Question de Mme TETUANUI Lana (Polynésie française - UC-A) publiée le 29/05/2025
Question posée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à Mme Lana Tetuanui, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Lana Tetuanui. Monsieur le président, j'associe mes collègues de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna à ma question, qui s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, ainsi qu'à M. le ministre des outre-mer.
Le Comité spécial des Vingt-Quatre (C24), organe des Nations unies, vient de se réunir au Timor oriental pour évoquer une énième fois le sujet de la décolonisation de nos territoires, en présence d'élus indépendantistes polynésiens et calédoniens, avec la connivence de tous les États indépendants du Pacifique et sous l'oeil bienveillant de Bakou.
À son tour, la Chine tient actuellement dans la ville de Xiamen un grand sommet réunissant tous les chefs de la diplomatie des onze pays du Pacifique - et non les moindres -, ayant pour objectif « des échanges et de la coopération à tous les niveaux entre la Chine et les pays insulaires du Pacifique, ainsi que [des] questions internationales et régionales d'intérêt commun [afin d']édifier ensemble une communauté de destin plus étroite ». Voilà les propos assez édifiants, pour ne pas dire troublants, de la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, relayés dans tous les médias du Pacifique.
Je ne citerai pas tous les investissements colossaux que ce même pays continue de faire dans notre zone.
Monsieur le ministre, nous sommes inquiets. Face à toute cette agitation et à ces agissements de plus en plus forts, ma question est simple : que fait notre France ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 29/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice Lana Tetuanui, je vous assure que le Gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, est pleinement mobilisé sur cette question. Le ministre d'État, ministre des outre-mer, et moi-même avons des échanges réguliers à ce propos.
Le Comité spécial des Vingt-Quatre s'est réuni il y a quelques jours. La France a développé avec cet organe des Nations unies une relation de travail approfondie sur la Nouvelle-Calédonie, dans le respect de l'accord de Nouméa, qui prévoit une telle coopération ; en revanche, elle ne reconnaît pas la compétence du C24 sur la Polynésie française, réinscrite comme territoire non autonome en 2013.
Lors de cette réunion, une proposition, qui ne fait pas consensus auprès des participants, a été faite d'y accueillir le séminaire du C24 en 2027. Cette proposition, formulée sans aucune concertation préalable, ne recueille pas le soutien du Gouvernement.
Vous avez évoqué l'influence de puissances régionales dans les îles du Pacifique, particulièrement les îles françaises.
Comment y répondre ? En projetant notre puissance dans la région.
Cela a été le cas avec le déploiement dans l'océan Pacifique du porte-avions Charles de Gaulle, accompagné d'un sous-marin nucléaire d'attaque, de bâtiments de lutte anti-sous-marine et de défense aérienne, d'un bâtiment ravitailleur et d'un groupement aérien embarqué.
Pendant cinq mois, ce groupement aéronaval a réalisé des exercices, d'abord en Indonésie, avec des armées partenaires de neuf autres pays, avec l'armée de l'air australienne, un peu plus tard avec le Japon - cet exercice a impliqué trois porte-avions et cent aéronefs. Enfin, il a réalisé un exercice commun avec la marine indienne d'une ampleur inédite.
Le Président de la République est actuellement en déplacement dans la région. Il était au Vietnam ces deux derniers jours, il est en ce moment même en Indonésie et il se rendra à la fin de la semaine à Singapour pour exprimer la position de la France et sa vision de la relation de notre pays et de l'Europe avec l'Indo-Pacifique.
En effet, la France est une nation indo-pacifique, dont la politique est fondée sur les objectifs de sécurité, de préservation du multilatéralisme, de renforcement de ses relations économiques...
M. le président. Il faut conclure.
M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... et de coopération avec les îles du Pacifique sur le climat.
Les membres du Forum des îles du Pacifique seront conviés à la troisième Conférence des Nations unies sur l'océan, qui se tiendra la semaine prochaine à Nice. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Lana Tetuanui, pour la réplique.
Mme Lana Tetuanui. Monsieur le ministre, la Chine est à notre porte.
À quelques jours du grand sommet que vous venez d'évoquer, il est impératif - impératif ! - que la France et l'Europe puissent urgemment s'affirmer, aussi bien par la diplomatie que par des actes concrets, dans l'océan Pacifique, avant qu'il ne soit trop tard. À moins que - ne m'obligez pas à le dire aujourd'hui ! - notre pays n'envisage de saboter lui-même son porte-avions du Pacifique immatriculé Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et Les Républicains.)
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