Question de Mme JACQUES Micheline (Saint-Barthélemy - Les Républicains) publiée le 15/05/2025
Question posée en séance publique le 14/05/2025
M. le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Micheline Jacques. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, dimanche dernier, la Martinique a été secouée par une fusillade d'une violence inouïe : trois morts, quarante-cinq douilles retrouvées sur les lieux. Celle-ci vient s'ajouter à une trop longue liste de chiffres vertigineux relatifs à la violence dans les outre-mer du bassin caribéen : une fusillade à Saint-Martin la semaine dernière a fait un mort, un motard a été tué par balles en Guadeloupe le mois dernier, etc.
La Guyane est le département le plus meurtrier de France avec 20,6 meurtres pour 100 000 habitants. Viennent ensuite la Guadeloupe, avec 9,4 meurtres, et la Martinique avec 6,4 meurtres pour 100 000 habitants. Nous enregistrons déjà 24 meurtres depuis le début de cette année !
Au total, depuis le début de l'année, on compte environ un homicide par semaine dans les outre-mer caribéens. Seul Saint-Barthélemy échappe à ces funestes statistiques.
Au moins en partie, ces crimes par armes à feu sont liés au trafic de drogue et d'armes. Plus d'un millier d'armes ont été saisies en 2024 et les saisies de drogue atteignent des records. Ces chiffres indiquent que votre action porte ses fruits, monsieur le ministre, et qu'elle doit non pas faiblir, mais, au contraire, s'amplifier.
Le mois dernier, j'ai appelé ici même à la vigilance, car un hub de la drogue et des armes est en train de se constituer à 900 kilomètres de la France, en Haïti !
Je réitère ma demande d'amplification de la sécurisation dans les territoires, mais aussi de renforcement de la coopération. À défaut, nous ne viendrons pas à bout de ce phénomène de violence, qui est multinational.
Monsieur le ministre, de quels moyens disposez-vous et quelles mesures avez-vous prises pour empêcher la circulation d'armes illégales dans les outre-mer caribéens et, d'une manière générale, dans les outre-mer ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 15/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 14/05/2025
M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la présidente de la délégation sénatoriale aux outre-mer, chère Micheline Jacques, nous dressons bien sûr le même constat : la cause racine de cette ultra-violence, c'est le narcotrafic, plus généralement la criminalité organisée, qui englobe à la fois la drogue et les armes.
Cette zone est très sensible, parce qu'elle est située sur la route de la drogue et du trafic d'armes. L'Office anti-stupéfiants (Ofast) a d'ailleurs estimé que 55 % du total des saisies de drogue avaient comme provenance géographique la zone caraïbéenne.
J'ai évoqué il y a quelques instants, en réponse à une question précédente, les mesures de riposte immédiate. Je me concentrerai donc sur les mesures structurelles qui concernent précisément la criminalité organisée. J'ai demandé au directeur général de la police nationale de se rendre en mission dans la zone. Il a fait le déplacement il y a quinze jours. Il me remettra un rapport qui comprendra un certain nombre de mesures.
Sans attendre, nous avons renforcé les moyens de la lutte maritime, avec cent quarante gendarmes de plus affectés au trait de côte, trois bateaux supplémentaires, un drone de longue portée et deux radars de bonne définition. Nous mettrons en place à l'aéroport, dès ce week-end, le contrôle à 100 % de l'ensemble des passagers, pour détecter les mules. Dans quelques jours, un scanner mobile sera positionné sur le grand port maritime.
Par ailleurs, nous avons inauguré ce matin l'état-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée (EMCO). Ce dispositif, issu du texte sur le narcotrafic, est capital ; il concentrera dans un même lieu l'ensemble des services de renseignement et d'enquête de quatre ministères. Les personnels qui y sont affectés - direction nationale de la police judiciaire, douanes, etc. - nous ont d'ores et déjà indiqué qu'ils commençaient à ressentir l'effet positif d'un tel dispositif.
Soyez assurée, madame la sénatrice, de ma détermination totale : cette zone n'est pas sous contrôle, mais nous refusons la fatalité et nous mettrons en oeuvre d'autres mesures encore pour protéger nos populations d'outre-mer. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour la réplique.
Mme Micheline Jacques. Monsieur le ministre, je ne doute pas que votre action et votre détermination redonneront de l'espoir à nos populations ultramarines, qui vivent dans la peur. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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