Question de M. GROSPERRIN Jacques (Doubs - Les Républicains) publiée le 29/05/2025

M. Jacques Grosperrin attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie sur la mise à jour de la Stratégie nationale hydrogène (SNH II) publiée en avril 2025. Celle-ci démontre l'engagement de l'État à soutenir la décarbonation des secteurs industriels lourds et de certaines mobilités professionnelles, notamment celui des véhicules utilitaires légers hydrogène. Néanmoins, cette stratégie semble faire l'impasse sur le développement de l'hydrogène pour les voitures à destination des particuliers, alors même que plusieurs pays, notamment asiatiques, investissent massivement dans ce segment. Aucun soutien n'est prévu pour permettre à terme l'acquisition de véhicules hydrogène destinés au grand public, ni pour le maillage territorial des infrastructures de recharge hydrogène, condition pourtant indispensable à l'émergence d'un marché viable. Dans un contexte où la concurrence internationale s'intensifie et où l'électrification par batterie, bien que prometteuse, ne saurait répondre seule à l'ensemble des besoins de mobilité décarbonée, comment le Gouvernement entend-il justifier cette absence de vision ambitieuse pour l'hydrogène automobile particulier ? Envisage-t-il à terme une stratégie complémentaire pour ce segment, ou considère-t-il que la mobilité hydrogène doit rester cantonnée aux usages professionnels et industriels ?

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 28/08/2025

Le Premier ministre a officialisé l'actualisation de la stratégie nationale hydrogène (SNH II) à l'occasion du Comité interministériel de l'Innovation, qui s'est tenu le 10 avril 2025 au Centre Georges Pompidou. La ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche et le ministre chargé de l'industrie et de l'énergie et le ministre chargé des transports ont présenté la SNH II le 16 avril 2025. Cette actualisation de la stratégie nationale hydrogène s'appuie sur le bilan des cinq ans écoulés depuis la publication de la stratégie initiale en 2020. L'État a soutenu plus de 150 projets concernant l'hydrogène, notamment avec France 2030, qui permettront le développement de 8 000 emplois directs d'ici 2030. La mise en oeuvre du Projet Important d'Intérêt Européen Commun (PIIEC) pour l'hydrogène a permis le déploiement sur le territoire d'une vingtaine de projets structurants dans les équipements (giga-usines d'électrolyseurs, de piles à combustible, de réservoirs hydrogène) et de premières productions significatives d'hydrogène pour différents usages industriels (pétrochimie, ammoniac, etc.). La stratégie déployée par le Gouvernement couvre de la R&D fondamentale jusqu'à l'industrialisation. Si les premiers résultats montrent un potentiel prometteur pour la filière, la mise en oeuvre des solutions de réduction des émissions de dioxyde de carbone par l'hydrogène prend du temps. La filière gagne progressivement en maturité technologique et économique, lesquelles sont nécessaires pour un déploiement massif des solutions hydrogène. Dans le même temps, la filière est confrontée à plusieurs évolutions structurelles, notamment la concurrence internationale et les avancées rapides d'autres modes de décarbonation. C'est notamment le cas pour les véhicules particuliers légers à propulsion hydrogène qui sont moins efficaces que les véhicules à batterie électrique. En complément, l'hydrogène est et restera plus cher que l'électricité utilisée pour le produire. Ainsi, le coût total de possession d'un véhicule particulier léger propulsé à l'hydrogène est supérieur à celui d'un véhicule léger électrique à batterie. Cependant, pour certains cas d'usage spécifiques nécessitant une longue autonomie, une forte disponibilité, un temps de recharge rapide, un maintien de la charge utile, ou encore des besoins énergétiques plus importants (changements de température, dénivelés), l'hydrogène pourrait être une solution pertinente. Il s'agit notamment d'activités à besoin intensif de puissance ou ayant difficilement accès à l'électricité, comme certains véhicules lourds, les véhicules à besoin d'énergie embarquée (ex. frigorifique), les engins de chantier ou tout-terrains, les zones dans lesquelles une longue autonomie est nécessaire. Un appel à projets visant les véhicules utilitaires légers a notamment été lancé en 2025 pour mieux identifier certain de ces cas d'usages. La place relative de l'hydrogène dans ces segments devra se préciser au fur et à mesure de la progression de la décarbonation des transports. Face à ces constats, les secteurs privilégiés pour l'utilisation d'hydrogène décarboné sont l'industrie et les mobilités lourdes et intensives (en particulier pour l'aviation et le maritime). L'infrastructure nécessaire à ces secteurs, comme les stations de ravitaillement en hydrogène, sera développée en conséquence.

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