Question de M. GONTARD Guillaume (Isère - GEST) publiée le 30/10/2025

M. Guillaume Gontard appelle l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique sur la cession de la filiale Engie Home Services par le groupe Engie, prévue au premier semestre 2026.

Cette entité joue en effet un rôle fondamental dans l'entretien et l'installation des systèmes de chauffage et de climatisation de près de 11 millions de foyers français, à travers un réseau de proximité de plus de 170 agences, employant plus de 4 500 salariés en France, auxquels s'ajoutent 430 travailleurs en Belgique et en Italie. Au total, environ six millions d'interventions sont réalisées chaque année, non seulement pour entretenir le parc existant de chaudières, pompes à chaleur, adoucisseurs d'eau ou climatisation, mais aussi pour en installer de nouvelles, dans une démarche de rénovation énergétique des logements.

Outre les emplois directs, cette filiale fait vivre de nombreux partenaires, notamment les artisans chauffagistes, et travaille en lien étroit avec les bailleurs sociaux. Selon les estimations de la confédération générale du travail (CGT) Engie, chaque emploi supprimé chez Engie Home Services entraîne la suppression de trois emplois supplémentaires, portant le total de salariés affectés par cette future cession à 13 500 postes. Une telle opération est donc loin d'être anodine.

Justifiée par un prétendu recentrage stratégique, cette vente d'une filiale pourtant rentable suscite de très vives inquiétudes quant à ses conséquences sociales, industrielles et énergétiques, tant pour les salariés que pour les usagers. Elle risque en effet de fragiliser la continuité et la qualité de ce service de proximité essentiel à la sécurité et au confort énergétiques des concitoyens, dans un contexte où près de 15 millions de Français sont déjà confrontés à la précarité énergétique. Le tissu économique local serait également profondément touché, et de manière générale, c'est l'intégrité même du réseau gazier qui serait fragilisée.

Cette décision est d'autant plus préoccupante que le groupe Engie affiche des résultats financiers particulièrement solides : un chiffre d'affaires en hausse de 33 % en quatre ans (atteignant 73,8 milliards d'euros en 2024), un résultat d'exploitation ((bénéfices avant intérêts et impôts) multiplié par 2,25 (10,3 milliards d'euros) et un taux de profit désormais supérieur à 20 %. Dans le même temps, les effectifs ont été réduits de 42 % depuis 2020 et les dividendes versés aux actionnaires ont été multipliés par 2,8, pour atteindre 4,1 milliards d'euros annuels.

L'État, premier actionnaire d'Engie, avec 23,6 % du capital et environ 32 % des droits de vote, a une responsabilité majeure dans ce dossier. Pourtant, il semble pour l'heure se contenter de récolter sa part des bénéfices via l'agence des participations de l'État, en négligeant tous les enjeux stratégiques. Au vu de la rentabilité financière d'Engie Home Services et des conséquences sur l'emploi, sur le service aux usagers, y compris publics, et sur la souveraineté énergétique de la France, cette cession n'est cependant pas du tout souhaitable.

Il souhaite donc savoir quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour préserver l'emploi, le services aux usagers et la transition énergétique si cette cession a lieu. Il lui demande plus largement si le Gouvernement entend intervenir auprès du groupe Engie pour renoncer à cette vente.

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En attente de réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique.

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