Question de Mme DELMONT-KOROPOULIS Annie (Seine-Saint-Denis - Les Républicains) publiée le 11/03/2021

Question posée en séance publique le 10/03/2021

M. le président. La parole est à Mme Annie Delmont-Koropoulis, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Annie Delmont-Koropoulis. Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, après l'année terrible que nous avons vécue, l'arrivée de vaccins contre le virus laisse entrevoir un espoir, celui d'un retour à la vie normale que les Français, malgré leur discipline, leur solidarité et leur remarquable patience, n'en peuvent plus d'attendre.

Tous nos soignants se sont mobilisés pour protéger la population, et parmi elle les personnes les plus fragiles. Pour ma part, j'ai œuvré dans un centre de vaccination pour personnes handicapées, le week-end dernier ; et je me suis réjouie de constater, comme partout ailleurs sur le territoire, une nette augmentation des capacités de vaccination.

Je crains néanmoins, à la lumière de ce qui a suivi, que les événements de ce week-end ne soient qu'une accélération en trompe-l'œil.

L'implication générale de tous les acteurs tranche avec l'image que renvoient la DGS et son directeur, qui n'a cessé d'enchaîner les imprécisions et les décisions contestables et contestées.

Parmi les dernières en date, il y a celle de l'impossibilité faite aux médecins généralistes de commander des doses de vaccin, la semaine du 8 mars, car il faut les livrer aux officines pharmaceutiques.

Après avoir été sollicités pour assurer une partie des vaccinations des patients à risque, voilà maintenant les pharmaciens contraints de déprogrammer les rendez-vous prévus. L'un de nos collègues, médecin de profession, peut témoigner de l'annulation de 200 rendez-vous !

Il s'agit, au mieux, d'un couac qui ne sera pas le premier dans la gestion de cette épidémie. À chaque jour sa nouvelle stratégie : c'est insupportable !

Monsieur le ministre, nous n'avons tous qu'un seul souhait : celui que la campagne de vaccination s'accélère. Nous disposons d'une force de frappe considérable qui ne demande qu'à être sollicitée, au premier rang de laquelle les médecins, mais aussi les pharmaciens et les pompiers, dont la mobilisation pourrait permettre de multiplier par dix les capacités de vaccination.

Aussi, je vous le demande, monsieur le ministre : pourquoi avoir laissé la DGS infliger un tel camouflet aux médecins généralistes, si ce n'est pour masquer une nouvelle pénurie ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 11/03/2021

Réponse apportée en séance publique le 10/03/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, j'ai répondu tout à l'heure au sujet des annulations de rendez-vous. Il serait dommage qu'elles soient effectives, parce que les doses sont bien livrées cette semaine. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mesdames, messieurs les sénateurs, ce qui importe c'est de protéger les Français. Cette nouvelle devrait tous nous satisfaire, quels que soient notre bord et les enjeux politiques du moment.

Laissez-moi faire un calcul : les médecins libéraux qui se sont déclarés candidats pour vacciner sont à peu près 40 000, soit un peu moins de la moitié des médecins libéraux, ce qui est très bien. Ils ont reçu une livraison de 350 000 vaccins, puis une autre de 500 000, soit 850 000 vaccins depuis la semaine dernière. Sur ce total, nous avons la trace de 450 000 vaccinations, ce qui signifie qu'il reste 400 000 vaccins qui n'ont pas été injectés aux patients et qui ont été reçus il y a déjà une semaine.

Madame la sénatrice, vous êtes prompte, avec raison, à nous signifier que lorsqu'un vaccin arrive sur le territoire, il ne faut pas le laisser dans un frigo, mais le donner immédiatement à un malade, ce en quoi je suis d'accord avec vous.

La semaine dernière, les médecins ont commandé 760 000 vaccins supplémentaires, qui doivent arriver dans les officines de tout le pays, jeudi et vendredi prochains. Ils sont destinés aux médecins qui les ont commandés, portant ainsi à 1,6 million le nombre de vaccins commandés par des médecins libéraux en vue d'être injectés à leurs malades pour les protéger.

Si je fais le calcul avec vous, sur ces 1,6 million de vaccins qui auront été reçus à date de vendredi soir, environ 450 000 auront été injectés, de sorte qu'il restera 1,1 million de vaccins à injecter en l'espace de quinze jours avant la prochaine commande ouverte aux médecins.

Madame la sénatrice, certains dans cet hémicycle m'ont dit : « Les médecins peuvent vacciner les patients, mais quand laisserez-vous les pharmaciens le faire ? Cette situation n'est pas normale. » Ils ont raison, et c'est pour cela que nous avons prévu, la semaine prochaine, une livraison faible de vaccins – ce n'est pas de mon fait ; c'est celui du laboratoire –, soit 280 000 vaccins qui serviront d'amorce pour la campagne de vaccination des pharmaciens.

Compte tenu des stocks de doses dont les médecins bénéficient à date, et qui leur permettent de ne procéder à aucune annulation de rendez-vous, ce dont je les remercie, car il est très important qu'ils puissent vacciner, nous faisons en sorte que les pharmaciens commencent à vacciner, en plus des médecins, et non pas à leur place.

Si je ne l'avais pas fait, madame la sénatrice, il y aurait eu au moins une question au Gouvernement, sinon deux, voire trois, pour demander : « Quand permettrez-vous aux pharmaciens de vacciner ? » Il faut que tout le monde vaccine, médecins comme pharmaciens, dans l'intérêt général et dans l'intérêt de notre pays. Faisons passer les bons messages aux Français et aux soignants mobilisés, c'est l'essentiel ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Jean-Marie Vanlerenberghe applaudit également.)

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