Question de Mme PLUCHET Kristina (Eure - Les Républicains) publiée le 03/10/2024

Mme Kristina Pluchet interroge Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargée de l'intelligence artificielle et du numérique sur l'accompagnement des acteurs de l'économie numérique confrontés à l'émergence du phénomène de l'intelligence artificielle (IA).
En effet, la rapidité des mutations technologiques générées par l'irruption de l'IA place de nombreux acteurs de l'économie numérique, voire généraliste, en difficulté. Ainsi, des compétences professionnelles demandées il y a encore quelques années et qui avaient permis des reconversions professionnelles prospères sont désormais en perte notable de vitesse (rédacteurs web, codeurs, graphistes, comptables, assistants juridiques, architectes web). Or l'économie numérique demeure un des secteurs les plus en croissance et avec des besoins avérés en talents. Dès lors, elle lui demande si une étude a été réalisée pour évaluer la pertinence actuelle de nos dispositifs de formation au regard des évolutions qui seront induites par l'émergence de l'IA et quelles actions de formation continue sont envisagées pour accompagner les acteurs dans ces évolutions trop rapides pour avoir été anticipées par des dispositifs de formation initiale ou continue même récents.

- page 3506

Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé du travail et de l'emploi


Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé du travail et de l'emploi publiée le 17/07/2025

