Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 17/11/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur le danger que représente la fourmi électrique.
Répondant au nom scientifique de Wasmannia auropunctata, elle doit son épithète usuelle aux vives douleurs que déclenche sa piqûre. D'un jaune orangé, elle mesure seulement 1,5 millimètre, mais est considérée comme « une des trois fourmis les plus envahissantes du monde » par l'inventaire national du patrimoine naturel. Elle est même incluse depuis peu dans la liste des espèces préoccupantes pour l'Union européenne.
Originaire d'Amérique du Sud, elle a été introduite en Asie, dans le Pacifique, en Afrique, aux États-Unis, en Israël, et en Espagne depuis 2016. La France était jusqu'alors épargnée, jusqu'à ce qu'une colonie de fourmis électriques soit découverte près de Toulon en octobre 2022. Or les piqûres de cette espèce invasive peuvent non seulement provoquer des complications chez l'homme, jusqu'au choc anaphylactique parmi les personnes allergiques, mais constituent également une sérieuse menace pur la biodiversité. Elles sont en effet susceptibles d'anéantir des insectes, dont la disparition appauvrit la flore et, par ricochet, les reptiles et les oiseaux se trouvant privés de nourriture.
En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte mettre en œuvre pour parvenir à son éradication.

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Transmise au Secrétariat d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de l'écologie


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de l'écologie publiée le 29/12/2022

La petite fourmi de feu (Wasmannia auropunctata) vient d'être classée espèce exotique envahissante préoccupante pour l'Union européenne, depuis juillet 2022 (Règlement d'exécution (UE) 2022/1203 de la Commission du 12 juillet 2022 modifiant le règlement d'exécution (UE) 2016/1141 pour mettre à jour la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union), conformément aux risques induits par cette espèce sur la biodiversité. Cette espèce, originaire d'Amérique du Sud, est présente en France dans certains départements et collectivités d'outre-mer (Antilles, Polynésie, Nouvelle-Calédonie) où elle occasionne des impacts sur les espèces présentes (destruction de spécimens animaux) et les conditions de vie des populations (installation de colonies dans les habitations), et vient effectivement d'être récemment détectée à Toulon. Il est probable que son importation soit liée à des végétaux d'ornement, contaminés ; une dispersion secondaire peut être possible par le transport accidentel de spécimens via des végétaux, de la terre ou des aliments. La colonie de Toulon daterait a priori d'un an ; l'espèce n'a pour l'instant pas été repérée en dehors de la résidence concernée, mais il reste possible que d'autres colonies existent et n'aient pas encore été détectées. L'espèce étant tropicale, le climat de la métropole constitue un obstacle à sa dispersion et son installation ; de fait les fourmis vont plutôt privilégier les lieux habités, source de chaleur. Si son impact sur l'environnement et l'agriculture (en zone tropicale) est avéré, celui sur la santé humaine reste modéré, quelques rares cas de complications ayant été observés suite à des piqûres. La problématique de la présence de la petite fourmi de feu en métropole a été prise très au sérieux par la métropole toulonnaise, les services de l'État et les organismes de recherche : ainsi, il a été décidé lors d'une réunion récente associant le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (services centraux, régionaux et départementaux), la métropole Toulon-Provence-Méditerranée, l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie, le Muséum national d'Histoire naturelle, et l'Office français de la biodiversité, de mettre en place les actions suivantes : - poursuite des prospections afin de définir la zone exacte de présence de l'espèce, - mise au point d'un protocole de lutte en s'inspirant des actions entreprises en Polynésie, via l'utilisation d'appâts toxiques, - sensibilisation des résidents afin qu'ils évitent de disperser involontairement l'espèce. Le Muséum national d'Histoire naturelle a mis en ligne une page internet pour signaler d'éventuelles nouvelles zones envahies : https://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/14262/aidez-nous-a-detecter-la-fourmi-electrique-wasmannia-auropunctata-en-france. Le centre de ressources sur les espèces exotiques envahissantes centralise les informations disponibles sur la gestion de l'espèce et peut être utilement repris pour communiquer : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/wasmannia-auropunctata/.

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