Question de M. HUGONET Jean-Raymond (Essonne - Les Républicains) publiée le 27/05/2021

Question posée en séance publique le 26/05/2021

M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Raymond Hugonet. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture.

Le projet de pass culture opère une rupture radicale dans le cadre des politiques publiques de la culture : il inverse les termes de la politique de l'offre et de la demande et positionne les acteurs du service public de la culture dans une concurrence directe et frontale avec les grands opérateurs du privé et avec les industries culturelles du loisir.

Le projet de pass culture part d'un principe jamais débattu en vertu duquel la question de l'accès à la culture des jeunes est d'abord un problème économique et technologique avant d'être un sujet éminemment symbolique et politique, dont l'exclusion sociale et territoriale est le marqueur principal.

Le projet de pass culture ignore l'engagement quotidien des équipes de médiation et de transmission culturelles, dont je rappelle qu'il est financé très majoritairement par les collectivités territoriales.

Le projet de pass culture draine sur lui un budget intarissable, « quoi qu'il en coûte », véritable gabegie dont il ne fait nul doute que la Cour des comptes en dénoncera les errements le moment venu.

Après Françoise Nyssen et Franck Riester, Roselyne Bachelot est la troisième ministre à récupérer ce mistigri présidentiel. À l'heure où la généralisation du pass culture vient d'être décidée par le Président de la République lui-même, sont-ce McFly et Carlito qui en assureront le service après-vente (Sourires.), ou ne pensez-vous pas plutôt qu'il est grand temps d'arrêter les frais ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et de l'engagement publiée le 27/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 26/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Monsieur le sénateur Jean-Raymond Hugonet, pour avoir présidé le groupe qui a accompagné le développement du pass culture, vous avez suivi les expérimentations mises en place. Vous savez donc que celui-ci permet l'émancipation et l'accès à des concerts, à des festivals, ou encore à l'achat d'instruments de musique ou de livres, au bénéfice d'une jeunesse qui connaît de réels freins d'accès à la culture.

Les premiers résultats du déploiement et de la généralisation du pass culture, porté par le Président de la République et par ma collègue Roselyne Bachelot dès vendredi dernier, montrent que plus de 650 000 jeunes ont téléchargé l'application : c'est aujourd'hui la première application téléchargée sur les plateformes gratuites.

Le pass culture permet aux jeunes de 18 ans de notre pays de retrouver de l'air, de retrouver cette culture qui nous a tant manqué.

Monsieur le sénateur, 80 % des dépenses réalisées par ces jeunes ont été consacrées aux livres. Oui, ces jeunes ont acheté des livres !

Cette ouverture à la culture est une chance. Elle est accompagnée par l'enseignement et l'éducation à la pratique artistique et culturelle. Jean-Michel Blanquer et moi-même avons la volonté de déployer encore plus largement le pass culture, dès la classe de quatrième, au travers de projets collectifs et pédagogiques sur les territoires, et, un peu plus tard, en terminale, via des projets individuels.

L'idée est simple : accompagner chacun de nos enfants sur le chemin de l'accès à la culture pour tous, en empêchant que les freins financiers ne constituent une barrière. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Jacques-Bernard Magner applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.

M. Jean-Raymond Hugonet. J'entends votre réponse, madame la secrétaire d'État, mais elle ne convainc pas grand monde ici. En tout point du pays, c'est la puissance du réseau de la culture décentralisée qui assure la relation au public jeune, en particulier. C'est une action durable et constante, dont les artistes sont les premiers acteurs.

La priorité à accorder à la jeunesse ne saurait passer par des gadgets décidés verticalement depuis Paris, au mépris des réalités de nos territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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