Question de Mme BORCHIO FONTIMP Alexandra (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 24/12/2020

Mme Alexandra Borchio Fontimp attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur les conditions de réouverture des universités. La pandémie n'a pas frappé que le corps, elle a aussi eu des conséquences sur l'esprit. Le contexte dramatique a entrainé la fermeture des écoles, collèges, lycées et universités, fragilisant ainsi une génération d'élèves et d'étudiants. Les enjeux sociétaux démontrent parfaitement que l'éducation et l'enseignement sont les piliers d'un esprit libre. Penser librement n'est plus un choix, c'est un devoir, d'autant plus lorsque les valeurs et principes de la République sont malmenés. L'université occupe une place fondamentale, elle est l'instrument privilégié de construction d'un esprit critique ainsi qu'un lieu indiscutable de débats rabelaisiens. Bien que le Conseil d'État ait rejeté la demande de reprise urgente des cours en présentiel, il n'en demeure pas moins que les dangers restent les mêmes : isolement, dépression, décrochage, accumulation de lacunes difficilement rattrapables, difficultés liées à l'accès à des équipements numériques, etc. Pour toutes ces raisons, une solution doit être trouvée. Parce que l'université n'existe que pour servir le savoir et la connaissance au profit des étudiants, elle ne peut aujourd'hui se satisfaire des actions menées par le Gouvernement. Si peu d'annonces ont été faites depuis le début de la crise, les alertes lancées par le Sénat sur cette question auront heureusement réussi à alerter le Président de la République. Dans son récent entretien, il a ainsi exprimé sa volonté d'une réouverture partielle le 20 janvier 2021 et non au début de mois de février tel que cela était initialement prévu. Excellente nouvelle pour les étudiants, tout aussi réjouissante pour les professeurs, sa mise en œuvre reste toutefois opaque puisqu'aucune véritable information n'est encore apportée à ce jour. Le Premier ministre a annoncé mi décembre 2020 que 1,3 milliards d'euros seront dédiés à la rénovation énergétique des bâtiments de l'enseignement supérieur et de la recherche afin de financer près de 1 054 projets à partir de 2021. Cela va dans le bon sens, même si le Sénat estime que ce n'est pas moins de 7 milliards d'euros qui auraient été nécessaires. Rénover était un impératif mais cela peut apparaître contradictoire à un moment où les universités demeurent les premiers établissements fermés et les derniers ouverts. Rénover pour qui si les étudiants ne peuvent pas retrouver le chemin des amphithéâtres et des bibliothèques ?

L'enseignement supérieur de demain doit se construire maintenant. Il faut édifier un modèle novateur parce que résistant aux crises, particulièrement de nature sanitaire, mais celui-ci devra inévitablement intégrer le présentiel. Bien que les actes soient essentiels, les promesses sont aussi importantes.

Au regard des nombreuses complications dont quelques-unes ont été précitées, elle lui rappelle l'attachement profond du corps professoral et des étudiants au présentiel, cette crise ne devant pas le faire oublier. Dès lors, elle lui demande de les rassurer et garantir que le présentiel est bel et bien le principe, le numérique relevant de la simple exception.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 08/04/2021

