Question de M. CHANTREL Yan (Français établis hors de France - SER) publiée le 10/07/2025

Question posée en séance publique le 09/07/2025

M. le président. La parole est à M. Yan Chantrel, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Yan Chantrel. Monsieur le Premier ministre, Paris accueille, à partir d'aujourd'hui, la cinquantième session de l'Assemblée parlementaire de la francophonie ; je souhaite à cette occasion en saluer les délégations, qui sont réunies aujourd'hui même au Sénat pour leurs travaux.

La France préside la francophonie institutionnelle jusqu'en 2026 ; elle doit être à la hauteur de cette tâche.

Or nous avons appris que le Gouvernement s'apprête à réduire de 75 % la contribution financière de la France à l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) dès l'exercice budgétaire en cours.

Cette coupe brutale menace l'existence même de cette agence. C'est d'autant plus incompréhensible que, lors du sommet de la francophonie de Villers-Cotterêts, l'AUF a été chargée de mener à bien plusieurs projets phares, notamment le programme international de mobilité et d'employabilité francophone (Pimef), Erasmus francophone dont le pilote devait être lancé à la rentrée 2025.

Le signal de désengagement ainsi envoyé par la France à ses partenaires est dévastateur. Au moment où nous devrions renforcer nos liens avec les pays francophones, vous mettez à mal le travail diplomatique et d'aide au développement mené par l'AUF.

Contrairement à l'État, l'Agence a en effet pu maintenir une présence dans les pays du Sahel et continuer d'y promouvoir les valeurs de la francophonie tout en favorisant l'employabilité des jeunes, l'entrepreneuriat ou encore la réduction de la fracture numérique. Ce travail est essentiel si nous voulons lutter contre l'influence des puissances déstabilisatrices auprès de la jeunesse francophone d'Afrique et d'ailleurs.

Avec quarante-six autres parlementaires de toutes les sensibilités, tant au Sénat qu'à l'Assemblée nationale, j'ai signé un courrier adressé au Président de la République sur ce sujet. Nous vous demandons également, monsieur le Premier ministre, de revenir aujourd'hui même sur cette décision incompréhensible. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux publiée le 10/07/2025

Réponse apportée en séance publique le 09/07/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux.

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux. Monsieur le sénateur Yan Chantrel, je tiens à préciser que, malgré les circonstances budgétaires actuelles, la France tient son rang et demeure le premier bailleur de la francophonie multilatérale. Pour 2025, près de 35 millions d'euros sont mobilisés au service de la francophonie.

M. Mickaël Vallet. C'est statutaire !

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué. Notre objectif est clair : faire rayonner la langue française et le plurilinguisme et promouvoir un espace d'opportunités.

Vous le savez, les crédits de la mission « Aide publique au développement » ont subi, cette année, une baisse totale d'environ 40 %. En son sein, les crédits multilatéraux, dont ceux de la francophonie institutionnelle, ont diminué d'environ 50 %. Dans la mesure où ces crédits incluent notre contribution à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui, de par sa nature statutaire, ne peut pas être ajustée, notre soutien aux opérateurs de la francophonie, dont l'AUF, a dû baisser d'environ 70 %, comme vous l'avez rappelé.

Nous avions tout de même mobilisé l'année dernière un peu plus de 12 millions d'euros pour contribuer aux seize engagements pris par le président de la République lors du sommet de Villers-Cotterêts. Ces fonds sont engagés pour la période 2024-2026 ; une grande partie d'entre eux bénéficie à des projets mis en oeuvre par l'AUF, comme la troisième phase du dispositif Apprendre, le programme Pimef que vous avez mentionné, ou encore le Collège international de Villers-Cotterêts, que nous devrions inaugurer en septembre prochain.

Nous travaillons étroitement avec le recteur de l'AUF pour diversifier les ressources de celle-ci et rendre l'organisation plus solide à terme.

Concernant notre subvention à l'AUF pour 2025, Jean-Noël Barrot et moi-même travaillons actuellement à identifier des solutions pérennes. Il conviendra d'examiner au cas par cas comment amortir sur 2026 cette contrainte budgétaire, qui porte sur des enjeux essentiels pour le rayonnement de la France, qui nous tient tous à coeur.

M. Mickaël Vallet. Quelle honte !

M. le président. La parole est à M. Yan Chantrel, pour la réplique.

M. Yan Chantrel. Monsieur le Premier ministre, ce dossier va bientôt être sur votre bureau ; je m'adresse donc directement à vous pour que vous reveniez sur cette coupe, qui entraîne un affaiblissement de notre pays à l'échelle internationale. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)

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