Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 03/04/2025
M. Stéphane Demilly attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères à propos de l'arrestation de Boualem Sansal. L'écrivain franco-algérien a été arrêté et accusé d'« atteinte à la sûreté de l'Etat et à l'intégrité du territoire ».
Il est maintenu en détention dans une chambre pénitentiaire de l'hôpital Mustapha où il est soigné pour un cancer, puisque la cour d'appel d'Alger a rejeté, mi-décembre, sa demande de remise en liberté.
Le ciel de Boualem Sansal, 80 ans, s'obscurcit chaque jour un peu plus. L'écrivain est dorénavant visé par un nouveau chef d'accusation : « intelligence avec des parties étrangères », selon une information du média algérien TSA. Il a été présenté, cette fois-ci, la semaine dernière, à un juge de la quatrième chambre du tribunal de Dar El Beida.
Pourquoi ne pas l'inculper pour intelligence tout court ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une pensée qui dérange par sa liberté même ; liberté de penser, de dire, de critiquer le pouvoir en place et l'islamisme qui gangrène la société.
Le 20 mars 2025, le parquet algérien a requis 10 ans de prison ferme à l'encontre de Boualem Sansal.
Touché par la maladie et détenu dans des conditions loin d'être optimales, cette peine sonne comme une condamnation à mort pour l'écrivain, Grand prix de l'Académie française.
Cette situation est inacceptable.
L'avocat de l'écrivain va saisir l'Organisation des Nations unies (ONU) pour dénoncer une détention qui est de toute évidence arbitraire.
Son maintien en détention et sa privation d'accès à l'extérieur sont non seulement une violation des droits de la défense, mais aussi une violation des « normes Mandela », les règles que la communauté internationale reconnaît comme le standard minimum de tous les détenus dans le monde.
Sa famille et son avocat restent parfois plusieurs semaines sans aucune nouvelle de lui, alors même qu'il devait débuter des sessions de radiothérapie.
Boulaem Sansal est l'otage d'une relation en feu entre la France et l'Algérie. Il est un symbole, mais un symbole fragile, un symbole qui s'éteint petit à petit. Il s'agit maintenant d'une course contre la montre pour venir en aide à notre compatriote.
Dans un contexte diplomatique pour le moins électrique, il l'interroge pour connaître les mesures allant être prises pour sauver notre compatriote Boualem Sansal.
- page 1502
Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 04/09/2025
La Cour d'appel d'Alger a confirmé la peine prononcée en première instance, condamnant Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme. Nous déplorons vivement cette décision. Nous avons appelé à plusieurs reprises les autorités algériennes à faire preuve de clémence et à trouver une issue rapide, humanitaire et digne à la situation de notre compatriote, prenant en compte son état de santé. Notre souhait est qu'il puisse être libéré et soigné dans les meilleures conditions. C'est le sens des messages que nous passons et que nous continuerons de passer auprès des autorités algériennes, aussi longtemps que notre compatriote n'aura pas recouvré sa liberté. Le Président de la République, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et l'ensemble des services de l'Etat concernés restent pleinement mobilisés en faveur de la libération de notre compatriote.
- page 4798
Page mise à jour le