Question de M. CARDON Rémi (Somme - SER) publiée le 27/01/2022

Question posée en séance publique le 26/01/2022

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Rémi Cardon. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Madame la ministre, le constat est amer : jamais les tensions entre la communauté enseignante et leur ministre n'ont été aussi fortes. Cette défiance est la pire ennemie de l'efficacité des politiques publiques.

On vous a entendue sur la prétendue « dérive islamo-gauchiste » des universités. Mais, bizarrement, on ne vous a pas entendue sur le manque de moyens de ces dernières.

Le Président de la République, lui, aurait trouvé une solution merveilleuse : faire payer les étudiants. Il me paraît insensé de penser que l'on va augmenter les moyens et le niveau des universités en faisant payer les étudiants !

Outre les moyens, le problème est en réalité celui de l'orientation : l'inégalité d'accès à l'information sur les filières conduit à des taux d'échec record, notamment lors de la première année de licence.

Comment est-il possible de faire peser la réussite des élèves uniquement sur le financement de l'université sans rompre le principe d'égalité ?

C'est une erreur de penser que la gratuité est le problème. Le principal problème, c'est l'orientation, un problème intimement lié au manque d'information ; votre plateforme Parcoursup en est la preuve. C'est aussi pour cela que l'on retrouve toujours plus d'étudiants en première année de licence.

Madame la ministre, ma question est simple : que comptez-vous faire pour l'orientation, afin que l'université soit un vrai choix de carrière adapté aux envies et compétences de chacun ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 27/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 26/01/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Rémi Cardon, vous parlez d'un « échec record » à propos du taux de passage de la première à la deuxième année de licence. Je vous le confirme, en 2017, nous avions atteint le record d'échecs. Mais j'ai le plaisir de vous annoncer – je suis sûre que vous l'aviez remarqu頖 que nous avons augmenté de dix points le taux de passage entre la première et la deuxième année de licence.

Vous indiquez que l'important est de pouvoir mieux financer l'université. La loi du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants – je crois qu'elle n'a pas été votée de ce côté-ci de l'hémicycle –, c'est un milliard d'euros de plus pour le premier cycle ; la loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, c'est 25 milliards d'euros supplémentaires !

M. Laurent Burgoa. Toujours des milliards !

Mme Frédérique Vidal, ministre. Selon vous, ce serait trop peu. Pour ma part, je pense que ce n'est déjà pas mal. Je puis vous l'assurer, sur le terrain, les gens commencent à voir la différence.

Vous continuez à prétendre, alors que j'y ai déjà répondu et que le Président de la République s'est de nouveau exprimé sur le sujet, que notre solution serait d'augmenter les droits d'inscription. Je vous rappelle que, depuis trois ans, nous les avons gelés ; cela n'avait jamais été fait sous les gouvernements précédents. (Exclamations sur les travées du groupe SER.) Nous avons aussi gelé les loyers des Crous (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires), ainsi que les tickets des restaurants universitaires.

Monsieur le sénateur, je crois que, là encore, vous essayez d'alimenter des fantasmes. (Protestations à gauche comme à droite.) Croyez-moi, notre jeunesse a juste besoin de sentir que nous sommes tous à ses côtés pour l'aider à réussir, à acquérir des compétences et, in fine, à avoir un métier. Nous devons tous lui dire, me semble-t-il, que nous avons confiance en elle pour préparer l'avenir. C'est ce que ce gouvernement a fait, en mobilisant depuis cinq ans des moyens financiers comme jamais auparavant. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Jean-Marie Janssens applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour la réplique.

M. Rémi Cardon. Madame la ministre, moi aussi, je vais vous donner un chiffre : un jeune sur six a arrêté ses études. Voilà le bilan de votre quinquennat et de votre mandature !

La semaine dernière, vous avez menti devant les députés – je vous renvoie à la lecture d'un article de Mediapart daté d'hier –, à moins qu'il ne s'agisse de méconnaissance de vos dossiers ou d'incompétence. Vous avez déclaré que 100 % des logements du Crous avaient été rénovés. Or le Crous dit lui-même que des logements sont encore en cours de rénovation. Vous aviez fixé l'objectif de 100 % de rénovation au cours du quinquennat ; vous êtes une nouvelle fois à côté de la plaque. Si même le Crous vous contredit, c'est pour le moins ennuyeux ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)

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