Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 05/06/2025
Question posée en séance publique le 04/06/2025
Mme la présidente. La parole est à M. François Bonhomme, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. François Bonhomme. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, en 2023, quelques jours après l'attaque du Hamas contre Israël, des dizaines d'étoiles de David ont été peintes sur les façades de plusieurs immeubles à Paris.
En 2024, des mains rouges ont été peintes sur le mur des Justes du mémorial de la Shoah.
Dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, plusieurs sites parisiens juifs ont été dégradés, dont deux synagogues et de nouveau le mémorial de la Shoah.
Il y a quelques jours à Lyon, un départ de feu a été découvert, ainsi que des inscriptions antisémites dans une école primaire.
Je tiens également à rappeler quelques faits récents parmi les plus graves : l'attentat contre la synagogue de la Grande-Motte en août dernier ; l'incendie criminel de la synagogue de Rouen ; le viol antisémite d'une fillette de 12 ans à Courbevoie.
Ces événements sont la marque claire d'une recrudescence des actes antisémites dans notre pays, de la montée de l'islamisme et de l'instrumentalisation politique de la cause palestinienne sur notre territoire.
Les services du renseignement territorial ont recensé une très forte augmentation des faits antisémites en 2024 par rapport à l'année 2023, s'agissant notamment des atteintes à la personne. C'est au point que, aujourd'hui, les actes antisémites représentent les deux tiers de l'ensemble des faits antireligieux.
En outre, nos collègues Pierre-Antoine Levi et Bernard Fialaire ont, dans le cadre d'une mission du Sénat, pointé l'inquiétante résurgence du climat antisémite à l'université.
J'ajoute que l'engagement maximal des forces de l'ordre ne peut pas tout, car il s'agit d'un mal sournois et profond qui appelle une réponse politique forte.
Monsieur le ministre, quelle analyse faites-vous de cette situation alarmante ? Quelle stratégie comptez-vous mettre en oeuvre pour protéger l'ensemble de nos concitoyens de confession juive ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 05/06/2025
Réponse apportée en séance publique le 04/06/2025
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur François Bonhomme, je vous remercie pour ce constat sans concession, mais parfaitement juste.
Nous ne pouvons pas combattre l'antisémitisme sans évoquer, au préalable, un certain nombre de chiffres qui correspondent à une réalité malheureuse.
Deux chiffres : nos compatriotes de confession juive représentent moins de 1 % de la population et, vous l'avez rappelé, ils sont victimes de près des deux tiers - un peu plus de 60 % - des actes racistes et antireligieux.
Comme le disait le philosophe Jankélévitch : « Lorsque les juifs ont peur, c'est la démocratie qui est malade. »
Comment combattre ce fléau ? D'abord, en assurant la protection de nos compatriotes de confession juive. C'est ce que je fais très régulièrement, en mobilisant l'ensemble des préfets de France pour sécuriser les fêtes juives, les sites, les synagogues, les écoles. Actuellement, 800 sites religieux juifs sont protégés.
Nous avons également mis en place un fonds permettant à toutes les confessions religieuses de disposer de subventions destinées à financer les équipements de sécurisation. Là encore, 70 % de ces subventions ont bénéficié à la sécurisation de lieux cultuels ou éducatifs juifs. C'est un point fondamental.
Mais on lutte aussi - et vous l'avez esquissé dans votre question - en posant un diagnostic lucide et courageux. Hier, l'antisémitisme était le monopole de l'extrême droite. Aujourd'hui, il mute. Il prend la forme de l'islamisme. Souvenez-vous : le fondateur des Frères musulmans, Hassan el-Banna, n'a jamais fait mystère de ses sympathies pour Hitler.
Il prend aussi la forme d'une extrême gauche qui, sous couvert d'antisionisme, tisonne les braises rougeoyantes de l'antisémitisme.
Il prend enfin la forme d'ingérences étrangères. Permettez-moi de vous le rappeler : vous avez mentionné l'épisode des mains rouges, mais il y a eu également certaines marques vertes - on sait ce à quoi cela renvoie... - apposées sur des monuments. Les trois individus interpellés sont de nationalité serbe. Peut-être découvrira-t-on qu'ils ont agi contre rémunération ? Il s'agirait alors d'une ingérence étrangère visant à diviser les Français entre eux.
Oui, l'antisémitisme, nous devons le combattre, car c'est un mal, non seulement pour nos compatriotes juifs, mais pour l'ensemble des Français, pour la République, pour la France. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à M. François Bonhomme, pour la réplique.
M. François Bonhomme. Je me réjouis de cette volonté clairement affirmée. Je rappelle simplement ici que Georges Bensoussan, historien de l'antisémitisme et de la Shoah, a été poursuivi pour incitation à la haine raciale après la parution de son ouvrage Les Territoires perdus de la République, mais il a été relaxé. Il ne faisait que dénoncer ce nouvel antisémitisme, en provenance de certaines banlieues. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)
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