenser par des engrais minéraux l'azote qui auparavant était apporté par la présence dans les zones de culture d'animaux d'élevage et de légumineuses. Il en résulte une situation de dépendance aux importations de matières riches en protéines et aux engrais azotés qui constitue une source de vulnérabilité économique, fragilise la souveraineté alimentaire et est à l'origine de déséquilibres environnementaux bien documentés. La recherche d'une plus grande autonomie en protéines aux différentes échelles constitue une réponse nécessaire à cette situation. Une telle réponse doit d'abord être recherchée à l'échelle européenne, qui est le niveau pertinent pour agir. C'est pourquoi la France a porté devant le Conseil en janvier 2019 une déclaration sur la nécessité d'un plan d'action européen sur les protéines et la capacité d'utiliser pleinement les outils de la future politique agricole commune (PAC) pour développer les surfaces en protéines végétales a été défendue et obtenue par le ministre de l'agriculture et de l'alimentation lors du conseil des ministres européens de l'agriculture en octobre dernier et a vocation à être intégrée dans la déclinaison française de cette nouvelle PAC, le plan stratégique national. Au niveau national le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a conduit en 2019 une large concertation impliquant les différentes filières végétales et animales concernées, visant à construire une stratégie nationale sur les protéines végétales. Afin d'impulser cette stratégie, le plan de relance annoncé en septembre 2020 fait de l'enjeu des protéines végétales une mesure phare, en y consacrant 100 millions d'euros. Trois orientations stratégiques sont visées : la réduction de la dépendance aux importations de matières riches en protéines, l'appui aux éleveurs dans l'autonomie alimentaire et l'accès aux fourrages, et l'accompagnement des français dans la transition alimentaire. Des moyens sans précédent seront ainsi déployés dans les prochains mois en faveur des investissements en amont et en aval, de la recherche et développement et de la promotion, afin d'engager la transition vers un système alimentaire moins dépendant de flux massifs d'importation.

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