Question de M. CHASSEING Daniel (Corrèze - Les Indépendants) publiée le 29/05/2025
Question posée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)
M. Daniel Chasseing. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Depuis le 20 avril, le loup a attaqué cinq fois les troupeaux en Corrèze : dix brebis ont été tuées le 20 avril, puis deux nouvelles attaques sur des veaux sont survenues, huit ovins ont été tués le 17 mai et trente et une brebis tuées le 23 mai, deux troupeaux de bovins sont en fuite.
J'ai rencontré les éleveurs samedi dernier. Ils sont particulièrement découragés et révoltés. Les jeunes qui se sont installés ne pensaient pas devoir abandonner leur production à cause du loup, qui avait été éradiqué en Corrèze à la fin du XIXe siècle.
La mise en oeuvre des mesures de prévention et de protection contre les loups - chiens patous, clôtures électriques ou colliers anti-loup - n'a pas d'efficacité. Les troupeaux sont stressés, affolés, sortent des parcs. Les éleveurs vivent une pression psychologique insupportable. La pérennité des exploitations est menacée.
Nous devons reconnaître la Corrèze en zone difficilement protégeable, afin de passer des tirs de défense à des tirs de prélèvement.
Le 7 mars 2025, la convention de Berne a classé le loup en espèce « protégée » et non plus en espèce « strictement protégée ». Cela signifie que l'espèce n'est pas menacée de disparition. Cela ouvre la voie à une modification de la réglementation, à savoir le passage d'un tir de défense en cas d'attaque à une logique de tirs de régulation pour prévenir ces attaques.
Madame la ministre, quand la Corrèze sera-t-elle décrétée zone difficilement protégeable ?
Quand passerons-nous aux tirs de prélèvement pour prévenir les attaques du loup ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 29/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur Daniel Chasseing, vous le savez, je travaille sur le dossier du loup depuis de nombreuses années. Il s'agit d'un enjeu majeur pour le maintien de notre élevage, notamment dans votre beau département de la Corrèze.
Je rappelle quelques chiffres, mesdames, messieurs les sénateurs. Ils sont édifiants. En 2024, pas moins de 4 000 attaques ont été recensées et 11 000 bêtes ont été tuées ou blessées. Au 12 mai 2025, pour l'instant, 759 attaques et 2 617 bêtes prédatées ont déjà été dénombrées.
Les préjudices sont considérables. L'État engage 52 millions d'euros pour financer les mesures de protection et les indemnisations. Je vous assure que je préférerais consacrer cet argent aux exploitations agricoles pour améliorer la production alimentaire.
M. Loïc Hervé. Évidemment !
Mme Annie Genevard, ministre. Je réitère mon plein soutien aux éleveurs et mon entière détermination pour leur permettre de se défendre. Pour cela, il faut aboutir au déclassement du loup. En effet, vous l'avez précisé, monsieur le sénateur, l'espèce est désormais dans un bon état de conservation et nous pouvons affaiblir sa protection.
Ce sera fait le 8 juin prochain. La majorité semble acquise à une telle décision.
Je suis certaine que cette évolution permettra de passer d'une logique de défense à une logique de régulation, ainsi que, comme moi, vous l'appelez de vos voeux.
Il faudra ensuite faire évoluer les choses à l'échelon national.
En attendant l'adoption de ces mesures, un projet d'arrêté fait en ce moment l'objet de consultations. Il achèvera son parcours le 10 juin. Une fois que ma collègue ministre de la transition écologique et moi-même l'aurons signé, les tirs seront autorisés, même dans les espaces où les troupeaux sont simplement menacés, même lorsqu'il n'y aura pas d'attaque. C'est indispensable pour entrer véritablement dans une logique de régulation.
M. le président. Il faut conclure !
Mme Annie Genevard, ministre. Il nous faut donner des signes puissants à nos éleveurs, qui sont aujourd'hui extrêmement découragés par ces prédations successives et trop nombreuses. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)
M. Loïc Hervé. Bravo !
M. le président. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour la réplique.
M. Daniel Chasseing. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse.
Sans régulation des loups, l'élevage disparaîtra, ce qui entraînera non seulement une désertification, la perte de l'économie et de l'emploi agricoles qui restent encore dans ces zones hyperrurales, mais aussi une perte de la biodiversité, faute d'entretien des pâturages. Si nous ne voulons pas cela, agissons efficacement en prélevant des loups pour prévenir les attaques.
Le passage de certaines communes en cercle 1 améliore les aides financières envers les éleveurs. C'est complémentaire, mais cela n'élimine pas le loup. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
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