L'accompagnement des étudiants pendant la crise sanitaire est une absolue priorité du Gouvernement. Conscient des difficultés rencontrées par les étudiants souvent isolés, le Président de la République a présenté le 21 janvier dernier, à l'occasion d'un déplacement à l'université Paris-Saclay les principes d'un nouveau protocole sanitaire qui permet aux étudiants de retrouver leur campus l'équivalent d'une journée par semaine. Cela se traduit par une jauge d'accueil de 20 % dans les établissements. Ce protocole est aujourd'hui mis en œuvre par 75 % des établissements d'enseignement supérieur et a d'ores et déjà permis à près de 60 % des étudiants de retrouver leur campus. L'ensemble des établissements d'enseignement supérieur est engagé dans la mise en œuvre de ces nouvelles modalités d'accueil. S'agissant des conditions d'études pour les étudiants éloignés de leurs campus, tout a été mis en place pour renforcer l'enseignement à distance. Pour assurer la continuité pédagogique, 35M€ du plan de relance ont ainsi été consacrés au financement de projets d'hybridation des formations. Les tiers lieux d'études, comme les campus connectés, permettent également aux étudiants - notamment en milieu rural - d'avoir accès aux cours. Un partenariat avec la fondation SFR et Emmaüs connect a également été mis en place afin de fournir aux étudiants des accès à internet : don de 20 000 recharges prépayées, 240 000 GO de data, 3 000 smartphones et 1 500 box de poche 4G. Afin de compenser la perte de nombreux emplois étudiants, le gouvernement a déployé une aide de 200 € en juin dernier ouverte notamment aux étudiants ultra-marins, ainsi qu'à ceux qui avaient perdu leur emploi ou leur stage. Les bourses sur critères sociaux ont été prolongées pour tous les étudiants qui en avaient besoin au cours du mois de juillet. Face au 2ème confinement, le Premier ministre a annoncé la création de près de 22 000 emplois étudiants : 20 000 emplois de tuteurs dans les établissements d'enseignement supérieur et 1 600 emplois de référents dans les cités universitaires. Le Gouvernement s'est mobilisé afin de renforcer l'accompagnement social des étudiants face à la crise. Les droits d'inscription ainsi que les loyers dans les résidences universitaires ont été gelés. Ils le seront à nouveau pour la rentrée de septembre 2021, comme l'a annoncé la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Le montant des bourses sur critères sociaux a été revalorisé à due concurrence de l'inflation afin de préserver le pouvoir d'achat des étudiants. Une aide exceptionnelle de 150 € a été versée à l'ensemble des étudiants boursiers en décembre dernier. Depuis le 31 août dernier, tous les étudiants boursiers bénéficient du ticket « restaurant universitaire » à 1 €. Ce dispositif est accessible à tous les étudiants depuis le 25 janvier dernier, boursiers, non boursiers et étudiants internationaux. Fin mars 2021, près de 5 millions de repas à 1 € ont été servis dans les 500 points de ventes partout sur le territoire. Plus que jamais, le Gouvernement s'engage pour accompagner les étudiants et leur permettre de surmonter les conséquences économiques et sociales de cette crise. Les fonds d'aides d'urgence des CROUS ont été doublés de manière à pouvoir verser des aides spécifiques pouvant aller jusqu'à 500 euros selon la situation sociale des étudiants. Ces aides sont accessibles aux boursiers et aux non boursiers. Le gouvernement lutte également contre la précarité menstruelle, avec la mise en place de 1 500 distributeurs de protections périodiques gratuites d'ici septembre. Parce que cette crise se traduit également par un fort sentiment d'isolement, le Gouvernement renforce de manière inédite les capacités d'accompagnement psychologique des étudiants. En plus de l'ouverture de lignes d'écoutes dédiées, le dispositif « santé psy » permet aux étudiants qui en ressentent le besoin de bénéficier d'un soutien psychologique sans avance de frais et entièrement gratuit. Depuis le 10 mars 2021, la plateforme nationale d'accompagnement psychologique « santepsy.etudiant.gouv.fr » est lancée. Cette plateforme recense près de 1300 psychologues volontaires et permet d'accélérer la prise en charge psychologique des étudiants qui en ressentent le besoin, où qu'il soit en France. Chaque consultation est déclarée sur la plateforme pour permettre la rétribution du psychologue par les services financiers de l'université, avec un strict respect du secret médical. Afin de renforcer les services de santé universitaires, 80 postes ont été créés afin de multiplier les capacités de prise en charge. Il est également prévu 60 postes d'assistants de service sociaux supplémentaires dans les CROUS. La souffrance psychologique et la précarité étudiantes ne sont pas apparues avec la pandémie et ne disparaîtront pas avec elle. C'est pourquoi le gouvernement a désormais deux priorités : valoriser l'accès à l'information afin de lutter contre le non recours, via les plateformes étudiants.gouv.fr et « 1 jeune/1 solution » ; préparer l'avenir ensuite, en se livrant à un retour d'expérience sur toutes ces mesures exceptionnelles, afin d'envisager les mesures ou les réformes plus structurelles qui pourraient être mises en place.

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