Question de M. CHASSEING Daniel (Corrèze - Les Indépendants) publiée le 29/05/2025
M. Daniel Chasseing attire l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la détection précoce des troubles du comportement chez les jeunes, notamment dans les établissements scolaires.
Le système de santé scolaire est aujourd'hui insuffisant, avec seulement 800 médecins scolaires, bien loin des 1 600 nécessaires, et une réduction importante du nombre d'infirmiers scolaires, parfois un seul pour 1 700 élèves. Depuis 2014, la santé mentale des adolescents s'est gravement dégradée, exacerbée par la crise sanitaire, entraînant une augmentation des dépressions, troubles alimentaires et suicides, notamment chez les jeunes de 15 à 25 ans. Pour mieux repérer ces problèmes, il est crucial de renforcer les effectifs d'infirmiers et de médecins scolaires, afin qu'ils puissent travailler en collaboration avec les enseignants pour identifier les élèves en détresse et les orienter vers des soins appropriés. Une rémunération plus attractive pourrait aider à attirer ces professionnels.
Il lui demande en conséquence si le Gouvernement envisage d'augmenter rapidement le nombre d'infirmiers et médecins scolaires, malgré les contraintes budgétaires et s'il ne serait pas judicieux de généraliser l'autorisation de fouiller les sacs des élèves sans leur consentement.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 25/06/2025
Réponse apportée en séance publique le 24/06/2025
Mme la présidente. La parole est à M. Daniel Chasseing, auteur de la question n° 561, adressée à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
M. Daniel Chasseing. À Nantes, le 24 avril dernier, un enfant a poignardé une jeune fille de 15 ans, décédée depuis lors, et blessé grièvement trois autres élèves. Le 10 juin, c'est une surveillante de 31 ans qui a été poignardée à mort.
Au-delà du cercle familial, il faut repérer le plus tôt possible les troubles du comportement. Cela peut se faire par l'institution scolaire.
Or nous constatons une diminution importante des effectifs d'infirmiers scolaires titulaires, même s'il y a aussi des contractuels. La démographie des médecins est dans une situation encore plus dégradée : il n'en reste plus que 800, sur 1 600 postes budgétés. Le nombre de psychologues dans l'éducation nationale accuse également une baisse. Parallèlement, nous déplorons une forte diminution du nombre de pédopsychiatres : -34 % depuis 2010.
Nous devons avoir plus de ressources pour écouter et accompagner notre jeunesse, dont la santé se dégrade très fortement, comme mes collègues Céline Brulin et Jean Sol et moi-même avons pu le constater lors de nos auditions sur la santé mentale.
Nombre de jeunes sont aujourd'hui dépressifs ou atteints des troubles de l'alimentation, ou encore ils développent des idées suicidaires et des troubles psychotiques. Les origines en sont multiples : l'angoisse, l'addiction, le harcèlement, les réseaux sociaux, le stress scolaire, l'exposition aux écrans...
Il est donc urgent d'avoir plus d'infirmiers, de médecins scolaires et de psychologues, qui vont, avec les enseignants, détecter les enfants en mal-être et les orienter, en fonction de l'urgence, en pédopsychiatrie ou en centres médico-psychologiques (CMP), centres qui doivent être renforcés par des infirmiers en pratique avancée (IPA) de psychiatrie.
Monsieur le ministre, ne faudrait-il pas augmenter rapidement le nombre d'infirmiers, médecins et psychologues scolaires, grâce à un redéploiement budgétaire, mais également avoir des infirmiers en pratique avancée de psychiatrie pour renforcer les CMP ?
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Baptiste, ministre auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche. Avant de vous répondre, monsieur le sénateur, je souhaite de nouveau adresser, au nom d'Élisabeth Borne et de l'ensemble du Gouvernement, nos condoléances à la famille de la jeune assistante d'éducation assassinée il y a plus de deux semaines à Nogent.
Vous avez entendu les engagements pris par le Président de la République, le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement, afin d'endiguer cette violence qui touche les jeunes et endeuille l'ensemble de la communauté éducative.
Monsieur le sénateur, nous n'attendons pas les drames pour agir, notamment en ce qui concerne la santé scolaire et plus particulièrement la santé mentale. C'est dans ce cadre que la ministre d'État a organisé, en mai dernier, les assises de la santé scolaire. Elle a alors rappelé ses trois priorités : la prévention, la détection et la promotion.
Depuis lors, un travail a été lancé entre le ministère de l'éducation nationale et celui de la santé. Il garantira une prise en charge plus efficace de la santé des élèves.
Cette dégradation de la santé mentale des adolescents est une réalité documentée, et la prise en charge de ces derniers est une nécessité. C'est pourquoi Élisabeth Borne a annoncé la revalorisation de la carrière des médecins scolaires pour attirer plus de jeunes médecins vers cette filière, ainsi que le renforcement, dès la rentrée prochaine, des effectifs d'infirmiers, d'assistants sociaux et de psychologues de l'éducation nationale.
Par ailleurs, la loi sur la profession d'infirmier qui vient d'être adoptée reconnaît les infirmières et les infirmiers du corps de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur comme une spécialité infirmière autonome, ce qui permettra de revaloriser le statut et d'étendre les missions de ces professionnels.
Mme la présidente. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour la réplique.
M. Daniel Chasseing. Monsieur le ministre, il faut augmenter effectivement le nombre et la qualification des infirmières scolaires. Il est également nécessaire de mener une action - cela concerne directement votre champ de compétences - pour que nous ayons davantage d'internes en psychiatrie et de pédopsychiatres.
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