Question de Mme PRIMAS Sophie (Yvelines - Les Républicains) publiée le 20/01/2022

Question posée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sophie Primas. Monsieur le Premier ministre, la transition énergétique ne se fera pas sans EDF. Enfin, nous l'espérons – après ce que nous venons d'entendre, nous commençons effectivement à douter…

Il ne se passe pas un mois sans que votre gouvernement prenne des décisions fragilisant EDF.

Le relèvement du plafond de l'Arenh – nous en avons parlé plusieurs fois – va grever le chiffre d'affaires du groupe de plus de 8 milliards d'euros. Son P-DG, relayé par les organisations syndicales, parle d'un « véritable choc ».

Le rachat à un prix bien trop élevé de l'ancienne filiale d'Alstom, Arabelle, que vous aviez vendue à General Electric, a été imposé par le Président de la République à EDF.

Votre stratégie nucléaire est inconstante : dans le mandat précédent, le conseiller Emmanuel Macron poussait à la fermeture des réacteurs, qu'il a confirmée, comme Président de la République, avec la fermeture de la centrale de Fessenheim ; voilà trois mois, il annonce miraculeusement la construction d'EPR. Ce n'était pourtant pas la Pentecôte ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mais plus encore, c'est sur l'intégrité même du groupe EDF qu'il y a le plus d'inconnues, puisque nous ne savons toujours pas ce que vous voulez faire de notre opérateur national – et je ne parle pas des incertitudes sur les barrages.

Ma question est simple, monsieur le Premier ministre, au-delà des belles paroles que nous venons d'entendre, avez-vous décidé de sacrifier EDF ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Olivier Cigolotti applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 20/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Paccaud. C'est le show de Bruno !

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Madame la présidente Sophie Primas, comme vous, je pense, j'ai regardé hier soir l'émission de télévision dans laquelle votre candidate à l'élection présidentielle, Mme Valérie Pécresse (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.), en réponse à la question de savoir ce qu'elle ferait face à l'augmentation de 40 % des tarifs d'électricité pour les ménages et pour les entreprises, a répondu : « À court terme, je n'ai pas la solution. »

La différence entre vous et nous, mesdames, messieurs les sénateurs Les Républicains, c'est que nous, nous avons la solution et que nous, nous agissons ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et RDSE. – M. Pierre Louault applaudit également. - Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. Ça fait cinq ans qu'il fallait relancer le nucléaire !

M. Bruno Le Maire, ministre. Quant à la solution que nous avons adoptée, nous avons effectivement relevé de 20 % le plafond de l'Arenh, c'est-à-dire le plafond de volume d'électricité nucléaire produit à tarif réduit, qui passe de 100 térawattheure à 120 térawattheure, après avoir obtenu l'accord de la Commission européenne.

Je voudrais citer un courrier du mentor de Mme Pécresse, M. François Fillon… (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Paccaud. C'était le vôtre aussi !

M. Cédric Perrin. Il n'a pas fait 2 % à la primaire, lui !

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Traître, traître ! (Brouhaha croissant sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Le Maire, ministre. Le 15 septembre 2009, celui-ci s'adressait à la Commission européenne et indiquait… (M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance, dont la voix se perd dans le brouhaha, s'interrompt et se tourne vers M. le président du Sénat.)

M. Olivier Paccaud. C'est bien d'avoir de la mémoire, monsieur le ministre !

M. Marc-Philippe Daubresse. Il a des sincérités successives…

M. François Patriat. Assumez !

M. Bruno Le Maire, ministre. Monsieur le président…

M. le président. C'est moi qui préside, monsieur le ministre, et je vous demande de répondre à Mme Sophie Primas !

M. Bruno Le Maire, ministre. Je voudrais juste être en situation de le faire, monsieur le président !

En 2009, donc, M. François Fillon (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)…

M. Cédric Perrin. Que vous souteniez !

M. Bruno Le Maire, ministre. … a écrit à la Commission européenne que la seule solution était d'augmenter le plafond de l'Arenh, afin que, dans une telle configuration, le dispositif de prix aidé fonctionne de manière efficace.

La solution que recommandait M. Fillon en 2009 à la Commission européenne pour protéger les Français contre l'augmentation des prix, nous avons décidé de la mettre en œuvre aujourd'hui, et ce pour la même raison : protéger les Français contre une augmentation de 40 % des prix de l'électricité.

Nous agissons pour la protection du pouvoir d'achat des Français ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)

Mme Patricia Schillinger. Bravo !

M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour la réplique.

Mme Sophie Primas. Je suis ravie que vous citiez M. Fillon, monsieur le ministre, puisque nous faisions équipe à l'époque, c'est vrai, et que vous étiez le premier défenseur de sa politique ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe SER. – M. Hervé Maurey applaudit également.)

M. Marc-Philippe Daubresse. Je le disais, il a des sincérités successives !

Mme Sophie Primas. Vous citez des décisions de court terme. C'est précisément ce que nous vous reprochons ! Il manque une politique énergétique de long terme, soutenue par une vision de long terme.

Depuis la médiatique loi Énergie-climat, tous les chantiers sont à l'arrêt. C'est le cas de la réorganisation d'EDF, de la réforme de l'Arenh, de la construction des réacteurs.

Résultat : dans le pays qui a accueilli la signature des accords de Paris, nous ouvrons des centrales à charbon. C'est une honte ! C'est un échec !

Oui, monsieur le Premier ministre, nous vous accusons, vous et les membres du Gouvernement, de sacrifier EDF à une manœuvre politicienne préélectorale.

Mme Patricia Schillinger. Oh là là !

Mme Sophie Primas. Vous en serez comptables devant les Français ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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