Question de Mme GUHL Antoinette (Paris - GEST) publiée le 18/09/2025

Mme Antoinette Guhl attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique au sujet des conséquences préoccupantes du changement climatique et de l'érosion de la biodiversité sur les finances publiques de notre pays.
En effet, les aléas climatiques ont déjà engendré, entre 1980 et 2020, des pertes économiques estimées à environ 100 milliards d'euros, supportées notamment par les collectivités et l'assurance publique, comme l'indique le rapport du ministère de l'économie « Mieux assurer les Français face aux conséquences du dérèglement climatique ».
Selon de nombreuses sources, les conséquences économiques du changement climatique vont peser fortement sur la santé économique de notre pays.
Selon les travaux de l'économiste Sonia Paty, et en l'absence de mesures adaptées, la France pourrait perdre entre 1 % et 10 % de son produit intérieur brut (PIB) d'ici 2050 dans un scénario de réchauffement de +2 °C, soit plusieurs dizaines de milliards d'euros par an.
Selon le Haut Conseil pour le climat ainsi que selon la Cour des comptes, l'insuffisance des chiffrages budgétaires consacrés à l'adaptation est flagrante alors même que les besoins annuels sont évalués à 2,3 milliards d'euros dès aujourd'hui, comme l'a souligné cette dernière dans son rapport publié en mars 2024.
Toujours selon la Cour des comptes, l'impact direct du changement climatique pourrait accroître le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) de 7,5 points d'ici 2030, du fait de la hausse des déficits publics liée aux dépenses d'adaptation, à la baisse des recettes fiscales et à une croissance affaiblie.
Selon l'institut Fipeco, les dépenses publiques nécessaires à la transition écologique pourraient atteindre 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2030, avec un effet sur la dette estimé à 10 points de PIB.
Enfin, l'érosion de la biodiversité accentue encore ces enjeux : le ministère de l'agriculture évalue à 2 milliards d'euros par an les surcoûts pour le secteur agricole à l'horizon 2050, en lien avec l'adaptation aux aléas climatiques et à la gestion de l'eau. De plus, selon une synthèse de Vie publique, ce phénomène entraîne une fragilisation croissante des écosystèmes, avec des répercussions économiques et sociales sur les infrastructures, la santé publique et les assurances.
Ces écosystèmes rendent des services essentiels, dits services écosystémiques, tels que la régulation du climat, la pollinisation, la qualité de l'eau ou encore la protection contre les inondations. Leur dégradation progressive accroît la vulnérabilité de nos territoires et augmente les coûts à la charge des finances publiques, du fait de la nécessité de compenser artificiellement ces fonctions naturelles.
Dans ce contexte, elle souhaite connaître les estimations précises dont dispose aujourd'hui le Gouvernement concernant le risque de dégradation des finances publiques lié à l'impact combiné du changement climatique et de l'érosion de la biodiversité et elle souhaite savoir quelles mesures budgétaires, fiscales et structurelles sont envisagées pour financer les besoins d'adaptation et anticiper ce que le Haut Conseil pour le climat qualifié de bombe financière dans ses travaux sur le coût de l'inaction.

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En attente de réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

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