Question de M. KERROUCHE Éric (Landes - SER) publiée le 13/02/2025
M. Éric Kerrouche interroge M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur , sur les dérives constatées dans le système d'immatriculation des véhicules (SIV), depuis sa réforme en 2017. Cette réforme, qui a introduit une privatisation partielle du système, permet aux professionnels de l'automobile habilités par les préfectures d'intervenir directement sur les données du système.
Cependant, plusieurs rapports et enquêtes ont mis en lumière une recrudescence des fraudes liées à cette nouvelle organisation. Parmi les pratiques frauduleuses les plus courantes, on retrouve la création de déclarations d'achat fictives permettant d'échapper aux contraventions, de contourner les malus écologiques ou encore de blanchir un véhicule volé ou accidenté afin de le revendre par la suite. Ces agissements qui exposent les usagers à des risques accrus, favorisent également des pratiques illégales liées à la revente de véhicules.
Malgré les sanctions prises à l'encontre de nombreux professionnels habilités qui sont suspendus ou exclus chaque année, l'ampleur réelle du phénomène demeure difficile à évaluer. Dans ce contexte, il souhaite savoir quelles actions ont été mises en place ou envisagées pour lutter efficacement contre ces fraudes et renforcer la sécurité et la transparence du système d'immatriculation des véhicules.
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Transmise au Ministère de l'intérieur
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 04/12/2025
Le ministère de l'intérieur est pleinement engagé contre les fraudes à l'immatriculation qui peuvent avoir de lourdes conséquences pour nos concitoyens, en termes administratifs, et qui alimentent des trafics illégaux. Pour apporter une réponse ferme, et protéger nos concitoyens, un plan de lutte contre la fraude est ainsi mis en place par le ministère. 32 millions d'opérations sont enregistrées chaque année dans le système d'immatriculation des véhicules (SIV). 85 % de ces demandes sont entièrement dématérialisées et deux tiers de ces opérations sont suscités par les 33 000 professionnels qui disposent d'un accès au SIV. Si cette dématérialisation constitue un progrès, simplifiant considérablement les démarches pour les usagers, cette réforme lancée en 2018 a créée des failles dans le système d'immatriculation que les fraudeurs ont exploitées. Si la fraude à l'immatriculation reste marginale au regard du nombre de véhicules en circulation, elle n'en présente pas moins un caractère réel et massif : pour 55 millions de véhicules immatriculés au SIV et 12 millions de certificats d'immatriculation délivrés par an, 250 000 véhicules frauduleusement immatriculés sont identifiés en moyenne chaque année. Or ces fraudes alimentent autant des pratiques individuelles visant à échapper à des taxes, que des réseaux de vol, de maquillage et de recel de véhicules, ou encore la criminalité organisée qui cherche à anonymiser des véhicules pour développer des trafics. Dans ce cadre, les services enquêteurs de la gendarmerie comme de la police se sont saisis de cet enjeu majeur développant de véritables opérations de contrôles des professionnels habilités et de recherches de fraudeurs visant à faire cesser leurs agissements. En Île-de-France par exemple, 138 « garages fantômes » (ayant plus de 1000 véhicules en déclaration d'achat) ont ainsi été identifiés. En parallèle, un plan ministériel de lutte contre la fraude à l'immatriculation a été développé et sera prochainement annoncé, dont une partie des mesures est d'ores et déjà en cours de mise en oeuvre. Il s'agit notamment de revoir les conditions d'habilitation des professionnels ou encore de donner de nouvelles capacités d'action aux forces de sécurité intérieure. Enfin, le SIV fait actuellement l'objet d'une refonte dans le cadre du projet SIV 2, qui offrira des outils plus performants pour renforcer la lutte contre la fraude.
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