Question de Mme PRÉVILLE Angèle (Lot - SER) publiée le 10/02/2022

Question posée en séance publique le 09/02/2022

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Angèle Préville. « La première bataille c'est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus d'ici à la fin de l'année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus, c'est une question de dignité. » Voilà ce que promettait Emmanuel Macron en arrivant au pouvoir en 2017.

Que reste-t-il de cette belle promesse ? Rien, et ce qui est advenu est même pire. Notre pays compte 4,6 millions de Français mal logés, dont sans doute 300 000 personnes sans domicile fixe. La construction de logements sociaux s'est effondrée sous l'effet de vos mesures : on en recense environ 80 000 par an, là où il en faudrait 150 000. Telle est la brutalité de votre bilan.

L'abbé Pierre disait que « les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques » et qu'« on ne pleure pas devant les chiffres ». Quelque 100 000 bébés naissent désormais chaque année dans le dénuement le plus total, avec des parents dans l'impossibilité de leur acheter du lait et des couches sans l'aide alimentaire. Voilà la triste réalité.

De fait, durant votre quinquennat, les inégalités n'ont cessé de se creuser et la pauvreté a explosé, tout comme la fortune des milliardaires, qui a augmenté de 86 % en un an – oui, 86 % ! D'une certaine manière, vous accompagnez les riches dans une marche inexorable vers une forme de sécession.

Je pourrais vous asséner les nombreux constats dressés par le rapport Oxfam et par la Fondation Abbé Pierre, tous plus alarmants les uns que les autres, mais avez-vous envie de les écouter ?

Les années qui viennent de s'écouler sont perdues pour les Français, tout au moins pour « ceux qui ne sont rien », comme on dit chez vous. Leur mise au ban tient à votre cynisme, car ils ne font pas partie de votre électorat.

Pourtant, notre pays a signé au mois de septembre 2015 l'Agenda 2030, qui est un programme universel de développement durable comportant dix-sept objectifs, dont le premier s'intitule singulièrement « Pas de pauvreté ».

Que comptez-vous faire pour pallier cet oubli monstrueux ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Logement publiée le 10/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 09/02/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du logement.

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement. Madame la sénatrice Angèle Préville, ce que nous avons fait pour les personnes à la rue, c'est ce que vous n'avez pas fait dans la mandature précédente. (Exclamations sur les travées des groupes SER et Les Républicains.)

Nous avons ouvert 60 000 places d'hébergement. Nous sommes ainsi passés de 140 000 places à 200 000 places. Surtout, pour la première fois, nous avons arrêté de fermer les places aux beaux jours. Pendant toutes les mandatures précédentes, cela ne dérangeait personne que tout le monde se précipite pour loger les personnes en difficulté dans des structures d'hébergement durant l'hiver et que nous fermions ces structures dès que les beaux jours arrivaient.

Nous travaillons désormais à renforcer la qualité de ces places pour pouvoir répondre à tous les besoins. Quand je suis arrivée au ministère du logement, j'ai demandé à ouvrir 1 500 places pour des femmes qui ne trouvaient pas d'hébergement à leur sortie de la maternité et qui étaient prises en charge dans les hôpitaux. Nous avons ouvert des places pour ces femmes avec leur bébé.

L'hébergement n'est pas une fin en soi : la solution est dans le logement. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé, avec le Président de la République, le plan Logement d'abord pour faciliter l'accès au logement. Depuis 2018, ce sont 330 000 personnes qui sont sorties de la rue ou des structures d'hébergement pour accéder au logement.

On le voit dans nos rues : pour la deuxième année consécutive, à Paris, lors de la Nuit de la solidarité, le nombre de personnes à la rue a baissé significativement.

On le voit aussi dans le travail que nous menons avec les associations. Alors que, jusqu'à présent, elles faisaient la trésorerie pour l'État, elles sont désormais enfin financées.

Oui, nous nous préoccupons des plus fragiles. Oui, nous nous préoccupons des personnes à la rue. Ce gouvernement a fait plus qu'aucune mandature précédente. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour la réplique.

Mme Angèle Préville. Madame la ministre, nous parlons de votre bilan.

Réduire la pauvreté passe nécessairement par l'augmentation des salaires et par celle du SMIC à hauteur de 15 %, comme nous le proposons.

Les faits sont têtus : la fracture sociale est abyssale, votre bilan désastreux. Cela devrait à tout le moins susciter une réaction de votre part – question d'humanisme sans doute… (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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