Question de Mme BOURRAT Toine (Yvelines - Les Républicains-A) publiée le 06/05/2021

Question posée en séance publique le 05/05/2021

M. le président. La parole est à Mme Toine Bourrat, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Toine Bourrat. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, face au drame de Rambouillet, qui me touche particulièrement et qui résonne comme un nouvel appel à « tuer du flic », face aux tirs de mortier visant des policiers, souvent victimes de guet-apens, face aux émeutes à Valence, à Limoges, à Romans-sur-Isère, à Villefranche ou encore à Tourcoing, nos forces de l'ordre, incrédules, tiennent le front.

Face à un nouvel incendie d'école à Lille et à l'attaque des pompiers lors de leur intervention, face à l'agression sauvage d'élus, le maire de Poissy ayant encore été pris pour cible dernièrement, nos forces de l'ordre, incrédules, tiennent le front.

Face aux Black Blocs qui s'infiltrent dans les cortèges des manifestations pour piétiner la démocratie sociale, face aux voyous arrêtés qui ricanent, sachant qu'ils seront relâchés le jour même, nos forces de l'ordre, incrédules, tiennent le front.

Quand les obligations de quitter le territoire français ne sont pas exécutées, quand vous expliquez que l'immigration n'a rien à voir avec la politique de sécurité, nos forces de l'ordre, incrédules, tiennent le front.

Quand elles aspirent à plus de reconnaissance, vous créez une plateforme de signalement des discriminations, qui stigmatise le travail de nos policiers, mais nos forces de l'ordre, incrédules, tiennent le front.

Les forces de l'ordre expriment aujourd'hui leur fatigue devant le renoncement de l'État. Une Nation qui ne soutient pas ceux qui se battent pour elle court vers l'abîme.

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. N'importe quoi !

Mme Toine Bourrat. Ma question est donc simple : que comptez-vous faire pour restaurer l'autorité de l'État et réhabiliter ainsi nos forces de l'ordre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 06/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 05/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Madame la sénatrice Toine Bourrat, à l'instar de ce qu'ont fait M. le Premier ministre, lors de la cérémonie à Rambouillet, et M. le président du Sénat, il y a quelques instants, je veux évidemment rendre hommage, devant vous, à Stéphanie, cette policière sauvagement assassinée dans l'exercice de ses fonctions, alors qu'elle servait son pays, au commissariat de Rambouillet, depuis vingt-huit ans. C'était l'un des visages de notre police, l'un des visages de ceux qui, au quotidien, protègent.

Vous avez raison de le rappeler, il est de notre devoir de protéger ceux qui protègent. C'est le sens de l'action que Gérald Darmanin et moi-même menons, au ministère de l'intérieur, avec les forces de l'ordre.

C'est pour cette raison que nous avons souhaité faire adopter, ici même, un budget de la sécurité en augmentation historique ; je vous remercie d'ailleurs de l'avoir adopté, en constatant que ce budget connaissait une augmentation forte et historique.

M. Vincent Segouin. On change les voitures, et tout va bien ?

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. C'est également pour cela que le ministre de l'intérieur et moi-même voulons mieux doter les policiers ; en effet, respecter les policiers et les gendarmes, c'est aussi respecter leur travail et leur permettre d'avoir le matériel nécessaire, qu'il s'agisse de tenues ou encore de vidéoprotection.

Tel est l'engagement que prend le ministre de l'intérieur lors de tous ses déplacements auprès des élus, vous le savez.

M. Vincent Segouin. Répondez à la question !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Gérald Darmanin l'a rappelé avec gravité : malgré le travail exceptionnel des services de renseignement français, qui ont déjoué trente-cinq attentats depuis janvier 2017 – je veux d'ailleurs les saluer –, malgré le recrutement de 1 900 policiers supplémentaires dans les services de renseignement, malgré le doublement du budget de la direction générale de la sécurité intérieure, la DGSI, malgré l'adoption, quinquennat après quinquennat, de textes antiterroristes, malgré tout cela, oui, notre pays est toujours la cible du terrorisme islamiste, mais également de menaces et de violences fortes et inadmissibles contre les forces de l'ordre.

J'étais, hier, à la gare Saint-Lazare, auprès des forces de l'ordre, afin d'assurer celles-ci du plein soutien du Gouvernement.

M. Vincent Segouin. Cela ne suffit pas ! On veut des actes !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Les policiers et les gendarmes sont en première ligne ; ce sont eux qui protègent nos concitoyens.

M. Vincent Segouin. Des actes !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Les actes, c'est important, c'est vrai. C'est pour cela que nous avons lancé le Beauvau de la sécurité, dans le cadre duquel le ministre de l'intérieur écoute chacun.

C'est également pour cela que nous avons soutenu la loi pour une sécurité globale préservant les libertés, un texte qui permet de renforcer la protection des policiers.

M. le président. Il faut conclure, madame la ministre.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Je veux être très claire et je l'affirme sans aucune ambiguïté : le Gouvernement soutient pleinement et sans réserve l'action des forces de l'ordre, la police de la République. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Toine Bourrat, pour la réplique.

Mme Toine Bourrat. Je compte sur vous pour dire à M. le ministre de l'intérieur que je n'ai fait que relayer la vive inquiétude formulée par les policiers sur le terrain. Comprendre le malaise de cette profession, c'est oser se regarder dans le miroir, un miroir qui renvoie l'image d'un État dépassé, submergé.

Nos policiers demandent à leurs enfants de cacher leur profession ; ils craignent pour leur sécurité et pour celle de leur famille.

Au rythme actuel, restera-t-il des candidats pour postuler au métier de policier ou de gendarme ? Et alors, que ferons-nous pour combler les manques d'effectifs ?

M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Toine Bourrat. La sécurité de notre pays mérite mieux que des rustines ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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