Question de M. HINGRAY Jean (Vosges - UC) publiée le 19/06/2025
M. Jean Hingray interroge Mme la ministre de la culture sur la valorisation du patrimoine thermal en France, dont la préservation soulève à la fois des enjeux culturels et économiques.
Riche de plus de deux millénaires d'histoire, le patrimoine thermal occupe une place singulière dans la culture française. Au-delà de leur intérêt patrimonial, les établissements thermaux jouent un rôle crucial dans l'attractivité des territoires ruraux et le dynamisme économique local. La grande majorité se situent dans de petites communes, constituant un pilier pour l'économie locale, formant un levier de dynamisation culturelle et touristique pour des territoires souvent fragiles.
Pourtant, ce réseau thermal historique est aujourd'hui menacé par des difficultés multiples. Dans les Vosges, l'emblématique station de Plombières-les-Bains, forte de 2 000 ans d'histoire et prisée par Napoléon III, a vu sa société gérante être placée en liquidation judiciaire en janvier 2025. La station se retrouve donc sans repreneur, malgré la mobilisation des élus pour éviter sa disparition.
Plombières-les-Bains n'est pas un cas isolé. De nombreuses stations thermales, parfois centenaires, ferment les unes après les autres, fragilisées par la baisse de fréquentation, la vétusté des équipements ou l'absence de stratégie de reconversion culturelle. Chaque fermeture emporte avec elle une part de patrimoine, un savoir-faire, réduisant le thermalisme français, qu'a environ quatre-vingts de stations actives. En même temps, le patrimoine bâti - souvent protégé mais coûteux à entretenir - se dégrade faute de projet de reprise viable. Ceci interroge sur la stratégie à adopter pour endiguer ce déclin. Il paraît donc nécessaire d'élaborer une politique nationale ambitieuse de sauvegarde du patrimoine thermal, à la hauteur de son importance culturelle, historique et économique.
À ce titre, il souhaite savoir quelles mesures concrètes le Gouvernement envisage de prendre pour préserver durablement ce patrimoine unique, et éviter que des sites aussi emblématiques ne connaissent un sort irréversible, au détriment de la culture et de la vitalité de nos territoires.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 24/07/2025
La France possède un riche patrimoine thermal, qui contribue grandement à l'attractivité et à la vitalité de ses territoires. Ce patrimoine est parfois une composante de villes d'eaux importantes, comme Vichy, intégrée à un réseau européen labellisé par l'UNESCO. Mais il se trouve le plus souvent dans des localités modestes aux ressources financières limitées. Les difficultés économiques que rencontre le secteur thermal contribuent à fragiliser des héritages parfois millénaires, souvent constitués de petites stations des XIXe et XXe siècles. La sauvegarde et la valorisation de ce patrimoine sont de ce fait une préoccupation du ministère de la culture qui a engagé, au cours des dernières décennies, des campagnes de protection au titre des monuments historiques portant sur des éléments du patrimoine thermal, architectural et mobilier. À ce jour, plus d'une centaine d'édifices et d'ensembles thermaux sont inscrits ou classés, dont une douzaine à Plombières-les-Bains, parmi lesquels l'hôtel Sainte-Barbe en 2024. Sur les crédits du programme 175, le ministère de la culture, à travers les directions régionales des affaires culturelles, soutient les travaux d'entretien et de restauration de ce patrimoine. Cette politique de l'État ne saurait être dissociée de l'action conduite par les collectivités territoriales en matière patrimoniale. Depuis la loi relative aux libertés et responsabilités locales de 2004, les régions disposent de la compétence de l'Inventaire général du patrimoine culturel et peuvent, à ce titre, mener des opérations visant à mieux connaître et valoriser le patrimoine, le ministère de la culture assurant un contrôle scientifique et technique sur ces programmes. Actuellement, le patrimoine du thermalisme est abordé dans le cadre de plusieurs opérations d'inventaire, principalement en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. La volonté de valorisation du patrimoine thermal donne lieu à des publications de référence sur le sujet, notamment dans la collection nationale des Cahiers du patrimoine : la Région Bourgogne-Franche-Comté vient ainsi de faire paraître un ouvrage de synthèse à l'échelle régionale sur le thermalisme et la villégiature. Un volume est par ailleurs en cours d'écriture sur le patrimoine du thermalisme du massif pyrénéen en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, permettant un partage des connaissances avec le plus grand nombre. Monsieur Jean-Yves Gouttebel, coordinateur interministériel des plans Thermalisme et Avenir Montagne, et auteur en 2023 d'un rapport sur l'avenir du thermalisme français, recommandait une mobilisation accrue des acteurs institutionnels, des élus et professionnels, ainsi que du monde associatif pour une action coordonnée en matière de valorisation du patrimoine thermal. Dans cet esprit, la Fondation du patrimoine et la mission Patrimoine en péril peuvent apporter un soutien financier à des porteurs de projets pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine non protégé. La halle Eiffel du domaine de la source Salmière à Miers (Lot) ou la restauration de l'orangerie du château de Thézan (Vaucluse), ancien lieu de détente d'un établissement thermal du XIXe siècle, en sont des exemples récents. Un soutien à des initiatives locales peut aussi être apporté dans le cadre d'un groupement d'intérêt public à vocation interministérielle visant à appuyer le développement des stratégies et plans conduits par l'État. Dans une démarche collaborative et prospective, le programme « Pour une nouvelle vie du patrimoine thermal de la station d'Eaux-Bonnes » (Pyrénées-Atlantiques), inséré dans la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines (POPSU Territoires), cherche à enclencher un processus de résilience pour la station, prenant appui sur ses ressources patrimoniales.
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