Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 10/10/2024

M. Bruno Rojouan attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt sur les difficultés rencontrées par la filière chevreaux.

La filière longue de commercialisation des chevreaux de boucherie en Auvergne-Rhône-Alpes est actuellement confrontée à une situation préoccupante. Bien que des efforts aient été déployés pour promouvoir l'engraissement à la ferme et la valorisation locale de la viande de chevreau, plus de 80 % des chevreaux de boucherie de la région sont encore orientés vers la filière longue. Cette dépendance met en lumière la fragilité des acteurs spécialisés dans l'engraissement des chevreaux, qui sont indispensables pour permettre aux éleveurs caprins d'externaliser cette étape et de trouver des débouchés pour leurs animaux.

Les engraisseurs spécialisés, notamment ceux du sud-est, jouent un rôle essentiel en collectant les chevreaux sur le territoire et en les commercialisant auprès d'abatteurs spécialisés. Cependant, ils font face à des hausses de coûts de production dans un contexte inflationniste, ce qui menace leur pérennité. La situation économique difficile de ces engraisseurs pourrait avoir des répercussions graves sur l'ensemble de la filière caprine régionale, remettant en cause son équilibre et sa durabilité.

Dans ce contexte, il souhaite savoir quelles mesures le Gouvernement compte mettre en place pour consolider et structurer la filière chevreaux de manière durable, assurant ainsi la pérennité de l'activité des engraisseurs et la stabilité de la filière caprine régionale.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire


Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 05/06/2025

La filière caprine propose une production de viande de chevreau de qualité, qui a toute sa place dans l'équilibre alimentaire et qui peut contribuer à renforcer la souveraineté en matière de production carnée. Toutefois, cette filière viande est confrontée à une fragilité structurelle : il s'agit d'une production à faible volume, très saisonnière, dans la mesure où 72 % des chevreaux sont produits entre les mois de février et mai à l'occasion des fêtes de Pâques, et tournée vers l'export, lequel représente 55 % des débouchés de la production nationale de chevreaux. La valorisation des chevreaux permet de répondre au double enjeu, d'améliorer la rémunération des éleveurs mais également de préparer la filière à l'évolution de la législation européenne sur le bien-être animal qui s'annonce sur la question de la protection des jeunes animaux non sevrés. En outre, la filière souffre du fait de sa taille, d'une concentration des activités d'engraissement et d'abattage. Dans ce contexte, le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire se mobilise depuis plusieurs années pour garantir un maintien de l'activité : en 2020, un soutien financier de 1,2 million d'euros (Meuros) a permis aux trois abatteurs de chevreaux les plus importants de faire face à la crise de covid-19. Ce soutien s'est accompagné d'un suivi rapproché de la concrétisation des engagements du plan de filière impliquant les opérateurs lait et viande de la filière caprine. Le ministère a également soutenu le travail de structuration de la filière initié en 2021, en particulier par l'interprofession Interbev (association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes), en mobilisant en particulier les soutiens financiers de France Relance et du compte d'affectation spécial pour le développement agricole et rural (CASDAR). De plus, depuis le 1er janvier 2023, la totalité de la filière caprine, y compris pour la viande, est concernée par l'application de la loi EGALIM 2, notamment la contractualisation obligatoire associée à la prise en compte d'indicateurs de coûts de production, qui constitue un levier pour répartir plus équitablement la valeur au sein de la filière. L'État accompagne également la filière dans le développement de l'activité d'engraissement de chevreaux au travers du projet Cabri+, lauréat de l'appel à projet financé sur le CASDAR, Démultiplication 2024 et qui a ainsi bénéficié d'une contribution de l'État à hauteur de près de 500 000 euros. Ce projet sur trois ans et demi vise à diffuser largement les ressources et connaissances disponibles relatives à l'engraissement du chevreau en ferme tout en favorisant leur appropriation par les acteurs des territoires. Il permettra de démultiplier les résultats obtenus dans le précédent projet Val Cabri (2019/2022), également réalisé avec la contribution financière du CASDAR. Sur le plan local, les services se mobilisent enfin lorsque des situations difficiles fragilisent la filière. Ainsi, après l'arrêt d'activité d'un important engraisseur de chevreaux dans les Bouches-du-Rhône en septembre 2024, les services de l'État se sont organisés avec les professionnels de la filière afin de garantir le maintien de l'activité dans la région et ne pas mettre en difficulté les éleveurs, et un repreneur de l'activité a été annoncé en 2025. Il est prévu que les chevreaux lourds de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur ainsi qu'une part conséquente des chevreaux lourds de la région Auvergne-Rhône-Alpes soient pris en charge par cet établissement.

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