Question de Mme VARAILLAS Marie-Claude (Dordogne - CRCE-K) publiée le 08/05/2025
Mme Marie-Claude Varaillas attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports sur la menace de fermeture des guichets sur la ligne n° 33 reliant Sarlat à Bordeaux ainsi que la réduction des horaires de présence humaine qui mettent en lumière la fragilisation de notre service public ferroviaire.
Cette ligne structurante de la vallée de la Dordogne qui relie les territoires ruraux au bassin d'emploi et de services de l'agglomération bordelaise, a fait l'objet d'un plan de régénération du tronçon Bergerac-Libourne en 2018. Ce plan a mobilisé 84 millions d'euros d'investissement, financés conjointement par la Région Nouvelle-Aquitaine, l'État, SNCF Réseau et les collectivités locales, pour la rénovation de l'infrastructure, le maintien des circulations et l'amélioration de la régularité.
Depuis ces investissements, la fréquentation est en hausse constante, avec une progression de 28 % en trois ans, pour atteindre plus de 1,2 million de voyageurs en 2023.
Malgré ces résultats, les gares de Bergerac, Sarlat, Le Buisson ou encore Lalinde font aujourd'hui l'objet de projets de fermeture de guichets ou de forte réduction de leurs horaires d'ouverture. Cette évolution va à l'encontre non seulement des engagements publics pris pour revitaliser cette ligne, mais aussi des attentes des usagers, qui expriment majoritairement leur attachement à un service en gare accessible, humain et polyvalent. Ces guichets ne se limitent pas à la vente de titres de transport. Les retours des comités de ligne indiquent que plus de 70 % des usagers souhaitent un contact humain en gare, notamment pour obtenir des informations, acheter des titres de transport, ou pour la prise en charge des personnes à mobilité réduite. De nombreuses démarches deviennent impossibles en gare, notamment les demandes de remboursement, d'échange ou l'accès à des offres tarifaires disponibles uniquement en ligne. Cela accentue la fracture numérique et pénalise les plus fragiles, en particulier les personnes âgées et en situation de handicap. L'absence d'un accompagnement humain dégrade également la sécurité et fragilise la vie locale dans nos territoires. C'est donc l'ensemble du maillage territorial ferroviaire qui est fragilisé.
Elle lui demande donc comment il entend garantir aux usagers le maintien d'un accueil humain et accessible dans les gares des lignes TER, en conformité avec les exigences du service public ferroviaire.
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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ville publiée le 09/07/2025
Réponse apportée en séance publique le 08/07/2025
M. le président. La parole est à Mme Marie-Claude Varaillas, auteure de la question n° 501, adressée à M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports.
Mme Marie-Claude Varaillas. Madame la ministre, à partir de 2026, la SNCF prévoit de fermer, en Dordogne, les gares de Condat - Le Lardin, de La Coquille, des Eyzies et de Terrasson, tout en réduisant drastiquement les horaires d'ouverture des guichets à Bergerac et à Saint-Astier.
Ces décisions, qui conduisent à remplacer les agents par des automates, viseraient aussi les gares de Sarlat, du Buisson et de Lalinde.
À juste titre, les élus dénoncent ces décisions. Quelque 84 millions d'euros ont été investis sur la ligne Bergerac-Libourne en 2018 et les travaux menés ont permis une forte hausse de la fréquentation. Pas moins de seize collectivités territoriales, dont le département, ont apporté leur contribution financière.
Les guichets de nos gares jouent un rôle essentiel. Ils sont plus que de simples points de vente de billets : ils incarnent, en particulier dans la ruralité, le lien humain du service public ferroviaire, assurant la sécurité, l'information et l'accompagnement des usagers.
Les lignes dites de desserte fine du territoire sont les premières victimes du désengagement de l'État. Les conséquences de cette politique sont connues et vécues : vétusté des installations, ralentissements pour raisons de sécurité, incidents divers, suppression de dessertes, fermeture de gares ou encore remplacement de trains par des autocars.
Le président de la SNCF lui-même nous alerte. Selon lui, 4,5 milliards d'euros d'investissements annuels sont nécessaires pendant les vingt prochaines années pour régénérer et moderniser le réseau. À défaut, nous assisterons à un affaiblissement historique du maillage ferroviaire français.
Alors que le ferroviaire est au coeur de la transition écologique, ces choix budgétaires, qui affectent également le fret, nous imposent de trouver de nouvelles sources de financement. Je pense, par exemple, à la renationalisation des autoroutes.
Alors que nous devons réduire de manière draconienne nos émissions de gaz à effet de serre, le ferroviaire doit rester le socle du service de transport assurant l'égalité territoriale.
Je relaie ici la colère des élus et des usagers. Les premiers comme les seconds demandent que la SNCF rompe sans délai avec cette politique mortifère consistant à fermer des guichets de vente, voire des gares, dans un contexte où la population ressent déjà un profond sentiment de relégation et d'abandon. Ils exigent à juste titre un service public de qualité, complet et accessible à tous les habitants du territoire.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Juliette Méadel, ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ville. Madame la sénatrice Marie-Claude Varaillas, la voie ferrée Bordeaux-Sarlat fait partie des lignes de desserte fine du territoire.
Comme vous le soulignez, cette liaison a fait l'objet, en 2018, de travaux de régénération cofinancés par la région, l'État et SNCF Réseau. Ces efforts montrent l'engagement de l'État auprès des régions pour la desserte des territoires ruraux.
Les gares de Bergerac, de Sarlat, du Buisson et de Lalinde sont des gares régionales, desservies par les services des trains express régionaux (TER) opérés par SNCF Voyageurs dans le cadre du contrat conclu avec la région de Nouvelle-Aquitaine.
C'est en effet la région qui, en qualité d'autorité organisatrice de la mobilité (AOM), définit la consistance du service TER. L'État n'a pas vocation à se substituer aux conseils régionaux pour définir l'offre et les objectifs de qualité de ce service, notamment pour décider une éventuelle fermeture des guichets ou encore une réduction de leurs jours et heures d'ouverture au public.
De plus, il existe de nombreux moyens d'offrir aux voyageurs un accès équitable aux informations relatives aux services proposés. De même, les titres de transport peuvent être achetés par différents biais.
En tout état de cause, ces décisions relèvent de l'autorité organisatrice de la mobilité, dans le cadre de son schéma régional de distribution des titres de transport TER.
Aussi, je vous invite à vous rapprocher de la région de Nouvelle-Aquitaine : ses représentants sauront vous exposer l'ensemble des mesures qu'elle compte mettre en oeuvre pour apporter aux voyageurs des lignes de TER un service répondant à leurs besoins, sur lesquels vous insistez à juste titre.
Madame la sénatrice, les attentes des usagers sont légitimes, soyez assurée que nous les comprenons.
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