Question de M. ARNAUD Jean-Michel (Hautes-Alpes - UC) publiée le 16/10/2025

M. Jean-Michel Arnaud interroge Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation sur les nouvelles modalités de recensement de la voirie communale pour le calcul de la dotation de solidarité rurale (DSR).

Jusqu'à la loi de finances pour 2025, la longueur de voirie prise en compte pour le calcul de la DSR devait correspondre à celle des voies classées dans le domaine public communal. En d'autres termes, seules les routes dont la commune était propriétaire pouvaient être déclarées. Pour que les données de voirie soient prises en compte dans le calcul de la DSR d'une année n+1, les communes devaient annuellement transmettre à la préfecture, au plus tard au 1er janvier de l'année n, toutes les délibérations relatives au classement ou au déclassement des voies communales.

L'article 178 de la loi de finances pour 2025, complété par le décret n° 2025-438 du 20 mai 2025 portant diverses mesures relatives aux dotations de l'État aux collectivités territoriales et à la péréquation des ressources fiscales, a apporté une évolution concernant le mode de calcul en effectuant un recensement basé sur la typologie de la voirie et non plus sur la domanialité de la voirie. Par ailleurs, la réforme confie à l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) la mission de produire les données de référence sur les longueurs de voirie. Il ne s'agit donc plus de déclarations communales annuelles, mais d'un recensement géographique, fondé sur les bases de données nationales de l'IGN.

Toutefois, la direction générale des collectivités locales s'appuie sur les données issues de la base de données topographiques, excluant de fait les chemins et les routes non revêtues. Alors que les territoires ruraux de montagne disposent naturellement d'un plus grand réseau de chemins et de routes non revêtues que les territoires urbains, la minoration du linéaire de voirie communale risque de diminuer le montant de dotation globale de fonctionnement (DGF) pour une part importante de communes haut-alpines.

Il demande au Gouvernement de préciser les modalités d'application du nouveau recensement de la voirie communale dans le calcul de la DSR, et in fine de la DGF, afin que les communes des Hautes-Alpes ne soient pas financièrement lésées par ces évolutions réglementaires.

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ruralité publiée le 05/11/2025

Réponse apportée en séance publique le 04/11/2025

M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Arnaud, auteur de la question n° 729, adressée à Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation.

M. Jean-Michel Arnaud. Ma question porte sur les nouvelles modalités de recensement de la voirie communale pour le calcul de la dotation de solidarité rurale (DSR).

Jusqu'alors, la longueur de la voirie prise en compte pour le calcul de la DSR correspondait à celle des voies classées dans le domaine public communal. Cette donnée était donc transmise directement par la collectivité à la préfecture.

L'article 178 de la loi de finances pour 2025 a modifié le mode de calcul : le recensement est désormais fondé sur la typologie de la voirie et non plus sur sa domanialité. L'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) se voit ainsi confier la mission de produire les données de référence relatives aux longueurs de voirie. Il s'agit donc non plus de déclarations communales aux préfectures, mais d'un recensement géographique qui repose sur des données topographiques.

Dès lors, la direction générale des collectivités locales, s'appuyant sur ces données topographiques, exclut de fait les chemins et les routes non revêtues, ainsi que le directeur de l'IGN me l'a récemment confirmé. Alors que les territoires ruraux de montagne disposent naturellement d'un plus grand réseau de chemins et de routes non revêtues que les territoires urbains, la minoration du linéaire de voirie communale a pour conséquence de diminuer la part de dotation globale de fonctionnement (DGF) qui leur est attribuée.

Dans les Hautes-Alpes, la longueur de voirie passe ainsi de 2 838 kilomètres à 2 520 kilomètres, soit une baisse de 11 % par rapport à 2024. Cette évolution a un impact significatif sur le calcul de la DSR - je pense à cet instant à la maire de la commune de Molines-en-Queyras, Valérie Garcin-Eyméoud, qui m'a alerté sur cette problématique.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire pour que ces nouvelles modalités de calcul ne se traduisent pas par la baisse de la part de dotation de solidarité rurale versée aux communes rurales, notamment aux communes de montagne ?

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Michel Fournier, ministre délégué auprès de la ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ruralité. Monsieur le sénateur, vous interrogez le Gouvernement sur la réforme des modalités de recensement de la voirie communale pour le calcul de la dotation de solidarité rurale (DSR). C'est un sujet très concret, qui touche directement au financement des communes rurales.

Depuis la loi de finances pour 2025, les données de voirie utilisées pour la répartition de la DSR proviennent non plus des délibérations communales, mais des bases de données de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN).

Cette évolution, validée par le Comité des finances locales, répond à un triple objectif : alléger le travail administratif des mairies et des préfectures, fiabiliser les données utilisées pour le calcul, garantir une égalité de traitement entre les communes.

Il en résulte, en effet, que les chemins non revêtus ne sont pas intégrés dans le nouveau mode de calcul. Ils ne l'étaient d'ailleurs pas davantage avec l'ancienne méthode ! (M. Jean-Michel Arnaud fait une moue dubitative.)

Quant à la longueur de voirie, elle n'intervient qu'à hauteur de 30 % dans le calcul des fractions « péréquation » et « cible » de la DSR. Son impact reste donc limité.

Je comprends néanmoins votre inquiétude, ainsi que celle des maires, ceux des territoires de montagne, mais, plus largement, ceux des communes caractérisées par un habitat dispersé. La voirie communale y est en effet souvent très étendue.

Les chiffres montrent toutefois que, dans votre département des Hautes-Alpes, monsieur le sénateur, la longueur de voirie recensée par l'IGN n'a baissé que de 1,9 %, tandis que, entre 2024 et 2025, 81 % des communes ont vu leur DSR augmenter en moyenne de plus de 10 %.

Monsieur le sénateur, le Gouvernement restera attentif aux effets de cette réforme sur ces territoires particuliers et saura, si nécessaire, ajuster les dispositifs en concertation avec les élus.

M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Arnaud, pour la réplique.

M. Jean-Michel Arnaud. Monsieur le ministre, je ne partage pas les analyses de la direction générale des collectivités locales (DGCL) : l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF), que j'ai sollicitée sur la question, dispose de chiffres différents.

Par ailleurs, le fait d'avoir une voirie non bitumée est, par définition, propre aux territoires de montagne, puisque cela permet d'éviter les problèmes de gel et de dégel.

Aussi, je vous invite, notamment au nom de l'Association nationale des élus de la montagne (Anem), à vérifier les chiffres que j'avance et, évidemment, à rechercher des solutions moins pénalisantes pour les communes de montagne, qui connaissent des difficultés financières liées au climat, en particulier en hiver et au printemps.

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