Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 13/03/2025
Mme Catherine Dumas attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur les dangers liés aux explorations illicites dans les catacombes de Paris.
Elle note que l'accès aux catacombes est interdit depuis un arrêté préfectoral du 2 novembre 1955, pourtant de nombreux explorateurs continuent de s'y aventurer clandestinement, malgré les risques encourus. Ces explorations illégales, pratiquées par des « cataphiles », sont non seulement dangereuses mais également illégales, exposant les contrevenants à des amendes.
Elle précise que ces incursions illégales posent des problèmes de sécurité publique. En 2017, deux adolescents se sont perdus pendant trois jours dans les catacombes, nécessitant une mobilisation très importante des services de secours, notamment le groupe de recherche et d'intervention en milieu périlleux (GRIMP) et la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).
Elle constate que malgré les interdictions et les dangers connus, les explorations clandestines persistent, mettant en péril la sécurité des individus et la préservation du patrimoine souterrain de la ville. Les autorités compétentes, notamment l'Inspection générale des carrières et la brigade spécialisée de la police nationale, peinent à endiguer ce phénomène, malgré des patrouilles régulières et des actions de fermeture des accès illégaux.
Elle souhaite par conséquent lui demander ce que le Gouvernement entend mettre en oeuvre pour renforcer la sécurité et la protection des catacombes, prévenir les explorations illégales et préserver ce patrimoine historique unique.
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 05/06/2025
Les catacombes de Paris forment, en sous-sol de la capitale, un dédale de 280 km de galeries. Leur accès est formellement interdit par un arrêté préfectoral du 2 novembre 1955, notamment en raison de la dangerosité des lieux (risques d'égarement, d'éboulement, de chute dans des puits). Au sein de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police, le groupe d'intervention et de protection (GIP), composé de la brigade de protection et de la brigade d'intervention, est chargé de la sécurisation des carrières. Sa mission consiste en premier lieu à rechercher, reconduire en surface et verbaliser les individus se trouvant illégalement dans les carrières de Paris. Elle consiste également à mettre en place un plan de recherche par secteur en cas de signalement de personnes disparues. La brigade de protection effectue des patrouilles quasi-quotidiennes sur des vacations de journée (entre 8 heures et 20 heures) pour assurer la formation interne, procéder aux vérifications techniques et à la sécurisation générale du réseau. À cette occasion, elle est en relation avec l'inspection générale des carrières (IGC), service dépendant de la mairie de Paris. Elle est sa principale interlocutrice pour lui signaler des plaques d'accès dessoudées ou le creusement de passages appelés « chatières ». L'IGC procède en réponse au scellement de plaques d'accès et à l'injection de béton dans les galeries. La brigade de protection organise également mensuellement des missions de sécurisation en soirée et de nuit pour contrôler la fréquentation du réseau et reconduire en surface les cataphiles. La nuit (entre 21 heures et 6 heures) et les week-ends, la brigade d'intervention est déployée pour secourir des personnes égarées. En 2024, 342 contraventions ont été rédigées pour non-respect des dispositions de l'arrêté précité de 1955. 13 individus ont également été mis à disposition de l'autorité judiciaire (violation d'un terrain militaire sous le Val de Grâce, infractions à la législation sur les stupéfiants et port d'arme prohibé). Pour prendre en compte et évacuer les blessés, les militaires du groupe de recherche et d'intervention en milieu périlleux (GRIMP) de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris sont compétents pour intervenir dans les carrières du sous-sol de la capitale. Entre 2020 et 2023, ces lieux ont généré 17 interventions des sapeurs-pompiers, permettant de porter assistance à 104 victimes. Ce sont des opérations souvent longues (3h en moyenne) qui mobilisent près d'une quinzaine de militaires et 4 véhicules de secours. Deux opérations conjointes de secours ont été réalisées par le GIP et le GRIMP en 2024 pour des personnes en difficulté. Au regard du linéaire à couvrir en sécurisation, le dispositif actuel paraît correctement dimensionné. Toutefois, l'apparition cyclique de nouvelles brèches engendre ponctuellement une hausse de fréquentation des sous-sols parisiens. Une fois les accès détectés et refermés, le nombre de visiteurs diminue fortement. Aussi, des mesures sont prises régulièrement pour réduire le nombre d'accès aux carrières, notamment avec le renforcement des dispositifs de verrouillage des puits, le scellement des plaques d'accès et la présence policière. Une faiblesse du dispositif actuel réside dans la porosité entre le réseau des carrières et des galeries techniques. Les opérateurs de réseaux peuvent se montrer réticents à supporter le coût financier des opérations de "rebouchage" des chatières. Enfin, depuis novembre 2024, l'arsenal de répression a évolué vers une verbalisation à l'aide d'un procès verbal électronique qui facilite la rédaction et le suivi du relevé d'infraction. Les infractions à l'arrêté préfectoral du 2 novembre 1955 sont ainsi passibles d'une amende forfaitaire d'un montant de 135 euros avec une majoration à 375 euros.
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