Question de Mme CORBIÈRE NAMINZO Evelyne (La Réunion - CRCE-K) publiée le 03/07/2025
Question posée en séance publique le 02/07/2025
Mme la présidente. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Ma question s'adresse à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Madame la ministre, alors que 1 300 écoles sont fermées pour cause de fortes chaleurs et que les canicules sont vouées à s'allonger, le bâti scolaire demeure inadapté au réchauffement climatique. Cette réalité concerne non seulement l'Hexagone, mais aussi l'ensemble du territoire : en outre-mer, les chaleurs sont parfois extrêmes toute l'année et ont un impact sur la réussite des élèves.
En 2023, Emmanuel Macron a lancé un plan de rénovation des écoles, en promettant d'en rénover 40 000. Les communes pensaient alors pouvoir s'appuyer sur le fonds vert pour financer leurs projets et contribuer à la transition écologique. Mais, en 2025, le Gouvernement a réduit de moitié le budget du fonds vert, qui est passé de 2,5 milliards d'euros à 1,15 milliard d'euros.
Cette baisse irresponsable porte un coup fatal à la rénovation des écoles. Entre 2023 et 2024, ce fonds avait financé la rénovation de plus de 2 000 établissements, contre seulement 65 en 2025.
Les élus locaux se heurtent à cette promesse non tenue. Les inégalités territoriales se creusent entre les collectivités qui ont les moyens de rénover leurs écoles et les autres.
Je rappelle que les territoires où les élèves sont exposés à de fortes chaleurs en classe sont souvent ceux où les taux de pauvreté sont les plus élevés, par exemple à La Réunion. En Seine-Saint-Denis, 100 % des écoles maternelles seront exposées à des chaleurs supérieures à 35 degrés d'ici à 2030. Est-ce ainsi que l'on prépare l'avenir de notre jeunesse ?
Alors que les plus riches sont ceux qui polluent le plus, les ménages les plus modestes sont toujours en première ligne face aux conséquences du dérèglement climatique. Quand les inégalités sociales et territoriales se cumulent, l'État doit plus que jamais être présent pour combattre le changement climatique en menant une politique bien plus ambitieuse et, surtout, financée.
Pour l'heure, les personnels des écoles doivent se débrouiller seuls. Certains maires ont même dû fermer les établissements de leur commune.
Les syndicats d'enseignants déplorent l'absence de réflexion sur les effets de la canicule sur l'enseignement.
Madame la ministre, prendrez-vous des mesures urgentes et concrètes ? Lancerez-vous un grand plan de rénovation thermique des établissements scolaires dans toute la France ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K, ainsi que sur des travées des groupes GEST et SER.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 03/07/2025
Réponse apportée en séance publique le 02/07/2025
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Evelyne Corbière Naminzo, vous avez raison, face à la canicule que nous traversons - et, comme vous l'avez souligné, nous savons que ce genre d'épisodes va se multiplier -, nous devons être particulièrement attentifs aux conditions d'accueil de nos élèves et de nos personnels.
J'ai eu l'occasion, le week-end dernier, de rappeler aux recteurs les consignes à appliquer pour accueillir les élèves et organiser les examens. J'ai également insisté sur l'attention qu'il convenait de porter aux élèves et aux personnels les plus fragiles.
Des mesures adaptées ont été prises territoire par territoire, en lien avec les collectivités et les préfets, en associant, dans un dialogue de proximité, les organisations syndicales.
Hier, au plus fort de l'épisode de chaleur, un peu plus de 2 200 écoles sur les 45 000 que compte notre pays ont été fermées. Dans chaque situation, nous avons veillé à assurer un moyen d'accueil aux parents qui ne pouvaient pas garder leur enfant.
Toutefois, vous avez raison lorsque vous dites que cet épisode nous rappelle la nécessité d'adapter nos écoles et nos établissements scolaires au dérèglement climatique. Vous le savez, leur rénovation énergétique et, plus généralement, la gestion de leur bâti mobilise l'ensemble des collectivités : les communes pour les écoles, les départements pour les collèges et les régions pour les lycées.
Pour accélérer cette dynamique, nous avions en effet consacré dès 2023 une enveloppe du fonds vert à la rénovation du bâti scolaire. En complément - c'est important -, la Banque des territoires affecte 2 milliards d'euros au financement des contrats de performance énergétique des collectivités.
Par ailleurs, nous avons facilité le recours à ce type de contrats. C'était l'objet d'un texte de loi qui a été présenté au début de ce quinquennat.
L'État et la Banque des territoires ont d'ores et déjà engagé 1 milliard d'euros pour la rénovation du bâti scolaire sur tout le territoire. L'objectif a été clairement annoncé par le Président de la République : rénover 40 000 écoles en dix ans.
Vous le voyez, madame la sénatrice, nous continuons d'avancer, aux côtés des collectivités, pour proposer à nos élèves des écoles plus adaptées et plus durables. (M. François Patriat et Mme Patricia Schillinger applaudissent.)
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