Question de Mme de LA PROVÔTÉ Sonia (Calvados - UC) publiée le 20/05/2021

Question posée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Sonia de La Provôté. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Tous les étudiants sont particulièrement affectés par les conséquences de la crise sanitaire, mais pour ceux qui sont inscrits en première année commune aux études de santé (Paces), c'est la double peine, car ils subissent en outre les nombreux dysfonctionnements de la réforme de l'accès aux études de santé.

Soyons clairs : les objectifs initiaux de la réforme sont les bons. Alors que la Paces conduisait à une catastrophe pédagogique et humaine, la réforme a été construite. Je partage l'esprit des divers objectifs qu'elle a fixés : réussite des étudiants, progression dans les études, diversification réelle des profils, meilleure répartition territoriale, etc.

Pour autant, comme en témoignent les nombreuses auditions des parties prenantes dans le cadre de la mission d'information dont j'ai été rapporteure, cette réforme complexe a été trop vite appliquée, insuffisamment préparée et pilotée. Il n'y a eu, pour ces milliers d'étudiants, ni lisibilité, ni transparence, ni équité. J'espère que les correctifs nécessaires seront apportés à l'avenir.

Je souhaite évoquer plus particulièrement la situation de la promotion actuelle. Celle-ci a « essuyé les plâtres » et se trouve dans une situation très difficile sur les plans universitaire, psychologique et humain. Là où tous ces étudiants attendaient légitimement clarté, justice et bienveillance, on leur a répondu à coups de chiffres et de quotas… Et si tard ! Pour eux, il est évident que l'objectif initial de réussite n'a pas été atteint.

Ma question est simple : quelles mesures exceptionnelles envisagez-vous pour cette promotion si particulière ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe UC. – M. Jean-Pierre Corbisez et Mme Émilienne Poumirol applaudissent également.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 20/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Je veux tout d'abord rendre hommage aux doyens qui, au sein de leurs universités, ont reçu les collectifs de parents – situation peu classique dans l'enseignement supérieur – et d'étudiants. Je salue également les associations des étudiants inscrits dans les filières de santé, qui ont défendu et expliqué cette réforme – tous les tuteurs étudiants s'y sont employés, malgré la crise.

Cette réforme transforme en profondeur l'accès aux études de santé. Pour la première fois, il a été décidé que les besoins d'un territoire soient définis localement et non plus à l'échelon national, par mon ministère ou celui des solidarités et de la santé : c'est le fondement de cette réforme ! Celle-ci est donc profondément déconcentrée et délocalisée, construite au plus près des territoires par les agences régionales de santé (ARS) et les universités.

Habituellement, 40 % des étudiants d'une promotion sont exclus des études de santé ; le reste redouble, tant les concours sont sélectifs. Cette année, aucune exclusion des études de santé n'est envisagée et les étudiants ont la possibilité de progresser. De façon exceptionnelle, ils pourront accéder à la deuxième année des études de santé. Plus de 10 600 jeunes sont ainsi concernés : voilà cinquante ans que cela ne s'était pas produit !

Notre objectif, c'est que les jeunes qui échoueront aux concours, mais qui réussiront leur année, passent en deuxième année et soient accompagnés pour avoir une seconde chance. Pour cela, nous garantirons, l'an prochain, autant de places pour eux qu'il en existait auparavant pour les redoublants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Sonia de La Provôté, pour la réplique.

Mme Sonia de La Provôté. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre, mais les chiffres que vous annoncez sont répétés comme des mantras depuis le début. Pour ma part, je vous parle du terrain, des milliers d'étudiants et de l'urgence.

Où est la réussite lorsque l'on passe des épreuves sans connaître les objectifs en termes de place et de résultats ? Où sont la réussite et la bienveillance quand on obtient 17 de moyenne, mais que l'on est recalé à cause d'une note éliminatoire inférieure à 12 en anglais, alors qu'il s'agit d'études de santé ? Où est la réussite lorsque l'on accomplit le programme de la Paces et plus de la moitié d'un programme de licence ?

Voilà les véritables sujets sur le terrain !

M. le président. Il faut conclure !

Mme Sonia de La Provôté. Il est impératif d'accompagner ces étudiants. Ils ont besoin que l'on règle tous les sujets, y compris celui du redoublement possible de façon exceptionnelle. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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