Question de Mme FÉRET Corinne (Calvados - SER) publiée le 17/04/2025
Mme Corinne Féret attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la nécessaire défense des laboratoires départementaux d'analyses (LDA) et, plus précisément, sur les aides d'État présumées en faveur de ces derniers.
Dans les faits, en 2014, l'association des laboratoires privés APROLAB a déposé une plainte auprès de la Commission européenne. Cette plainte ciblait les compensations attribuées aux LDA par les conseils départementaux qui, selon ce plaignant, faussaient le coût des analyses dans le domaine concurrentiel privé.
Cette procédure a été suspendue en 2020 par la Commission européenne elle-même, à la faveur de la recherche d'une solution amiable entre les autorités françaises et les laboratoires du groupement APROLAB. Cette solution consistait à mettre en place des mandats de services d'intérêt économique général, chantier conduit à son terme quatre ans plus tard. Néanmoins, malgré les engagements pris, le plaignant estime dorénavant que des laboratoires continuent à percevoir des aides d'État incompatibles avec le marché intérieur, en particulier de la part de conseils départementaux, sous forme de subventions d'équilibre. La Commission européenne, et plus précisément la Direction générale de la concurrence (DG Concurrence), a donc interrogé la France le 20 février 2025 à propos de ces nouvelles plaintes. Celles-ci visent les laboratoires et groupements d'intérêt public (GIP) Inovalys, Labocéa, TERANA et LABÉO, ce dernier étant un laboratoire interdépartemental normand.
Sur le terrain, personne ne peut contester le rôle fondamental des LDA dans la sécurité sanitaire des élevages, la surveillance de la qualité de l'eau et de l'air. Ils assurent un service public de proximité, garantissant la fiabilité d'analyses essentielles pour la santé publique et l'économie locale.
Plus que jamais, le maillage territorial des laboratoires doit être une priorité car, dans les faits, il constitue une garantie de réponse rapide aux événements sanitaires affectant les élevages, partout en France. À travers les LDA, c'est le soutien aux filières agricoles et environnementales, dans le Calvados comme ailleurs, qui est en jeu. Tout doit être fait pour préserver un service public indispensable aux territoires. Ce faisant, elle lui demande quelles actions elle compte engager pour permettre à nos laboratoires départementaux d'analyses, qui ont démontré leur efficacité et leur réactivité, d'exercer sereinement leurs missions au service de notre agriculture, de notre environnement, de notre santé et de notre souveraineté alimentaire.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 18/09/2025
En 2014, l'association regroupant des laboratoires privés APROLAB avait déposé auprès de la Commission européenne une plainte relative aux commandes d'analyse dans le cadre des contrôles officiels effectués à la demande des autorités françaises (ministère chargé de l'agriculture) par les laboratoires départementaux d'analyses agréés. Cette plainte visait les compensations attribuées aux laboratoires d'analyse départementaux par les conseils départementaux qui, selon le plaignant, fausseraient le coût des analyses dans le domaine concurrentiel. La procédure avait été suspendue en 2020 par la direction générale (DG) de la concurrence de la Commission européenne à la faveur de la recherche d'une solution à l'amiable entre les autorités françaises et le plaignant, fondée sur la mise en place de mandats de service d'intérêt économique général (SIEG). Un courrier de la DG concurrence, relatif au dépôt par le même plaignant APROLAB de nouvelles plaintes concernant les aides d'État présumées en faveur des laboratoires départementaux d'analyses (LDA) a été adressé en février 2025 aux autorités françaises. Malgré les engagements pris avec la mise en oeuvre du mandat SIEG national laboratoires (décret n° 2023-1358 de 28 décembre 2023 et arrêté du 9 février 2024 modifié pris pour l'application de l'article R. 202-20-7 du code rural et de la pêche maritime), effective depuis 2024, le plaignant estime que les LDA continuent de percevoir des aides d'État incompatibles avec le marché intérieur de la part des collectivités locales, en particulier des départements, sous forme de subventions d'équilibre ou autres dispositifs financiers. Ces plaintes visent en particulier les quatre laboratoires suivants : Inovalys, Labocéa, Labéo et Terana. La Commission interroge les autorités françaises, d'une part, sur la mise en place du mandat de SIEG national par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire et, d'autre part, sur les financements octroyés à ces laboratoires par les autorités locales. Les modalités de mise en oeuvre du mandat SIEG national à compter de l'année 2024 semblent de nature à répondre aux revendications du plaignant pour ce qui concerne les aides octroyées par l'État, relevant des obligations de service public fixées par le ministère chargé de l'agriculture au niveau national. Les plaintes visent néanmoins des domaines d'activité plus larges que ceux relevant de la compétence du ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Les analyses des eaux, pour lesquelles le marché est libéralisé, et d'autres analyses du secteur environnemental sont en effet visées par le plaignant. Il apparaît ainsi qu'à ce jour, une majorité des questions, des demandes de données financières et des griefs du plaignant portent sur les financements versés à ces laboratoires par les autorités locales, en particulier les départements. La Commission européenne est dans l'attente de réponses précises et étayées de la part des autorités françaises. Toute expertise et argumentaire juridique portant sur les financements alloués dans le passé au niveau local et tous les engagements à venir pour garantir la légalité des aides versées et formaliser les dispositifs sont de nature à permettre à la Commission européenne de mener des discussions constructives avec le plaignant. Si un doute persiste quant à la légalité des aides, la Commission sera dans l'obligation d'ouvrir une procédure formelle d'enquête qui pourrait conduire à la demande de récupération de tout ou partie des aides versées localement aux quatre laboratoires concernés depuis 2010. Les autorités françaises préparent les éléments de réponse à adresser à la Commission européenne en collaboration avec les laboratoires concernés et les collectivités locales. Le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation a ainsi été informé de cette situation et sollicité afin que la direction générale des collectivités locales (DGCL) puisse apporter un appui aux départements pour obtenir toute information utile auprès des collectivités locales et des laboratoires visés par ces nouvelles plaintes. La ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sait combien les LDA ont pris une part essentielle à la gestion des crises récentes (influenza aviaire, fièvre catarrhale ovine ou encore covid) et jouent un rôle clé dans le maillage sanitaire français, et reste mobilisée pour poursuivre la défense du réseau de LDA, en concertation avec les acteurs des territoires. La préservation du maillage territorial de ces laboratoires, qui est une garantie de réponse rapide aux évènements sanitaires, reste une priorité pour le ministère chargé de l'agriculture.
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