Question de Mme SOUYRIS Anne (Paris - GEST) publiée le 08/05/2025
Question posée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à Mme Anne Souyris, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Anne Souyris. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, Perspectives en santé environnementale, Santé et pollution et Obstétrique et gynécologie : voilà trois revues universitaires reconnues qui subissent la politique de l'administration Trump.
En réponse à cette guerre contre les sciences, le Président de la République a lancé l'initiative Choose Europe for Science, pour accueillir des chercheurs américains dans les universités françaises et européennes. Franchement, c'est formidable ! La France, à en croire le Président de la République, va rendre une place centrale à la recherche et, surtout, ouvrir ses portes à celles et à ceux qui ne permettent rien de moins que la démocratie par la science et la circulation des idées, sans parler du combat contre l'obscurantisme et les fake news ou de l'innovation et du partage scientifique...
Mais il y a un « mais » - et même plusieurs. Tout d'abord, ce silence assourdissant sur les sciences sociales. Le Président de la République n'en a rien dit lors de son intervention. Seront-elles les grandes oubliées de cet accueil humaniste ? Ce sont pourtant elles qui, touchant aux plus fragiles, sont particulièrement mises en danger par M. Trump. Les chercheurs en sciences humaines et sociales qui travaillent sur les personnes racisées, les pollutions, le genre et l'histoire LGBT+ seront-ils accueillis ? Seront-ils même une priorité ?
Pouvons-nous être assurés que la liberté académique continuera d'être défendue face à toute chasse aux sorcières, que ce soit contre les prétendus tenants du wokisme, contre les désobéissants au genre originel ou contre celles et ceux qui se mobilisent pour que les Gazaouis survivent ?
Pouvons-nous être assurés que l'indépendance de la science continuera d'être garantie par le biais, par exemple, du maintien des agences scientifiques de l'État comme l'Office français de la biodiversité (OFB), l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et Santé publique France ?
Oui, la promesse est belle. Mais nous souhaitons aujourd'hui vous entendre sur ce point : est-ce un engagement ferme, sans grands oubliés et avec un plan d'investissement à la hauteur ? Comment faire, monsieur le ministre, avec seulement 100 millions d'euros ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - Mme Émilienne Poumirol et M. Mickaël Vallet applaudissent également.)
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Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 08/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.
M. Patrick Mignola, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Madame la sénatrice Anne Souyris, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence du ministre Philippe Baptiste, retenu à l'Assemblée nationale par l'examen de la proposition de loi relative à la lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur, qui a été adoptée par votre assemblée il y a quelques mois.
Vous avez raison, le programme Choose Europe for Science qui a été annoncé lundi dernier constitue une véritable chance pour la France et pour l'Europe, compte tenu de toutes les menaces qui pèsent sur les chercheurs sur le continent américain, en particulier aux États-Unis.
Ceux-ci auront demain la possibilité de venir travailler dans notre pays et de renforcer notre potentiel de connaissance et de recherche, ce qui nous permettra de bâtir un avenir économique et industriel et d'avancer sur le chemin de la reconstruction de la souveraineté économique et industrielle française et européenne.
L'Union européenne s'est engagée à mobiliser 500 millions d'euros entre 2025 et 2027. Et comme vous l'avez souligné, le Président de la République a confirmé l'ajout de 100 millions d'euros de la part de la France, afin de cofinancer l'accueil de ces chercheurs dans notre pays.
Depuis le lancement de la plateforme Choose France, les premiers résultats sont très encourageants : on compte déjà 40 000 connexions, et 770 comptes ont été créés.
Je puis vous assurer que la promesse formulée par la France est bien celle de la liberté académique, et qu'elle sera tenue. Il s'agit d'assurer aux chercheurs américains dont nous souhaitons favoriser l'accueil qu'ils pourront travailler dans des conditions de liberté totale.
Concernant le budget national, je tiens à rappeler l'effort considérable engagé grâce à la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur : 6 milliards d'euros ont d'ores et déjà été injectés dans les laboratoires, avec à la clé des augmentations salariales importantes, qui étaient nécessaires. Et d'ici à 2030, ce sont 19 milliards d'euros qui seront consacrés à la recherche.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué. Les 100 millions d'euros que vous évoquiez, madame la sénatrice, correspondent à l'augmentation de cette année, mais ce sont bien 19 milliards d'euros qui sont programmés d'ici à 2030. (M. François Patriat applaudit.)
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