Question de M. RUELLE Jean-Luc (Français établis hors de France - Les Républicains-R) publiée le 06/11/2025

M. Jean-Luc Ruelle attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la dégradation rapide de la situation au Mali.
Le 28 octobre 2025, l'ambassade des États-Unis à Bamako a exhorté ses ressortissants à « quitter immédiatement le pays », évoquant la pénurie de carburant, la fermeture des établissements scolaires et la proximité de combats aux abords de la capitale. Cette alerte illustre la dégradation simultanée de la situation sécuritaire, économique et politique du pays.
Depuis plusieurs mois, le Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) affilié à Al-Qaïda, a renforcé son emprise sur le centre du Mali et progresse désormais vers le sud. En coupant les routes commerciales et en bloquant l'approvisionnement en denrées et en carburant, il impose une stratégie d'asphyxie progressive de la capitale. Sans être militairement assiégée, Bamako subit aujourd'hui un isolement logistique qui paralyse l'économie nationale et alimente un mécontentement social croissant. Les forces armées maliennes, malgré plusieurs opérations appuyées par les forces russes, peinent à dégager durablement les axes stratégiques. Chaque reprise d'initiative est suivie d'un repli, laissant les zones rurales et les corridors commerciaux sous le contrôle des katibas djihadistes. Parallèlement, les groupes armés du nord cherchent à se réorganiser dans le vide laissé par l'État, accentuant la fragmentation territoriale du pays. Cette évolution alimente la crainte d'un effondrement institutionnel ou d'une partition de facto du territoire malien. Une telle issue aurait des conséquences régionales majeures : déstabilisation du Niger et du Burkina Faso, intensification des trafics et renforcement des réseaux djihadistes transfrontaliers. Elle représenterait également une menace croissante pour les États côtiers du golfe de Guinée, déjà fragilisés par la porosité de leurs frontières et l'infiltration progressive de groupes armés dans le nord du Bénin, du Togo et de la Côte d'Ivoire. Enfin, l'aggravation de la crise politique et humanitaire malienne risque d'entraîner de nouveaux flux migratoires vers l'Europe, accentuant la pression sur les routes sahariennes et méditerranéennes.
Dans ce contexte, il interroge le Gouvernement sur les mesures prises par la France, en coordination avec ses partenaires européens et régionaux, pour prévenir un tel scénario, soutenir la stabilité du Sahel et protéger les populations civiles. Il souhaiterait connaître l'évaluation actuelle du ministère sur la situation sécuritaire et humanitaire au Mali et les initiatives diplomatiques ou opérationnelles engagées avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'Union africaine pour contenir l'extension du conflit vers le sud ainsi que les dispositifs de coordination et d'évacuation envisagés pour les ressortissants français et européens en cas de dégradation supplémentaire de la situation à Bamako.

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En attente de réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères.

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