Question de Mme CARRÈRE-GÉE Marie-Claire (Paris - Les Républicains) publiée le 08/05/2025
Question posée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Ma question s'adresse à M. Éric Lombard, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
Nous comptons près de 400 000 demandeurs d'emploi supplémentaires, le chômage des jeunes explose - il est en hausse de 44 % - et l'économie française a perdu 70 000 postes en un an. Pis, il existe des signes avant-coureurs d'une dégradation plus forte encore : de mauvais chiffres pour l'emploi intérimaire, des plans sociaux qui se multiplient et des enseignes de la distribution qui tombent une à une.
Pour faire en sorte que l'emploi ne connaisse pas des années noires, pour éviter que ne se multiplient les familles basculant dans la précarité et les jeunes perdant espoir, il faut arrêter net l'hémorragie et se donner les moyens de la réindustrialisation du pays.
Premièrement, ce n'est pas vous faire offense, monsieur le ministre, que de redouter que la hiérarchie affichée des priorités du Gouvernement ne soit en décalage avec les urgences pour les Français et le pays.
Au Parlement, plutôt que de disserter sur la proportionnelle, nous voudrions débattre d'une loi spéciale pour la réindustrialisation, qui supprimerait des boulets normatifs ne pesant que sur nos entreprises, notamment dans l'automobile. Nous souhaiterions que la proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet soit adoptée, pour replacer l'énergie au rang de nos avantages compétitifs. Nous aimerions que la France se dote, de nouveau, d'une politique de l'emploi.
Deuxièmement, ce n'est pas vous faire offense non plus que de constater qu'il y a urgence à passer des paroles aux actes. Nous approuvons sans réserve les discours gouvernementaux sur l'effort massif pour notre défense. Puis, malheureusement, nous découvrons le constat réoccupant dressé par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) : les commandes passées à l'industrie en 2024 dans l'aéronautique militaire ont reculé de 33 %.
Troisièmement, et enfin, ce n'est pas vous faire offense que de constater que, face aux urgences, nous ne sommes pas dans le bon tempo, ni en France ni au niveau européen. Nous ne pouvons sérieusement attendre 2028 pour imposer des droits de douane aux petits colis de Shein ou Temu, ni 2026 pour fixer des frais de gestion douanière...
Nous ne pouvons pas davantage enquêter des années durant sur des pratiques commerciales orthogonales au droit de la consommation avant de sévir.
M. le président. Il faut poser votre question, ma chère collègue.
Mme Marie-Claire Carrère-Gée. L'urgence d'une vision avec de bonnes priorités, un changement radical de braquet et de tempo pour agir : voilà ce que nous attendons de vous. Nous serons là pour vous soutenir. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 08/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
M. Éric Lombard, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Madame la sénatrice Carrère-Gée, je tiens à le dire devant vous : notre économie résiste bien dans un environnement difficile. Toutefois, je vous rejoins pleinement pour estimer que notre priorité est la réindustrialisation.
C'est pourquoi le Gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, a fait de l'amélioration de la compétitivité et de l'attractivité de la France une ambition fondamentale.
Lundi dernier, avec ma collègue chargée de l'intelligence artificielle et du numérique, j'étais aux Émirats arabes unis pour prolonger les engagements pris à la suite du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle voulu par le Président de la République. Nous avons sécurisé 109 milliards d'euros d'investissements.
En ce qui concerne l'énergie, la proposition de loi portée par votre collègue Daniel Gremillet poursuivra son parcours législatif cet été, à l'Assemblée nationale comme au Sénat. Ce matin même, le nouveau président-directeur général d'EDF a été nommé en Conseil des ministres. Il aura pour mission de conclure des accords avec nos grands industriels électro-intensifs, afin de leur garantir un approvisionnement compétitif. Il portera également le projet ambitieux de construction de six nouveaux réacteurs pressurisés européens (EPR), qui participera de notre compétitivité énergétique.
S'agissant de la défense, l'évolution est tout aussi significative : en 2017, les engagements du ministère s'élevaient à 10 milliards d'euros. En 2025, les ordres passés par le ministère des armées atteindront 40 milliards d'euros. Ce quadruplement illustre notre détermination à assurer notre sécurité.
S'agissant des plateformes numériques, vous avez raison : nous devons aller plus vite.
Enfin, je veux dire un mot des secteurs de l'acier, de l'aluminium et de l'automobile. Aux côtés de mon collègue Marc Ferracci, et en lien avec l'Union européenne, je mène la bataille pour instaurer des mécanismes de protection au profit de ces industries d'avenir essentielles.
Nous sommes donc pleinement mobilisés, et nous allons continuer ce combat, car il est déterminant pour l'avenir de notre économie. (M. François Patriat applaudit.)
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