Question de Mme SOUYRIS Anne (Paris - GEST) publiée le 27/02/2025
Mme Anne Souyris attire l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation sur la réduction continue du réseau des bureaux de poste à Paris.
Alors qu'en 2014, la capitale comptait près de 190 bureaux de plein exercice, ce nombre est tombé à 132 en décembre 2024. Dans le même temps, la multiplication des points relais externalisés ne saurait compenser ces fermetures, ces structures n'offrant qu'un service partiel et ne remplissant pas la mission d'accompagnement et de service public historiquement portée par La Poste.
Les annonces récentes de la direction parisienne de La Poste sont particulièrement inquiétantes : quarante bureaux de poste supplémentaires pourraient disparaître d'ici 2026, aggravant ainsi la fracture territoriale et sociale. Cette stratégie met en péril l'accessibilité aux services postaux, notamment pour les personnes âgées, les populations précaires et les petites entreprises qui dépendent encore largement du courrier et des services bancaires postaux.
Par ailleurs, le financement des points relais commerciaux par le fonds postal national de péréquation territoriale, alimenté en partie par les allégements fiscaux dont bénéficie La Poste, soulève des interrogations quant à l'utilisation de l'argent public pour financer une externalisation du service postal.
Enfin, la suppression de milliers de postes de facteurs et d'agents, ainsi que la diminution du nombre de boîtes postales de rue, entravent encore davantage l'accès à ce service essentiel et participent à la dégradation des conditions de travail des postiers.
Elle lui demande donc quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour garantir un maillage postal suffisant à Paris et éviter que la privatisation progressive de ce service public ne prive les citoyens d'un accès de proximité aux services postaux essentiels. Elle souhaite également savoir comment l'État entend contrôler l'usage des fonds publics alloués à La Poste afin de s'assurer qu'ils servent bien au maintien d'un service d'intérêt général de qualité pour tous les usagers.
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Transmise au Premier ministre
Réponse du Premier ministre publiée le 26/06/2025
La loi du 9 février 2010, qui a transformé La Poste en société anonyme, a également confirmé les quatre missions de service public confiées à l'entreprise : le service universel postal, le transport et la distribution de la presse, la contribution à l'aménagement du territoire puis, en dernier lieu, l'accessibilité bancaire. La loi fixe oblige notamment La Poste de maintenir au moins 17 000 points de contact répartis sur le territoire, de sorte que 90 % au moins de la population d'un département ait accès à un point de contact postal à moins de 5 km ou 20 minutes de trajet automobile. Dans un contexte général de baisse de fréquentation de ses bureaux La Poste doit en permanence adapter les modalités de sa présence. Toutes les transformations et les adaptations horaires sont réalisées dans le respect du contrat de présence postale signé par la Poste, l'Association des maires de France (AMF) et l'État. Ce contrat stipule notamment que pour remplir sa mission, La Poste adapte son réseau de points de contact en nouant des partenariats locaux publics ou privés, à l'exemple des agences postales communales et des points La Poste Relais, tout en recherchant la meilleure efficacité économique et sociale. Ces adaptations s'effectuent toujours en dialogue avec les élus concernés. Des enquêtes régulières auprès des Français montrent que cette solution correspond bien aux attentes de nos concitoyens. Les résultats du dernier baromètre annuel de satisfaction des partenariats (réalisé à la demande de l'Observatoire national de la présence postale) montrent que les élus se disent satisfaits à 99 % des agences postales communales et à 94 % pour les relais-commerçants (respectivement 91 % et 87 % pour le grand public). L'actuel contrat de présence postale, signé en février 2023, porte des engagements forts de la part de La Poste et de l'AMF pour améliorer la qualité de service, notamment en matière d'amplitude horaire mais aussi de lutte contre les fermetures intempestives. Dès 2021, le Gouvernement s'était engagé à maintenir la compensation versée en faveur de La Poste au même niveau - et ce en contrepartie d'une amélioration de la qualité de service. À Paris spécifiquement, la fréquentation des bureaux de poste a chuté de 50 % depuis 2019. En dix ans, cette fréquentation est passée de 120 000 clients par jour à 50 000. Fin 2024, La Poste compte 200 points de contact (130 bureaux de poste et 70 La Poste Relais), soit le double du maillage imposé par la loi (1 bureau pour 20 000 habitants) et l'équivalent d'un bureau de poste tous les 800 mètres. Le nombre de commerçants partenaires La Poste Relais est stable, fixé à 70 et comptabilisés dans les 17 000 points de contact. Ces dernières années, La Poste a dynamisé sa politique partenariale auprès des commerçants de Paris pour densifier son maillage, gagner en proximité, accessibilité et répondre aux nouveaux usages des clients. En effet, 700 commerçants de Paris ont diversifié leur activité et proposent désormais des services postaux (en particulier 500 relais Pickup, 70 relais-commerçants et 10 kiosques). 133 consignes à colis sont déployées dans la ville et répondent à la demande croissante de livraisons hors domicile. Dans une capitale comme Paris et dans les grandes métropoles, La Poste est amenée à tester de nouvelles formes de présence postale plus innovantes. C'est le cas du partenariat avec les kiosques parisiens. À la fin de l'année 2025, une trentaine de kiosques proposeront les services de base comme le dépôt et l'affranchissement de courriers et de colis ainsi que la vente de timbres et d'enveloppes. En trois ans, La Poste a ouvert cinq points d'accès aux droits « France Services » au sein de cinq de ses bureaux. Elle porte donc désormais cinq « France Services » sur neuf à Paris, trois ouvertures ayant eu lieu en 2024. À propos du soutien aux clientèles vulnérables, plus de 200 000 euros issus du fonds de péréquation sont affectés chaque année à la médiation et à l'interprétariat dans certains Bureaux de Poste (Goncourt, Belleville, Marx Dormoy, Sambre et Meuse, Château Rouge, Bichat, Porte de la Chapelle et Saint-Blaise). Dans le respect du contrat de présence postale, les projets d'évolution du réseau sont présentés au sein de la Commission de présence postale territoriale qui se réunit trois fois par an. Pour toute évolution, les maires d'arrondissement sont rencontrés et consultés sur la base de l'offre de services.
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