Question de M. CORBISEZ Jean-Pierre (Pas-de-Calais - CRCE-K) publiée le 19/12/2024

M. Jean-Pierre Corbisez attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques, chargée de l'énergie concernant l'insuffisante prise en considération de la production d'énergie marémotrice.
Plus de 70 % de notre planète est couverte par des océans et des mers, représentant un potentiel de 140 millions de kilomètres cube de matière en mouvement perpétuel. En France, sur la base des principaux gisements marémoteurs, situés en Normandie et dans la région des Hauts de France, ce sont 15 Gigawatts de production d'énergie marémotrice possiblement mobilisables.
L'exploitation de l'énergie des marées, à travers la construction de lagons marémoteurs sur nos côtes, représente une perspective unique en matière de production d'énergie verte, 100 % renouvelable : un lagon marémoteur produit ainsi de l'électricité à chaque marée montante et descendante, pendant environ 14 heures chaque jour et ce, de manière entièrement prédictible. Sur la base de 5 lagons marémoteurs, de 50 à 10 kilomètres carré, le potentiel de production annuelle en France pourrait s'établir à 25 Terawatts heure, soit 5 % de la consommation électrique dans notre pays, équivalent à la production réalisée par deux réacteurs nucléaires de type EPR.
Or, alors que s'est engagée la révision de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la feuille de route présentée par le Gouvernement semble laisser de côté toute planification de développement de cette énergie décarbonée en se donnant uniquement comme objectif de « Continuer à suivre le potentiel, le coût et la faisabilité (...) des énergies marines ».
Si nous voulons renforcer notre souveraineté énergétique, si nous voulons augmenter nos capacités de production d'énergies renouvelables, si nous voulons réduire notre dépendance aux fluctuations économiques du marché des énergies carbonées, nous devons nous doter d'un plan ambitieux en faveur du développement de l'énergie marémotrice.
De ce point de vue, au-delà des objectifs inscrits dans la PPE qui sont à revoir, il convient d'adapter et de sécuriser les outils législatifs, réglementaires et financiers susceptibles d'accompagner de façon efficace et durable les projets de lagons marémoteurs.
Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement entend infléchir ses orientations en faveur de l'énergie marémotrice dans la future programmation pluriannuelle de l'énergie et quelles mesures concrètes il envisage de prendre pour accompagner son développement.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 29/05/2025

Le parlementaire attire l'attention du Gouvernement sur la place de l'énergie marémotrice dans la future programmation pluriannuelle de l'énergie et les mesures d'accompagnement de son développement. L'énergie marémotrice consiste à profiter du flux et du reflux de la marée pour actionner des turbines et produire de l'électricité. Les installations marémotrices existantes dans le monde sont uniquement situées en estuaire. Aujourd'hui, l'usine marémotrice de la Rance de 238 MW est la seule en fonctionnement en France, dans une localisation faisant l'objet de forts marnages, le golfe Normand-Breton (10 à 15 m de marnage). À l'échelle mondiale, le marémoteur représente actuellement une puissance de 521,5 MW contre 63 200 MW pour l'éolien en mer alors même que les technologies pour le marémoteur sont disponibles depuis plus longtemps que pour l'éolien en mer. Ces chiffres illustrent au niveau mondial la difficulté qu'il y a à développer de nouveaux moyens de production marémoteurs. Les impacts liés à la modification du régime des marées, que ce soient sur l'envasement (sédiments), l'écosystème, les habitats estuariens, les usages côtiers, la navigation, sont souvent à l'origine de difficultés. L'idée de la création de lagons en dehors des estuaires a été portée pendant le débat public « La mer en débat » mené en 2024 par l'entreprise « France marémoteur » dans le cadre notamment d'un cahier d'acteur. Ces lagons consistent en une grande digue marine attachée au littoral avec un passage pour le flux et le reflux de la marée permettant de produire de l'électricité. Il n'existe à notre connaissance pas de projets de type lagon hormis celui de Tidal Lagoon Swansea Bay, que le gouvernement britannique a finalement décidé de ne pas soutenir au regard du coût et de la durée importante qui aurait été nécessaire pour amortir l'installation. La maturité de tels projets reste donc à démontrer, notamment par des études de faisabilité et de coûts, et par des analyses de leurs impacts sur l'environnement et les activités existantes, qui sont potentiellement significatifs. Pour effectuer ce travail, les projets éventuels pourraient par exemple solliciter les aides aux études du Fonds européen de développement régional (FEDER) ou candidater au programme d'aide européen « Innovation fund » ou encore à un appel à projets de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Pour ces raisons, il n'est pas prévu d'objectif chiffré de développement de projets marémoteurs dans le projet de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Le parlementaire peut être assuré que les services de l'État continuent de suivre l'innovation en particulier dans les énergies marines renouvelables et veillent au développement d'une production d'électricité décarbonée et compétitive en France.

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