Question de M. MÉRILLOU Serge (Dordogne - SER) publiée le 18/09/2025

M. Serge Mérillou appelle l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie sur l'avenir préoccupant des Papeteries de Condat, situées au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne. Ce site, qui comptait 2000 salariés dans les années 1990, est le principal employeur privé du bassin de vie. 202 emplois sont aujourd'hui gravement menacés.
Malgré d'importants investissements récents (modernisation de la machine PM8 pour environ 100 millions d'euros, dont 19 millions de prêt régional, et mise en service d'une chaudière de combustible solide de récupération en 2024 pour près de 50 millions d'euros dont 14 millions de subventions publiques de la part de l'Ademe), le groupe espagnol Lecta, propriétaire du site, n'a pas su mettre en place une stratégie industrielle et commerciale cohérente permettant de valoriser les nombreux atouts du site, notamment le savoir-faire historique des équipes. Les syndicats, les salariés et les élus locaux alertent désormais sur une liquidation brutale qui condamnerait l'usine, ses sous-traitants et l'économie locale. La papeterie Condat perd en effet 2 millions d'euros par mois, et le groupe Lecta accuse aujourd'hui une dette de 602 millions d'euros, dont 84 millions pour Condat.
La fermeture en 2023 de la ligne de papier couché, utilisé par les grandes maisons d'édition et désormais importé d'Espagne ou d'Italie, a déjà entraîné la suppression de 187 emplois. L'arrêt partiel d'activité, le manque de trésorerie et l'absence de projet de reprise sérieux font désormais peser une menace directe sur la production de papier glassine, pourtant compétitive et porteuse de débouchés, notamment dans le secteur alimentaire.
Le 3 juillet 2025, le président de l'entreprise a été démis de ses fonctions. Le 15 juillet, le siège des papeteries, historiquement situé en région parisienne, a été rapatrié en Dordogne, sans doute pour obtenir un délai de liquidation plus rapide qu'en Île-de-France de la part du tribunal de commerce. Sur place, il n'y a plus de commerciaux pour vendre les derniers papiers produits par le site tandis que les salaires n'ont été garantis que jusqu'à la fin de l'année. Les conséquences sociales et économiques seraient dévastatrices pour le territoire : perte d'environ 2000 emplois directs et indirects, fragilisation du tissu de sous-traitance, affaiblissement considérable de l'attractivité du bassin de vie du Lardin-Saint-Lazare.
Tout comme les salariés et élus locaux, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, M. Alain Rousset, a publiquement exprimé sa préoccupation constatant que les remboursements dus à la Région sont à l'arrêt depuis avril 2025. Il a indiqué avoir engagé une procédure d'injonction à payer, tout en appelant à la recherche active d'un repreneur afin d'éviter l'abandon d'un site industriel financé en partie par des fonds publics.
Dans ce contexte, il demande au Gouvernement d'engager dans les plus brefs délais une médiation active auprès du groupe Lecta afin d'obtenir l'officialisation et l'encadrement de la mise en vente du site de Condat, condition indispensable pour permettre l'émergence de repreneurs industriels crédibles. Il lui demande par ailleurs de mandater une enquête administrative sur les conditions de gouvernance et de gestion du groupe, et notamment l'utilisation des financements publics reçus au cours des dernières années comme des obligations financières en suspens. Cette enquête administrative devra être lancée dans les plus brefs délais et prévoir les éventuelles suites administratives ou judiciaires face à d'éventuels manquements de la direction de Lecta.

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En attente de réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie.

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