Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 20/01/2022

M. Stéphane Demilly attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la crise violente que traverse le Kazakhstan après une hausse des prix du gaz.
La répression a fait plus de 160 morts dans la ville d'Almaty. L'état d'urgence a été décrété sur le territoire, et le président du pays a demandé l'aide de la Russie pour contenir les émeutiers. Cette crise a fait grimper les prix de l'uranium, dont le Kazakhstan est le premier producteur mondial.
Cela pose la question de la dépendance de notre pays à ce métal, au moment même où notre pays relance sa stratégie nucléaire, car nous avons besoin du nucléaire, de cette énergie non-intermittente et décarbonée. Le nucléaire contribue de manière décisive à l'indépendance de nos sources de production d'énergie et d'électricité.
Mais cette indépendance n'est pas totale. Elle ne peut pas l'être, car les centrales nucléaires fonctionnent avec de l'uranium. La France a besoin de 9 000 tonnes d'uranium par an pour fabriquer le combustible qui alimente son parc de réacteurs nucléaires et la totalité de cet uranium est importé, en particulier du Kazakhstan.
Dans ce contexte, il l'interroge afin de savoir quelle part de l'uranium français est importée du Kazakhstan, si notre approvisionnement est menacé, et comment concilier indépendance énergétique et respect des droits de l'homme.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 12/05/2022

Tout au long des événements au Kazakhstan, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE) a assuré un suivi attentif et régulier de la situation politique et économique, de ses évolutions et de ses répercussions sur la vie de nos concitoyens, ainsi que sur les activités des entreprises françaises présentes dans le pays. Un dispositif spécifique a notamment été activé au sein du centre de crise et de soutien du MEAE. À l'échelle mondiale, les mines d'uranium ont fourni 76% des besoins annuels du parc nucléaire mondial en 2020. Le reste des besoins a été couvert par les stocks gérés par les électriciens et, plus à la marge, par le recyclage du plutonium sous forme de combustible Mox, en particulier dans le parc nucléaire d'EDF. La consommation du parc nucléaire français, opéré par EDF, représente environ 13% de la consommation mondiale. EDF utilise trois leviers pour renforcer la sécurité d'approvisionnement du parc nucléaire français : - EDF mène une politique de diversification à la fois géographique et commerciale de ses sources d'approvisionnement et ce, à chaque étape du cycle du combustible (mine, conversion, enrichissement et fabrication des assemblages) ; - EDF mène une politique de sécurisation contractuelle, en négociant des contrats d'approvisionnement de long terme ; - EDF dispose de stocks de sécurité d'uranium, permettant d'assurer un fonctionnement des réacteurs du parc électronucléaire français sur plusieurs années. À ces stocks gérés par EDF, s'ajoutent également les réserves d'uranium présentes sur le territoire national, sous différentes formes. Le parc nucléaire français apparaît, par ailleurs, peu exposé aux fluctuations de prix de l'uranium naturel, dans la mesure où son prix intervient relativement peu dans le coût de production de l'électricité nucléaire. À plus long terme, la sécurité d'approvisionnement en uranium naturel n'est pas menacée, l'uranium naturel étant une ressource abondante et bien répartie dans le monde. En 2019, les réserves reconnues d'uranium naturel étaient évaluées à plus d'un siècle de consommation selon les besoins actuels. Par ailleurs, ces réserves sont bien réparties sur le plan géographique. À ces données reconnues, s'ajoutent la présence de gisements, dont l'existence est connue ou très vraisemblable, au regard des considérations géologiques, ainsi que les ressources supplémentaires accessibles à des coûts d'extraction considérés comme raisonnables. La consommation actuelle pourrait être assurée pendant 250 ans.

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