Question de Mme GUIDEZ Jocelyne (Essonne - UC) publiée le 05/06/2025
Mme Jocelyne Guidez attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la réingénierie de la profession de psychomotricien. Engagée depuis 2008 dans le cadre de la réforme européenne LMD (Licence-Master-Doctorat), la réingénierie des formations paramédicales vise à adapter les contenus pédagogiques et les champs d'intervention des professions de santé à l'évolution des pratiques et aux besoins du système de soins. Alors que toutes les autres professions de rééducation ont terminé leur réingénierie, voire une deuxième mouture de celle-ci, celle des psychomotriciens est interrompue depuis 2011, alors même que leur rôle ne cesse de croître dans les politiques publiques de santé, notamment en matière de prévention, d'accompagnement du développement de l'enfant, de santé mentale ou encore de soutien aux personnes âgées. Le format actuel de la formation, limité à trois années d'études, ne permet plus de répondre aux exigences croissantes du métier, tant en termes de contenus pédagogiques que de maîtrise des compétences attendues sur le terrain, notamment pour ce qui relève du niveau de responsabilité et d'autonomie attendue. Les psychomotriciens interviennent pourtant de manière déterminante dans de nombreux dispositifs d'intérêt public, notamment dans le cadre de l'accompagnement des troubles du neurodéveloppement, des maladies neurodégénératives ou de la santé mentale, et ce à tous les âges de la vie. L'évolution vers une formation de cinq ans, reconnue au grade de master, permettrait non seulement d'adapter le cursus aux réalités actuelles de la profession, mais aussi de renforcer la qualité et la continuité des parcours de soin, tout en renforçant sa structuration académique, notamment par le développement de la recherche, enjeu central pour l'évolution des pratiques de soin, l'évaluation des interventions, et le développement des pratiques basées sur les preuves. Elle souhaite savoir quand le Gouvernement va proposer cette reprise des travaux de réingénierie du diplôme d'État de psychomotricien, et pour quel horizon de mise en oeuvre. C'est aujourd'hui crucial pour faire évoluer la formation initiale vers un cursus mieux adapté aux exigences actuelles de la profession, et de pouvoir ainsi répondre pleinement aux enjeux de santé au sein desquels les psychomotriciens ont un rôle essentiel à jouer.
- page 2874
Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de l'autonomie et du handicap publiée le 25/06/2025
Réponse apportée en séance publique le 24/06/2025
Mme la présidente. La parole est à Mme Jocelyne Guidez, auteure de la question n° 595, adressée à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins.
Mme Jocelyne Guidez. La réingénierie des formations paramédicales, engagée en 2008, vise à adapter les contenus pédagogiques et les champs d'intervention des professions de santé à l'évolution des pratiques et aux besoins du système de soins. Alors que toutes les autres professions de rééducation ont terminé leur réingénierie, celle des psychomotriciens est interrompue depuis 2011.
Pourtant, le rôle de ces professionnels ne cesse de croître dans les politiques publiques de santé, en matière de prévention, d'accompagnement du développement de l'enfant, de santé mentale ou encore de soutien aux personnes âgées. Les psychomotriciens interviennent notamment de manière déterminante dans le repérage et l'accompagnement des troubles du neurodéveloppement.
La formation limitée à trois ans n'est plus en adéquation avec les exigences du métier. Elle ne permet ni une acquisition suffisante des contenus pédagogiques ni la maîtrise des compétences attendues sur le terrain en matière de responsabilité et d'autonomie professionnelle.
L'évolution vers une formation de cinq ans, reconnue au grade de master, permettrait d'adapter le cursus aux réalités actuelles de la profession. Elle permettrait également de renforcer la qualité et la continuité des parcours de soins, ainsi que la structuration académique du métier, en développant la recherche et les pratiques fondées sur les preuves.
Le Gouvernement entend-il proposer une reprise des travaux de réingénierie du diplôme d'État de psychomotricien ? Si oui, pour quel horizon de mise en oeuvre ?
Cette montée en compétences de la profession ne pourrait-elle pas être également l'occasion d'ouvrir l'expérimentation de l'accès direct aux psychomotriciens ? Actuellement, l'adressage vers le psychomotricien libéral se fait essentiellement à partir des autres professionnels paramédicaux, les enseignants et les familles elles-mêmes, et assez peu à partir d'une consultation médicale.
Madame la ministre, vous représentez ce matin Yannick Neuder, qui défendait au mois de janvier 2023 un amendement visant à soutenir l'accès direct. J'imagine donc que vous m'apporterez une réponse favorable sur ce dernier point.
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l'autonomie et du handicap. Madame la sénatrice Jocelyne Guidez, vous appelez mon attention sur la réingénierie de la formation des psychomotriciens.
La place des psychomotriciens dans l'accompagnement de la population n'est plus à démontrer, la formation de ces professionnels de santé fait d'ailleurs partie des priorités de la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement. J'en profite pour saluer votre propre engagement sur ces questions.
La réingénierie de la formation fait partie de nos priorités et c'est pourquoi mes services démarreront les groupes de travail avant la fin de l'année.
Les questions relatives à la durée de la formation et à l'obtention d'un grade pourront être discutées à l'occasion de ces travaux, dans un souci de cohérence avec les compétences de l'ensemble des professionnels, en lien avec le ministère de l'enseignement supérieur.
Il faut être vigilant sur les effets de bord de l'allongement des durées de formation. En effet, cela implique des années blanches sans diplomation de nouveaux étudiants, ce qui augmente les tensions dans le système de santé.
Par ailleurs, il est nécessaire d'interroger l'impact de ce type d'évolution sur l'attractivité de la formation : un allongement de formation systématique peut également avoir des effets de bord défavorables.
Pour répondre à vos interrogations sur l'accès direct, M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins est, de manière générale, très « allant » sur ces questions, tout comme moi-même. Un travail de fond devrait être mené sur les référentiels d'activité et de compétences pour assurer une réingénierie de formation en adéquation avec les besoins d'accompagnement de la population. Le ministre chargé de la santé propose que nous puissions oeuvrer de concert avec vous.
- page 6961
Page mise à jour le