Question de Mme DUMONT Françoise (Var - Les Républicains) publiée le 12/06/2025
Mme Françoise Dumont attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur concernant l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes.
En effet, la santé mentale des adolescents français s'est dégradée ces dernières années, surtout chez les jeunes filles. Ainsi, entre 2018 et 2022, la proportion de lycéennes ayant eu des pensées suicidaires a augmenté de 7 points (de 24% à 31%) contre 4 points chez les lycéens (de 13% à 17%), le suicide étant la première cause de décès chez les 15-35 ans.
Dans le même temps, au cours des dernières années, TikTok est devenu une plateforme mondiale, avec plus d'un milliard d'utilisateurs, à travers le monde, dont près de la moitié ont entre 10 et 29 ans.
Ce réseau social, très prisé des jeunes, notamment du fait de ses vidéos courtes, dispose d'un système de recommandations « Pour toi », utilisant des algorithmes pour analyser les intérêts des utilisateurs et leur proposer des vidéos qui maximisent leur engagement émotionnel, les incitant à rester connectés le plus longtemps possible.
Des expériences menées par Amnesty International avec des comptes automatisés simulant le comportement d'enfants de 13 ans ont révélé une exposition rapide et croissante à des contenus problématiques. En quelques heures de navigation, près d'une vidéo sur deux concernait la santé mentale, et beaucoup idéalisent ou encouragent les pensées dépressives, l'automutilation et le suicide.
De plus, le centre de lutte contre la haine en ligne (CCDH), organisation américaine, a mené une expérimentation ou des experts ont ouvert de faux profils d'adolescents âgés de treize ans, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Australie, en utilisant des présentations de profils suggérant une vulnérabilité particulière de ces adolescents aux troubles de l'alimentation, comprenant par exemple les mots « perdre du poids ». Les chercheurs ont ensuite fait vivre ces comptes en « likant » des vidéos traitant de ces sujets préjudiciables.
Quelques minutes après avoir rejoint la plate-forme, l'algorithme de TikTok leur a recommandé des vidéos relatives au suicide (des lames de rasoirs, des automutilations, évoquant le suicide ou les overdoses ou encore taguées #sh (acronyme de "self harm", "automutilation")). En huit minutes à peine, il leur suggérait aussi des contenus concernant la perte de poids et les troubles du comportement alimentaire.
Ce réseau social n'est sans doute pas le seul à présenter un risque pour les enfants et les adolescents français, néanmoins, ce phénomène est d'autant plus préoccupant que de nombreux mineurs accèdent à TikTok en contournant les restrictions d'âge, échappant ainsi aux mesures de protection prévues. En conséquence, l'exposition prolongée à des vidéos idéalisant la souffrance peut non seulement aggraver des troubles préexistants, mais aussi conduire à des comportements à risque dans la vie réelle.
En novembre 2024, sept familles françaises ont assigné en justice le réseau social chinois TikTok devant un tribunal, à la suite du suicide de plusieurs adolescentes. Tiktok est aussi poursuivi en justice par treize États et le district de Columbia. Les procureurs l'ont accusé, le 8 octobre 2024, d'avoir conçu une application qui crée intentionnellement une dépendance et qui nuit aux enfants et adolescents, tout en faisant de fausses déclarations publiques sur son engagement en matière de sécurité.
Aussi, elle lui demande ce que le Gouvernement entend mettre en place pour protéger les enfants et les adolescents d'un accès trop simple aux réseaux sociaux (notamment avant l'âge) et des dérives algorithmiques de certains réseaux sociaux pouvant avoir un effet délétère sur les jeunes.
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Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins
En attente de réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins .
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