Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 23/10/2025

Question posée en séance publique le 22/10/2025

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Lors du discours de politique générale du Premier ministre, nous nous attendions à entendre les priorités du Gouvernement et nous espérions légitimement qu'elles correspondraient, au moins partiellement, à celles qui sont exprimées largement par les Français.

Parmi ces priorités qui vous concernent directement, monsieur le ministre - je dirai même parmi ces urgences -, figurent l'immigration, la sécurité et l'entrisme islamiste.

Mme Silvana Silvani. Tiens donc !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Rien de tout cela ne figurait dans la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Depuis une semaine, les propos que vous tenez sur les différentes chaînes d'information ne sont pas faits pour rassurer les Français, dont 79 % estiment que la politique migratoire de la France n'est pas assez sévère et devrait être durcie.

Ce matin, vous avez enfin admis que plus de 700 000 personnes étaient en situation irrégulière sur notre territoire.

Pendant près d'un an, votre prédécesseur Bruno Retailleau avait pourtant défini une ligne claire en matière de lutte contre l'immigration illégale (M. Xavier Iacovelli s'exclame.), afin de protéger notre pays de flux migratoires que, certes, l'Europe ne maîtrise plus, mais que la France maîtrise encore moins.

Employer les bons mots est un préalable indispensable ; c'est un devoir pour tout homme politique qui veut être entendu et respecté. Il est trop facile de se réfugier et de masquer la dure réalité sous le prétexte de ne pas nourrir de polémiques.

Monsieur le ministre, face au flou qui entoure votre feuille de route tout comme vos intentions, permettez-moi de vous poser deux questions simples.

Remettrez-vous en cause les circulaires, décrets et arrêtés pris par votre prédécesseur, qui a fait davantage en un an que ses propres prédécesseurs, en prenant à bras-le-corps ces sujets, sans avoir peur de déplaire, sans avoir peur de bousculer, avec un seul objectif : protéger les Français et protéger la France ? (Exclamations ironiques sur des travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

Comptez-vous poursuivre la politique de fermeté pratiquée en matière d'obligations de quitter le territoire français (OQTF), pas uniquement pour les délinquants, mais également pour toutes celles et tous ceux qui sont entrés illégalement sur notre territoire en forçant nos frontières et que la France ne peut ni accueillir ni assimiler ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Un sénateur du groupe Les Républicains. Bravo !

Une voix à gauche. Quelle honte !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 23/10/2025

Réponse apportée en séance publique le 22/10/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Laurent Nunez, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Eustache-Brinio, nous nous connaissons depuis longtemps. Vous n'avez au fond de vous-même, j'en suis convaincu, aucun doute sur l'homme de fermeté et d'autorité que je suis.

Je poursuivrai bien évidemment, sur tous les points que vous avez cités, la politique de fermeté qui a été menée par Bruno Retailleau, et avant lui par Gérard Darmanin.

Je n'ai d'ailleurs jamais dit le contraire dans les interviews que j'ai pu donner depuis ma nomination. Oui, nous poursuivrons la lutte contre les filières d'immigration illégale. Oui, nous continuerons de démanteler des filières. Sans vouloir leur faire injure, j'espère bien en démanteler encore plus que mes prédécesseurs.

Oui, nous continuerons de reconduire par la force à la frontière les étrangers en situation irrégulière et je respecterai le plan CRA, qui vise à atteindre 3 000 places en centres de rétention administrative.

Je continuerai de mener cette politique en visant de manière prioritaire les personnes retenues qui sont les plus dangereuses et qui causent des troubles à l'ordre public, ainsi que l'avait demandé Gérald Darmanin en août 2022 (Mme Marie-Arlette Carlotti s'exclame.)

Oui, j'appliquerai la loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, proposée par Gérald Darmanin (Murmures amusés sur des travées du groupe Les Républicains.), qui permet de retirer des titres de séjour à des étrangers en situation régulière causant des troubles à l'ordre public.

Que les choses soient claires : je ne remettrai en cause aucune des mesures, circulaires ou décrets qui ont été pris par le ministre Bruno Retailleau.

Madame la sénatrice, vous me reprochez ensuite certains propos que j'ai pu tenir. Pardonnez-moi, mais chacun se construit avec son histoire personnelle.

Pour ma part, j'ai grandi dans les quartiers nord de Bourges, dans le quartier de la Chancellerie et dans celui des Gibjoncs. Je n'y ai connu que la diversité, que des gens qui respectaient les principes et les valeurs de la République. C'est mon empreinte, c'est ma marque de fabrique.

Alors oui, il y a des termes que je bannis, et je l'assume. Je préfère parler d'intégration plutôt que d'assimilation. C'est ainsi. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER, RDSE et RDPI. - Mme Vanina Paoli-Gagin applaudit également.) En quoi cela nuirait-il à ma fermeté et à mon autorité ? Madame la sénatrice, au fond de vous-même, vous connaissez parfaitement la réponse. Ces dix-huit dernières années sont un peu l'histoire de ma vie.

Je resterai donc aussi ferme que l'ont été mes prédécesseurs, mais je conduirai aussi, comme me l'a demandé M. le Premier ministre, une politique d'humanité. L'intégration sera un pan important de ma politique. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, RDSE et UC, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

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