Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 14/07/2022

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales, sur la question de l'indemnisation des artistes en cas d'annulation d'un spectacle par la commune lorsqu'une tempête est annoncée.
En effet, lorsqu'une commune passe commande auprès d'un groupe de musique pour fournir un concert et que, le matin de l'événement, la préfecture relaye un bulletin d'alerte météo orange ou rouge, la municipalité décide alors d'annuler la représentation pour des raisons de sécurité. Plusieurs questions se posent alors de manière très concrète.
Si l'événement météorologique a effectivement lieu, il lui demande si le groupe est fondé à réclamer des indemnités à la commune et, le cas échéant, si celles-ci diffèrent selon que l'événement est qualifié, ou non, de cas de force majeure.
Si l'événement météorologique n'a finalement pas lieu, il lui demande si le groupe est fondé à réclamer des indemnités à la commune qui a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police au titre des informations reçues par les services de l'État ou de météo France.
Il lui demande s'il existe un fonds gouvernemental pour indemniser les entrepreneurs de spectacle dans ces circonstances et, à défaut, s'il est envisageable d'en mettre en place un.
Il lui demande si la seule alerte orange ou rouge constitue en elle-même un cas de force majeure, que l'événement météorologique ait finalement lieu ou non et si c'est à la commune organisatrice ou au groupe d'artistes de contracter une assurance pour faire face à cette situation.
Enfin, lorsque la commune interdit un événement sans en être l'organisatrice, il lui demande comment cela se passe pour l'indemnité des chanteurs, de l'association qui a acquis des biens en vue de la kermesse annulée…
Il lui demande de bien vouloir l'éclairer sur ces questions très concrètes que se posent les élus locaux alors qu'on assiste à des phénomènes météorologiques de plus en plus soudains et brutaux.

- page 3502


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des collectivités territoriales publiée le 03/08/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/08/2022

Mme la présidente. La parole est à M. Yves Détraigne, auteur de la question n° 058, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales.

M. Yves Détraigne. Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur une question qui m'est remontée du terrain et qui concerne l'indemnisation des artistes en cas d'annulation d'un spectacle par la commune lorsqu'une tempête est annoncée.

En effet, lorsqu'une commune passe commande auprès d'un groupe de musique pour la tenue d'un concert et que, le matin de l'événement, la préfecture relaye un bulletin d'alerte météorologique orange ou rouge, la municipalité décide alors d'annuler la représentation pour des raisons de sécurité. Plusieurs questions se posent alors.

Si l'événement météorologique a effectivement lieu, le groupe est-il fondé à réclamer des indemnités à la commune ? Le cas échéant, celles-ci diffèrent-elles selon que l'événement a été qualifié, ou non, de cas de force majeure ?

Si l'événement météorologique n'a finalement pas lieu, le groupe est-il tout de même fondé à réclamer des indemnités à la commune qui a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police au titre des informations reçues des services de l'État ou de Météo-France ?

Existe-t-il un fonds gouvernemental pour indemniser les entrepreneurs de spectacle dans ces circonstances et, à défaut, est-il envisageable d'en créer un ?

La seule alerte orange ou rouge constitue-t-elle en elle-même un cas de force majeure, que l'événement météorologique ait finalement lieu ou non ? Est-ce à la commune organisatrice ou au groupe d'artistes de contracter une assurance pour faire face à cette situation ?

Enfin, lorsque la commune interdit…

Mme la présidente. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Yves Détraigne. … un événement sans en être l'organisatrice, pouvez-vous m'indiquer quelles sont les règles d'indemnisation des artistes ou de l'association organisatrice qui a acquis des biens en vue de la manifestation annulée ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Caroline Cayeux, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales. Monsieur le sénateur Détraigne, lorsque le spectacle est organisé par la commune, de telles conséquences n'engagent pas l'État, mais la seule commune ayant contracté avec le prestataire chargé de la représentation en cause.

Dans cette hypothèse, les conséquences de l'annulation du spectacle sont régies par les stipulations contractuelles qui auront été prévues pour l'événement, notamment les conditions d'indemnisation.

Dans le cas où l'événement météorologique n'aurait finalement pas lieu, la commune, après avoir indemnisé le prestataire, peut, dans un deuxième temps, envisager de mettre en cause la responsabilité de l'État ; toutefois, à moins d'une faute caractérisée commise dans la diffusion des bulletins météorologiques, celle-ci ne paraît pas pouvoir être engagée.

Par ailleurs, un événement est qualifié de cas de force majeure en raison de son caractère imprévisible et irrésistible. En matière de marchés publics, cette hypothèse est prévue par l'article L. 2195-2 du code de la commande publique qui prévoit que ce motif justifie la résiliation du contrat par l'acheteur.

S'agissant des phénomènes météorologiques, la jurisprudence considère que des intempéries ou une tempête d'une intensité exceptionnelle constituent des cas de force majeure, ce qui permet, a priori, d'exclure des phénomènes d'intensité modérée.

En revanche, si le spectacle n'est pas organisé par la commune et que celle-ci met en œuvre ses pouvoirs de police administrative pour l'interdire au regard des risques météorologiques, le prestataire de spectacle pourra chercher à mettre en cause la responsabilité de la commune. Celle-ci ne pourra être engagée que si une faute a été commise dans l'évaluation du risque météorologique.

S'agissant des indemnités liées à l'annulation de la représentation, celles-ci seront déterminées par les clauses du contrat prévoyant la représentation ainsi que, le cas échéant, par le contrat d'assurance souscrit par l'organisateur et le prestataire.

Telles sont les informations que je souhaitais vous communiquer, monsieur le sénateur.

- page 2989

Page mise à jour le