Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 06/02/2025

Mme Catherine Dumas rappelle à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur les termes de sa question n° 00991 sous le titre « Conséquences d'une possible arrivée de la « drogue du zombie » à Paris et en France », qui n'a pas obtenu de réponse à ce jour.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 05/06/2025

D'après l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) « L'appellation 'drogue du zombie' ne désigne pas une substance particulière de manière pérenne. Depuis 2023, cette appellation a été popularisée pour désigner une substance émergente, constituée de xylazine, une molécule utilisée en médecine vétérinaire, en particulier en anesthésie, associée à un antalgique opioïde puissant, le fentanyl. Ce mélange est également appelé 'Tranq dope'. L'appellation 'drogue du zombie' a été, plusieurs fois dans le passé, appliquée à d'autres substances ou mélange de substances ». La xylazine est utilisée aux États-Unis pour augmenter les effets du fentanyl. Classé dans la famille des opioïdes de synthèse, le fentanyl est un médicament anti-douleur prescrit dans le traitement de maladies graves. Il s'agit de l'un des opioïdesles plus puissants, 50 fois plus que l'héroïne. Son usage détourné, sa surconsommation et sa contrefaçon sont à l'origine d'une crise sanitaire majeure en Amérique du Nord depuis les années 1990. Aux États-Unis, il constitue actuellement la première cause des surdoses mortelles enregistrées. Dans l'Union européenne, si une augmentation de son usage est observée au Royaume-Uni, le fentanyl illicite se consomme surtout en Finlande et dans les pays baltes. Même si la consommation de fentanyl et de ses dérivés tend à diminuer dans l'Union européenne, les acteurs de la santé publique comme les forces de l'ordre restent vigilants. Comme pour d'autres substances en effet, des signaux indiquent que les cartels mexicains pourraient collaborer avec des groupes criminels européens pour développer le trafic de fentanyl en Europe. La production de fentanyl est en nette hausse au Mexique, alors que le marché américain est saturé, et les saisies de fentanyl, de précurseurs chimiques et d'outils de production tendent à augmenter en Estonie, aux Pays-Bas et en Belgique. En France, le fentanyl est classé comme stupéfiant depuis 1990. Il fait l'objet, avec ses précurseurs chimiques, d'une surveillance pharmaceutique renforcée. Sa consommation est plutôt faible et pour l'essentiel limitée à des cas de mésusage de fentanyl d'origine médicale. Les surdoses mortelles sont extrêmement rares. Le fentanyl pharmaceutique et le fentanyl illicite ne font pas l'objet, contrairement à d'autres stupéfiants, d'un « marché » établi et stable. Des achats de fentanyl pharmaceutique à des fins de consommation individuelle sont toutefois observés sur le « darknet » francophone, de même que des achats à partir d'ordonnances falsifiées. La vente de fentanyl illicite s'effectue principalement sur le marché numérique, en général sous la forme de poudre expédiée par voie postale. À ce jour, un seul laboratoire de fabrication de fentanyl a été démantelé sur le territoire national (à Paris, en 2018). Les saisies annuelles de fentanyl demeurent exceptionnelles, en général en interceptant des colis (expédiés des États-Unis, des Pays-Bas…). Elles se comptent d'ailleurs en grammes et non en kilogrammes. En 2019, de manière exceptionnelle, 10,6 kg de fentanyl avaient été saisis lors d'une opération douanière au port de Dieppe (dont 10 kg en provenance d'Espagne et à destination du Royaume-Uni). En Europe et en France, où le phénomène est à ce stade limité, l'usage de fentanyl détourné ou contrefait n'en constitue pas moins un point de vigilance, que ce soit en matière de veille sanitaire ou sur le plan du trafic. La France participe ainsi, avec une centaine de pays et organisations, à la « coalition mondiale pour la lutte contre les drogues de synthèse » lancée par les États-Unis en juillet 2023 et les services de gendarmerie et de police du ministère de l'intérieur sont mobilisés, sous l'égide de l'Office anti-stupéfiants (OFAST) de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ). L'office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), en lien direct avec le commandement pour l'environnement et la santé (CESAN) rattaché à la gendarmerie nationale, conduit la lutte contre le trafic de médicaments. Dans le cas présent, la lutte se concentre sur les médicaments qui sont détournés de leur usage légitime à d'autres fins que médicales. L'OCLAESP mène régulièrement des enquêtes en lien avec des médicaments à usage humain à base de Fentanyl obtenus illicitement dans des pharmacies. Ces médicaments peuvent alimenter divers trafics destinés à la consommation d'usagers toxicomanes. Une très grande vigilance est également portée sur le sujet des vols de ce produit qu'il soit présenté sous forme de spécialités pharmaceutiques ou de matière première à usage pharmaceutique. À ce jour, l'OFDT, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) ou, par exemple, l'Agence régionale de santé d'Île-de-France, n'ont pas fait état d'un accroissement particulier de l'usage de la xylazine sur le territoire. Le ministère de l'intérieur reste cependant pleinement mobilisé et particulièrement vigilant quant à une éventuelle diffusion du fentanyl sur le territoire national. Nonobstant, la lutte contre la drogue et les trafics de stupéfiants constitue une priorité absolue des services de police et de gendarmerie, qui mettent en oeuvre d'importants moyens dans le cadre du plan national de lutte contre les stupéfiants. S'agissant des aspects préventionnels, les policiers formateurs anti-drogue (PFAD de la police nationale, désormais dénommés « officiers de prévention ») et les formateurs relai anti-drogue (FRAD côté gendarmerie nationale) réalisent des interventions pédagogiques en milieu scolaire mais aussi auprès des personnels de leurs institutions respectives. En outre, dans le cadre du partenariat avec le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse, les policiers des missions de prévention de contact et d'écoute (MPCE) de la préfecture de police, comme les actuels correspondants police-sécurité de l'école (CPSE) - qui deviendront, à terme, les « officiers de prévention » - déployés à l'échelon local et départemental dans les commissariats du reste de la France, élaborent à chaque rentrée scolaire, en lien avec les chefs d'établissement, un programme d'interventions diversifié pour sensibiliser les élèves (écoliers, collégiens et lycéens) aux phénomènes émergents de la délinquance et aux conduites à risques. Les messages dispensés passent par un rappel de la législation et portent sur les dangers sanitaires et sociaux induits par l'usage des drogues et la consommation excessive d'alcool. Ils visent également à démythifier les idées reçues sur certaines substances, comme la désinhibition procurée par l'alcool, l'image « festive et branchée » de la cocaïne ou la prétendue sociabilité associée au cannabis et, plus récemment, la recrudescence de l'usage détourné du protoxyde d'azote. Les « nouveaux produits de synthèse » (NPS) ou « nouvelles substances psychoactives » (NSP), dont font effectivement partie les opioïdes de synthèse (fentanyloïdes, etc.), sont abordés lors des actions de prévention dans les établissements scolaires à partir du lycée. Enfin, la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Paris réalise également des actions de prévention des drogues auprès des lycéens, des étudiants et des adultes. Elle procède également à des sessions de formation auprès des responsables et employés des établissements de nuit.

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