De manière générale, l'irruption de l'Intelligence artificielle (IA) affecte l'ensemble des secteurs d'activité et des filières en France. Pour le ministère chargé du travail et de l'emploi, il est essentiel de pouvoir mesurer les transformations sur les emplois et les compétences et d'accompagner notamment les petites et moyennes entreprises, ainsi que les salariés, face à cette transition. En termes d'études, plusieurs branches professionnelles ont lancé des démarches prospectives visant à éclairer les multiples facettes de la transformation digitale et ses répercussions sur l'ensemble des secteurs. Certaines études ont déjà permis de poser les bases du diagnostic. A cet égard, on peut notamment citer les travaux suivants récents : -l'étude menée par l'Observatoire compétences industries (OPCO 2i) en partenariat avec l'Apec qui permet de mieux cerner les perceptions, les craintes et les besoins des cadres face au phénomène IA ; - l'étude réalisée par Atlas sur les besoins en compétences, emplois et formations en matière d'IA en France au sein des secteurs de la branche des services financiers et du conseil ; -l'étude menée par Atlas sur les impacts de l'IA générative sur les métiers de l'assistance (IDCC 1801) ; -l'étude menée par Atlas intitulée "IA & Banque : état des lieux métier" ; -l'étude menée par Atlas sur les emplois et les compétences relatifs au Big Data et au Cloud Computing ; - l'étude menée par l'Opcommerce sur l'impact du déploiement de l'intelligence artificielle sur les métiers et les organisations de neuf branches du commerce ; -l'étude menée par la commission paritaire nationale pour l'emploi et la formation de l'audiovisuel avec le soutien de l'assurance formation des activités du spectacle : métiers du journalisme audiovisuel et IA générative : état des lieux et projections. S'agissant des actions en matière de formation continue et initiale (lorsqu'il s'agit de l'apprentissage) face à la transition numérique et l'IA, le ministère chargé du travail et de l'emploi s'appuie notamment sur les Opérateurs de compétences (OPCO), qui ont pour missions de financer l'apprentissage, d'aider les branches professionnelles à construire les certifications professionnelles et d'accompagner les petites et moyennes entreprises pour définir leurs besoins en formation. A ce titre, une augmentation notable du nombre d'actions de formation financées par les OPCO a été constatée entre 2023 et 2024, tous dispositifs confondus. Ainsi, comparé à l'année 2023, où plus de 50 000 actions de formation relatives au numérique et à l'IA ont été enregistrées, les OPCO ont financé plus de 172 000 actions de formation en 2024. Il s'agit aussi bien des actions de formation de courte durée, destinées aux salariés des entreprises que des formations diplômantes, allant de niveau 3 au 7. Par ailleurs, les OPCO ont déployé de nombreuses actions visant la sensibilisation des entreprises, leur accompagnement dans la transition numérique par des rencontres et des webinaires. Une analyse des actions engagées par ces opérateurs en matière d'observation, de sensibilisation, d'accompagnement et de formation sur l'IA (y compris en leur sein et pour leur compte) a été lancée dans le cadre du réseau emploi-compétences animé par France Stratégie. Ce travail devrait permettre d'aboutir à une mise en commun des actions menées par les OPCO, et d'approfondir le déploiement d'actions de mobilisation portées, notamment en formation, par ces derniers auprès des entreprises et des salariés (les livrables finaux sont prévus pour fin 2025). Par ailleurs, des démarches partenariales entre l'Etat et les partenaires sociaux, par le biais des engagements de développement de l'emploi et des compétences portant sur la transformation des métiers par le numérique, ont été lancées en lien avec certains OPCO : AKTO, Constructys, 2I et Afdas. En outre, en 2024, l'Etat a accompagné la transition numérique des entreprises avec la mobilisation du fonds national pour l'emploi-Formation visant à co-financer des actions de formation à destination des salariés. Sur la période 2023-2024, plus de 172 000 formations ont été financées par les OPCO dans le secteur du numérique. En outre, l'Appel à manifestation d'intérêt « Compétences et métiers d'avenir » (AMI-CMA) est un levier mobilisable pour la formation des publics étudiants et des actifs à l'IA. L'AMI-CMA vise à accélérer la formation aux métiers d'avenir et répondre aux besoins des entreprises en matière de formation, d'ingénierie de formation initiale et continue et d'attractivité des formations, pour permettre l'acquisition des compétences nécessaires aux métiers d'avenir. Il s'inscrit dans le cadre des dix objectifs et six leviers de France 2030. Les enjeux de la formation en matière d'IA répondent au levier « Maîtriser les technologies numériques souveraines et sûres », qui comporte une fiche thématique « Intelligences artificielles ». La première et la deuxième relèves de l'AMI-CMA, volet « intelligence artificielle », ont permis de soutenir des diagnostics et des dispositifs de formation innovants : -la première relève était réservée aux établissements dits « d'excellence en IA ». Elle s'est structurée autour d'actions qui ont couvert plusieurs niveaux de cursus, permis un essaimage des compétences en IA sur d'autres disciplines scientifiques et proposé une large palette de modalités de formation (sensibilisation, certification, diplôme) capable d'atteindre une masse critique d'étudiants ; -la deuxième vague a porté sur la « massification » de l'offre de formation en IA à tous niveaux de diplômes, afin d'accroître et de diversifier des compétences sur un marché du travail en tension, pour tous les établissements hormis les établissements bénéficiaires de la première vague. Au regard du bilan dressé par le secrétariat général pour l'investissement, ce sont ainsi onze projets qui ont été lauréats sur les deux vagues : sept pour la première et quatre pour la seconde. A l'issue de la première vague, 32 300 étudiants seront formés via un diplôme, et 607 000 étudiants seront sensibilisés ou acculturés à l'IA. La deuxième vague vise la formation directe de près de 87 000 étudiants à l'IA et 275 000 sensibilisés ou apprenants, pour répondre aux enjeux de massification. Enfin, le ministère chargé du travail et de l'emploi copilote avec l'institut national de recherche en sciences et technologies du numérique le LaborIA, un laboratoire de recherche actions. Son objectif est d'étudier, via une démarche scientifique et fondée sur des observations de terrain, les impacts de l'IA sur le travail, la formation, l'emploi et les compétences, afin d'éclairer les décideurs publics et privés. Il a également vocation à animer le débat public sur ces questions et à rassembler les partenaires qui travaillent sur ce sujet (laboratoires de recherche, autres ministères, lauréats AMI-CMA…). Un des axes de travail du LaborIA a pour objectif d'investiguer de manière sectorielle l'impact de l'IA sur l'emploi, la formation et les situations de travail au sein des secteurs des industries de production et logistique et des industries culturelles et créatives. Un rapport d'étude sur les « Enjeux de l'IA pour les établissements artistiques » devrait paraître courant septembre 2025.

- page 4196

Page mise à jour le