Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 21/07/2022

Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de Mme la ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques au sujet du dopage chez les adolescents.
Le phénomène de dopage sportif est une problématique touchant à la fois les athlètes professionnels et amateurs, adultes comme adolescents. Selon l'observatoire français des drogues et des tendances addictives, cette pratique concernerait entre 3 et 5 % des jeunes compétiteurs, c'est-à-dire environ 220 000 jeunes licenciés.
De plus, selon les témoignages de nombreux experts, le dopage toucherait désormais de plus en plus les jeunes sportifs amateurs.

Les produits utilisés, comme les stéroïdes androgéniques anabolisants, peuvent avoir des graves conséquences sur la santé de ces adolescents (cancers, problèmes cardiaques, dépression, etc.). Ils posent également la question de l'estime de soi des jeunes athlètes, qui se sentent poussés à consommer des produits dangereux ou illicites pour améliorer leurs performances.
D'autres produits, légaux mais dont les effets stimulants peuvent s'apparenter à du dopage (boissons énergisantes, compléments alimentaires…), participeraient à l'installation d'habitudes facilitant les addictions futures : les jeunes qui se doperaient auraient ensuite plus de risques d'avoir des problèmes avec l'alcool ou les drogues.

Ces deux types de produits sont parfois pris de leur plein grès par les adolescents, compétiteurs de haut niveau ou amateurs, mais peuvent également être consommés sous la pression de l'entraîneur ou des pairs.
Enfin, au-delà de la santé des jeunes individus, c'est également l'éthique du sport, c'est-à-dire le respect des règles, l'égalité entre les concurrents ou encore le dépassement de soi, qui est mise à mal par le dopage.

Elle lui demande ainsi ce que le Gouvernement entend mettre en place pour informer sur les risques sanitaires liés au dopage chez les pratiquants amateurs, pour renforcer les contrôles et pour développer le sens de l'éthique sportive auprès des jeunes compétiteurs et amateurs.

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Réponse du Ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques publiée le 06/10/2022

Les politiques de prévention et de leutte contre le dopage constituent l'une des priorités du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (MSJOP) en matière d'intégrité sportive. La perspective de l'organisation de grandes compétitions sportives internationales, telles que la coupe du monde de rugby 2023 et les jeux Olympiques et Paralympiques 2024, fait peser sur la France un devoir d'exemplarité en la matière de lutte contre le dopage. Si la politique de contrôle relève complètement de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), autorité administrative indépendante, le MSJOP assure la coordination des actions visant à prévenir de tels comportements, en particulier chez les plus jeunes. Le Plan national de prévention du dopage et des conduites dopantes 2020-2024 illustre l'engagement du MSJOP et des institutions partenaires en vue de renforcer une culture commune de prévention et de vigilance, à tous les niveaux de l'organisation sportive. Afin de toucher les licenciés, le MSJOP s'appuie sur les fédérations sportives, qui doivent être des acteurs essentiels de la prévention du dopage. Ainsi, au titre des contrats de délégations, elles se sont engagées à mettre en œuvre une politique fédérale de prévention du dopage et des conduites dopantes. Plusieurs documents ont été publiés afin de les accompagner, notamment le « Guide d'accompagnement – Politiques fédérales de prévention du dopage et des conduites dopantes ». Les actions conduites dans ce domaine seront examinées annuellement dans le cadre du dialogue de gestion organisé avec chaque fédération. Investies de nouvelles prérogatives en matière d'éducation depuis l'entrée en vigueur du dernier code mondial de l'Agence mondiale antidopage, transposé dans le code du sport en 2021, l'AFLD est aussi responsable en France de la définition d'un plan d'éducation qui cible prioritairement les sportifs de haut niveau et leur encadrement sportif et médical. Elle assure notamment, en coopération avec le ministère, l'animation d'un réseau de référents antidopage pour lequel elle a développé un « Livret des référents antidopage ». Elle a également diffusé un miniguide de l'antidopage et déploie une formation des éducateurs antidopage, dont le mouvement sportif peut bénéficier et qui sont chargés de former et sensibiliser les sportifs et leur encadrement. De la même façon, le MSJOP a demandé à ses établissements du réseau grand INSEP de se doter d'une stratégie en matière d'éthique et d'intégrité, dans laquelle la prévention du dopage est intégrée. L'objectif est de s'assurer que les jeunes sportifs accueillis dans ces structures sont sensibilisés aux risques sanitaires liés au dopage et aux valeurs. Dans ce cadre, trois modules de formation à distance vont être mis en ligne très prochainement sur le Portail de suivi quotidien du sportif (PSQS), qui est accessible à l'ensemble des sportifs listés. Au-delà de ses réseaux, le MSJOP cherche à multiplier les relais permettant de diffuser des messages de prévention, notamment dans la sphère sanitaire. Cela s'est notamment traduit par : l'intégration de séquences pédagogiques relatives à la lutte contre le dopage dans les formations initiales des professions de santé. Un travail a ainsi été conduit avec les doyens de médecine et de pharmacie ainsi qu'avec les directeurs d'instituts de formation en masso-kinésithérapie ; la conclusion d'une convention entre le CNOP (Conseil national de l'ordre des pharmaciens) et MSJOP pour le lancement d'une campagne de prévention au printemps 2022 sur le mésusage de médicaments et la consommation de compléments alimentaires. En complément et afin de travailler sur la problématique de l'estime de soi des jeunes athlètes, le MSJOP veillera aussi à renforcer la formation des intervenants en matière de compétences psychosociales, dans le cadre de la stratégie nationale multisectorielle de développement des compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes pour la période 2022-2037. Le public scolaire sera également visé par des ressources pédagogiques relatives à la prévention du dopage et des conduites dopantes sur la plateforme EDUSCOL et notamment d'un guide à destination des enseignants. Le MSJOP travaille également en collaboration avec la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) sur la création d'une rubrique sur EDUSCOL, « Prévention des conduites dopantes », qui regrouperait des liens importants (AFLD, AMA, AMPD) mais aussi des ressources pédagogiques.

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