Question de Mme MONIER Marie-Pierre (Drôme - SER) publiée le 24/10/2024

Mme Marie-Pierre Monier appelle l'attention de Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt sur la grande fragilité de la filière des chevreaux de boucherie.

Aujourd'hui, plus de 80 % des chevreaux de boucherie nés en Auvergne-Rhône-Alpes sont orientés vers la filière longue en dépit des actions engagées pour promouvoir l'engraissement à la ferme et la valorisation locale de la viande de chevreau, telle que la démarche « label rouge » mise en oeuvre par le syndicat Caprin de la Drôme.

Maillon essentiel de l'organisation de cette filière, le nombre des engraisseurs spécialisés de chevreaux a diminué en raison de l'écrasement de leurs marges dans le contexte inflationniste et n'est plus suffisant pour permettre aux éleveurs caprins d'externaliser l'engraissement des chevreaux et de leur trouver un débouché. C'est l'équilibre de la filière caprine tout entière qui est en cause.

Afin de conforter son activité, la filière chevreaux propose deux pistes d'actions : un appui à la modernisation des ateliers, afin que les engraisseurs puissent améliorer leurs coûts et un accompagnement vers la contractualisation entre engraisseurs et abatteurs, pour mieux prendre en compte les coûts de production dans les prix d'achat des chevreaux gras.

Aussi, elle lui demande quelles réponses elle est en mesure d'apporter à ces propositions et plus largement aux difficultés rencontrées par la filière chevreaux.

- page 4126

Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire


Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 05/06/2025

La filière caprine propose une production de viande de chevreau de qualité, qui a toute sa place dans l'équilibre alimentaire et qui peut contribuer à renforcer la souveraineté en matière de production carnée. Toutefois, cette filière viande est confrontée à une fragilité structurelle : il s'agit d'une production à faible volume, très saisonnière, dans la mesure où 72 % des chevreaux sont produits entre les mois de février et mai à l'occasion des fêtes de Pâques, et tournée vers l'export, lequel représente 55 % des débouchés de la production nationale de chevreaux. La valorisation des chevreaux permet de répondre au double enjeu, d'améliorer la rémunération des éleveurs mais également de préparer la filière à l'évolution de la législation européenne sur le bien-être animal qui s'annonce sur la question de la protection des jeunes animaux non sevrés. En outre, la filière souffre du fait de sa taille, d'une concentration des activités d'engraissement et d'abattage. Dans ce contexte, le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire se mobilise depuis plusieurs années pour garantir un maintien de l'activité : en 2020, un soutien financier de 1,2 million d'euros (Meuros) a permis aux trois abatteurs de chevreaux les plus importants de faire face à la crise de covid-19. Ce soutien s'est accompagné d'un suivi rapproché de la concrétisation des engagements du plan de filière impliquant les opérateurs lait et viande de la filière caprine. Le ministère a également soutenu le travail de structuration de la filière initié en 2021, en particulier par l'interprofession Interbev (association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes), en mobilisant en particulier les soutiens financiers de France Relance et du compte d'affectation spécial pour le développement agricole et rural (CASDAR). De plus, depuis le 1er janvier 2023, la totalité de la filière caprine, y compris pour la viande, est concernée par l'application de la loi EGALIM 2, notamment la contractualisation obligatoire associée à la prise en compte d'indicateurs de coûts de production, qui constitue un levier pour répartir plus équitablement la valeur au sein de la filière. L'État accompagne également la filière dans le développement de l'activité d'engraissement de chevreaux au travers du projet Cabri+, lauréat de l'appel à projet financé sur le CASDAR, Démultiplication 2024 et qui a ainsi bénéficié d'une contribution de l'État à hauteur de près de 500 000 euros. Ce projet sur trois ans et demi vise à diffuser largement les ressources et connaissances disponibles relatives à l'engraissement du chevreau en ferme tout en favorisant leur appropriation par les acteurs des territoires. Il permettra de démultiplier les résultats obtenus dans le précédent projet Val Cabri (2019/2022), également réalisé avec la contribution financière du CASDAR. Sur le plan local, les services se mobilisent enfin lorsque des situations difficiles fragilisent la filière. Ainsi, après l'arrêt d'activité d'un important engraisseur de chevreaux dans les Bouches-du-Rhône en septembre 2024, les services de l'État se sont organisés avec les professionnels de la filière afin de garantir le maintien de l'activité dans la région et ne pas mettre en difficulté les éleveurs, et un repreneur de l'activité a été annoncé en 2025. Il est prévu que les chevreaux lourds de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur ainsi qu'une part conséquente des chevreaux lourds de la région Auvergne-Rhône-Alpes soient pris en charge par cet établissement.

- page 2969

Page mise à jour le