Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 29/05/2025
Question posée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à M. Stéphane Ravier, pour la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
M. Stéphane Ravier. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
La semaine dernière, on apprenait qu'il existait des islamistes en France... Une découverte pour beaucoup, mais pas pour moi ! Car, depuis des années, j'alerte sur les agissements des Frères musulmans dans notre pays, dans l'indifférence médiatique et politique. Mon « islamophobie » prétendue d'hier est devenue la réalité d'aujourd'hui. Dont acte.
En 2019, je tenais une conférence de presse dans le parc Chanot à Marseille, où était organisée la « rencontre annuelle des musulmans du sud » par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la branche des Frères musulmans en France. Dès 2019, je demandais que cette réunion de radicaux soit interdite, une demande classée verticale poubelle par le préfet.
À cette époque déjà, je mettais en lumière les liens entre cet événement et l'UOIF, devenue, par une opération de dissimulation, Musulmans de France. Sous ce nouveau nom, ils déclaraient que l'imam islamiste Iquioussen était un homme de paix et de dialogue, au moment même où il était expulsé de France : cet Iquioussen qui nie le génocide arménien, qualifie Ben Laden de grand défenseur de l'islam et affirme que les attentats de Merah étaient en réalité des pseudo-attentats dirigés contre les musulmans !
Sans hasard, le président de cette instance n'est autre que Mohsen Ngazou, directeur du collège-lycée Ibn-Khaldoun, dans le quinzième arrondissement de Marseille, établissement ciblé par le fameux rapport. Et cela n'a pas empêché le maire de Marseille, Benoît Payan, flanqué de sa troisième adjointe, Samia Ghali, de lui rendre visite.
Pourtant, déjà à l'époque, ce lycée avait reçu des fonds de l'Arabie saoudite, pays qui n'est pas réputé pour respecter les principes de la République française. De plus, son directeur faisait la promotion du voile islamique comme un signe de liberté, et non de soumission. Voilà qui dirige Ibn-Khaldoun ! Vous ne pouvez plus l'ignorer, monsieur le ministre.
Je ne vous demande pas de dissoudre les Frères musulmans. Nous savons, vous et moi, qu'ils agissent via des associations-écrans ou satellites. C'est à elles qu'il faut s'attaquer ; vous avez raison. Et je vous en offre deux sur un plateau : d'une part, le collège lycée Ibn-Khaldoun ; d'autre part, l'association Musulmans de France. Voilà deux étendards, deux structures des Frères musulmans. C'est simple, c'est clair, c'est précis.
Allez-vous entamer des procédures pour fermer ce collège-lycée et dissoudre Musulmans de France ? Allez-vous passer des paroles aux actes ? (Mme Raymonde Poncet Monge s'exclame.)
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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur publiée le 29/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 28/05/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Ravier, avoir le verbe haut ne suffit pas !
Depuis de nombreuses années, nous avions progressivement décelé les actions des islamistes les plus radicaux. Encore convenait-il de pouvoir procéder à des vérifications et de contrôler quels étaient leur organisation et leurs moyens.
Le rapport qui vient de nous être remis à la demande du Président de la République permet à notre pays de documenter la situation avec précision. C'est absolument fondamental. Il était indispensable de réunir tous les éléments matériels susceptibles de démontrer qu'une organisation essaie à bas bruit de détruire notre République.
Nous pourrons désormais agir - d'ailleurs, nous le faisons d'ores et déjà -, soit par des mesures législatives dont le Parlement sera bientôt saisi, soit par des enquêtes et instructions qui permettront de confirmer ce que vous et d'autres avancez. C'est le travail que nos services effectuent actuellement.
Je souhaite insister ici sur la nécessité pour chacun, élu, fonctionnaire ou citoyen, d'avoir bien conscience de la réalité de la situation et des méthodes employées : pour qui agit à bas bruit, le silence est évidemment le meilleur rempart. Il est donc nécessaire de révéler, de signaler et, surtout, de documenter.
Car le respect du principe « un argument, une pièce à conviction », qui m'a guidé tout au long de ma carrière professionnelle, est, me semble-t-il, le seul moyen sérieux de mener une lutte ferme et implacable contre ceux qui veulent détruire la République. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)
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