Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 17/04/2025
M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères à propos du financement des laboratoires publics départementaux.
Il rappelle que l'association des laboratoires privés Aprolab a récemment déposé une plainte auprès de la Commission européenne visant plusieurs laboratoires publics français dont LABÉO, pôle d'analyses et de recherche interdépartemental de Normandie. Le Gouvernement français en a été informé par la direction générale de la concurrence en février 2025.
Cette plainte ciblait les compensations attribuées aux laboratoires départementaux d'analyses par les conseils départementaux et qui, selon le plaignant, fausseraient le coût des analyses dans le domaine concurrentiel privé.
Elle fait suite à une plainte identique déposée en 2014 dont la procédure a été suspendue en 2020 par la Commission européenne à la faveur de la recherche d'une solution amiable entre les autorités françaises et le groupement Aprolab. Cette solution consistait en la mise en place du mandat de service d'intérêt économique général (SIEG) pour les laboratoires d'analyses départementaux (décret n° 2023-1358 du 28 décembre 2023 et arrêté du 9 février 2024).
Ces laboratoires qui exercent un service public de proximité jouent un rôle fondamental en matière de sécurité sanitaire des élevages, de surveillance de la qualité de l'eau et de l'air.
Dans ce contexte, il souhaite connaître les mesures envisagées par le Gouvernement pour remédier à cette situation, notamment au niveau européen, et maintenir le financement d'un service public indispensable aux territoires.
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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire
Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 18/09/2025
En 2014, l'association regroupant des laboratoires privés APROLAB avait déposé auprès de la Commission européenne une plainte relative aux commandes d'analyses dans le cadre des contrôles officiels effectués à la demande des autorités françaises (ministère chargé de l'agriculture) par les laboratoires départementaux d'analyses agréés. Cette plainte visait les compensations attribuées aux laboratoires d'analyse départementaux par les conseils départementaux qui, selon le plaignant, fausseraient le coût des analyses dans le domaine concurrentiel. La procédure avait été suspendue en 2020 par la direction générale (DG) de la concurrence de la Commission européenne à la faveur de la recherche d'une solution à l'amiable entre les autorités françaises et le plaignant, fondée sur la mise en place de mandats de service d'intérêt économique général (SIEG). Un courrier de la DG concurrence, relatif au dépôt par le même plaignant APROLAB de nouvelles plaintes concernant les aides d'État présumées en faveur des laboratoires départementaux d'analyses (LDA) a été adressé en février 2025 aux autorités françaises. Malgré les engagements pris avec la mise en oeuvre du mandat SIEG national laboratoires (décret n° 2023-1358 de 28 décembre 2023 et arrêté du 9 février 2024 modifié pris pour l'application de l'article R. 202-20-7 du code rural et de la pêche maritime), effective depuis 2024, le plaignant estime que les LDA continuent de percevoir des aides d'État incompatibles avec le marché intérieur de la part des collectivités locales, en particulier des départements, sous forme de subventions d'équilibre ou autres dispositifs financiers. La commission interroge les autorités françaises, d'une part, sur la mise en place du mandat de service d'intérêt économique général (SIEG) national par le ministère chargé de l'agriculture et, d'autre part, sur les financements octroyés à ces laboratoires par les autorités locales. Les plaintes visent des domaines d'activité plus larges que ceux relevant de la compétence du ministère chargé de l'agriculture. Les analyses des eaux, pour lesquelles le marché est libéralisé, et d'autres analyses du secteur environnemental sont en effet visées par le plaignant. Il apparaît ainsi qu'à ce jour, une majorité des questions, des demandes de données financières et des griefs du plaignant portent sur les financements versés à ces laboratoires par les autorités locales, en particulier les départements. La Commission européenne est dans l'attente de réponses précises et étayées de la part des autorités françaises. Toute expertise et argumentaire juridique portant sur les financements alloués dans le passé au niveau local et tous les engagements à venir pour garantir la légalité des aides versées et formaliser les dispositifs sont de nature à permettre à la Commission européenne de mener des discussions constructives avec le plaignant. Si un doute persiste quant à la légalité des aides, la Commission sera dans l'obligation d'ouvrir une procédure formelle d'enquête qui pourrait conduire à la demande de récupération de tout ou partie des aides versées localement aux laboratoires concernés depuis 2010. Le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation a ainsi été informé de cette situation et sollicité afin que la direction générale des collectivités locales (DGCL) puisse apporter un appui aux départements pour obtenir toute information utile auprès des collectivités locales et des laboratoires visés par ces nouvelles plaintes. La ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sait combien les LDA jouent un rôle clé dans le maillage sanitaire français ; leur action est essentielle dans la gestion réactive et efficace des épisodes sanitaires, comme l'illustrent les crises récentes (influenza aviaire hautement pathogène, fièvre catarrhale ovine ou encore covid). Les services du ministère chargés de l'agriculture restent mobilisés pour appuyer le réseau de LDA, en concertation avec les acteurs des territoires. La préservation du maillage territorial de ces laboratoires, qui est une garantie de réponses rapides aux évènements sanitaires, reste une priorité pour le ministère chargé de l'agriculture.
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